Pourquoi sommes-nous la seule espèce animale à développer de la poitrine ? On compte 6500 espèces de mammifères, 6500 espèces donc qui allaitent leur petits à l’aide de mamelles, mais seulement une seule espèce voit sa poitrine se développer indépendamment d’une grossesse, et donc indépendamment d’une période d’allaitement. Oui car contrairement à la poitrine de la femme, qui se développe lors de la puberté et ne disparait jamais, les poitrines des femelles des 6499 autres espèces ne gonflent que lors de l’allaitement, et retourne ensuite à leur taille de départ, quasi inexistante. Pourquoi ? Et bien comme toujours je me suis plongé dans la littérature scientifique pour vous et je vais répondre à plusieurs questions dans cet article :
Il y a quelques années, après l’un de mes cours de zoologie à l’Université, l’une de mes étudiantes vient me voir et me demande pourquoi les humains, et les femmes en particulier, sont les seules à avoir de la poitrine à la puberté et à la garder à vie. A l’époque je n’étais pas sûr de la réponse, je lui ai donc dit que j’allais me renseigner. Ce que j’ai fait. Je m’étais alors plongé dans la littérature scientifique et je m’étais d’abord aperçu d’un truc : il y a des tonnes de chercheurs et chercheuses qui se sont penchés sur la question de la poitrine ! Chez les humains bien sûr, mais aussi chez les autres animaux ! Certains d’entre eux publient d’ailleurs depuis des années sur ce thème, et y ont consacré toute leur carrière scientifique. A l’époque déjà, je me suis rendu compte qu’on était loin d’avoir les réponses à cette question. J’ai donc répondu à cette étudiante qu’« on ne sait pas très bien pourquoi ». Alors lorsque j’ai voulu préparer cet article, je suis retourné voir si de nouvelles découvertes avaient été faites, et si je pouvais enfin apporter quelques éléments de réponses. On pourrait déjà rappeler que la poitrine, c’est un truc de mammifères. Comme les chiens, les lièvres, les éléphants ou les baleines, les humains font partie des quelques 6500 espèces de mammifères, des animaux qui ont notamment comme particularité d’allaiter leurs petits. Quelques chose que ne font donc pas les reptiles, les insectes, les oiseaux, les vers ou les amphibiens. Même si pour les amphibiens, j’ai justement publié cette découverte qui date de début 2024 et qui montrent qu’un amphibien allaite ses petits, mais ce n’est pas tout à fait la même chose comme allaitement. A part quelques exceptions, toutes les femelles mammifères disposent de mamelles pour allaiter. D’ailleurs mammifères, signifie « qui porte des mamelles », du latin mamma qui veut dire … « mamelle ». C’est sans doute de la que vient aussi le mot maman. Et c’est à Linné, que l’on doit cette appellation de mammifères. Les mammifères allaitent donc leurs petits à l’aide d’un lait sécrété par des glandes que l’on ne retrouve que chez les femelles de cette classe d’animaux. Mais une différence majeure apparait lorsque l’on compare les mamelles des femmes qu’on appelle donc des seins, et les mamelles des femelles des autres mammifères. Chez les 6500 espèces de mammifères, la poitrine ne se développe que durant la période de lactation. C’est pourquoi les mamelles des femelles d’éléphants, de singes ou encore de pangolins ne sont pas proéminentes. Une femelle n’ayant jamais eu de petits n’a tout simplement pas de mamelles développées. Alors que chez l’humain, la poitrine de la femme se développe indépendamment de la lactation, au cours de la puberté, en accumulant de la graisse. Et la taille et la forme est à peu près stable au cours de la vie. Alors ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit : évidemment la poitrine gonfle aussi durant la grossesse humaine et la lactation, mais c’est une période passagère, comme pour les autres mammifères. On compare souvent à raison l’humain avec les autres primates, et particulièrement les chimpanzés et les bonobos avec lesquels nous partageons une longue histoire évolutive. Les femelles des bonobos ont des mamelles qui gonflent en période de réceptivité. Les spécialistes estiment que ces mamelles gonflées informent visuellement les mâles de la disposition des femelles à s’accoupler, mais ne seraient aucunement des stimuli érotiques. Et de plus les mamelles rétrécissent en dehors de ces périodes de réceptivité. Force est donc de constater que la présence de seins qui restent hypertrophiés après la puberté, est une différence que nous avons avec les autres mammifères et les autres primates en particulier, au même titre que la taille de notre cerveau, la marche à pied verticale ou un corps dépourvu de poils. Mais pourquoi ces réserves de graisse sont-elles permanentes sur la poitrine des femmes ? Pourquoi au cours de l’évolution de nos ancêtres, les femelles ont développé cette poitrine permanente ? Pourquoi on n’a pas conservé le même caractère que les autres mammifères, celui d’une poitrine qui ne gonfle que lors de la grossesse ? Sur ce thème particulier, j’ai trouvé une énorme quantité de travaux scientifiques. Certains avancent que la poitrine se serait développée il y a plus de 5MA lorsqu’on est passé de la marche à quatre pattes à la bipédie. A cette époque, la poitrine n’était plus cachée entre les quatre pattes, comme c’est le cas pour les autres mammifères, et est devenue exposée aux yeux de tous. C’est sans doute alors qu’elle s’est développée. On verra plus loin dans l'article que tout le monde ne partage pas cette analyse. Mais pourquoi est-elle apparue ? Et bien, les chercheurs ont formulé un certain nombre d’hypothèses mais ont aussi régulièrement démontré que ces hypothèses ne tenaient pas debout. Première hypothèse que j’ai trouvée, et que les chercheurs ont formulé à une époque : Lors des prémisses de notre espèce, la poitrine développée de manière permanente permettait à la femme de cacher son statut reproductif. Je veux dire par là, cacher aux autres si elle en période féconde ou non. Je m’explique. Chez les mammifères, un comportement classiquement observé chez les mâles consiste à surveiller en permanence une ou plusieurs femelles qu’ils accaparent, afin de repousser les autres mâles et s’assurer que la femelle n’ait pas de relations avec ceux-ci. Du point de vue de la femelle, c’est ennuyant, car cela limite son épanouissement sexuel. Mais le mâle baisse sa surveillance lorsque la femelle est enceinte ou en lactation. Tout simplement parce qu’une femelle mammifère qui allaite, n’ovule temporairement plus, et n’est donc pas féconde. Pas de risque pour le mâle dominant qu’un autre mâle vienne féconder ‘sa’ partenaire. Soyons clair, ce n’est pas une question de jalousie, le mâle ne la surveille pas vraiment pour éviter de se sentir ‘cocu’, mais pour éviter que la femelle ne soit fécondée furtivement par un autre. Parce que ce premier mâle se retrouverait donc à protéger et nourrir un petit qui est celui d’un autre mâle. Et ça, c’est ennuyant pour le mâle. Les chercheurs ont émis l’hypothèse qu’au cours de l’évolution des humains, la poitrine est une « astuce » qui aurait permis aux femelles d’augmenter le nombre de leurs aventures sans que le mâle du coin fasse trop sa loi. Les femelles qui avaient de la poitrine à tout moment, aurait été moins surveillées, et donc auraient eu plus d’accouplement. Mais cette hypothèse a été écartée par les chercheurs pour plusieurs raisons : notamment parce que si un mâle ne la surveille pas c’est qu’il considère qu’elle n’est pas réceptive, et donc les autres mâles devraient avoir la même interprétation que lui, et se détourner des femelles qui ont de la poitrine. Deuxième hypothèse : la poitrine développée c’est avantageux pour l’enfant qui peut s’alimenter continuellement en étant assis sur les hanches de sa mère. C’est moins d’effort pour la mère qui ne doit pas le porter jusqu’à ses mamelles. Cette hypothèse se base sur le fait que les humains n’ayant pas de poils, ce qui est unique pour les mammifères terrestres, on est les seuls à ne pas avoir de poils. Et donc nos petits ne peuvent pas se suspendre au pelage de leur mère pour téter. Pour compenser l’absence de poils, la poitrine se serait développée, afin de permettre au petit de manger depuis une position assise sur les hanches de maman. Mais ça ne tient pas non plus la route car les nourrissons en bas âge ne peuvent se tenir assis, alors que c’est justement la période à laquelle ils doivent manger le plus fréquemment. 3ème hypothèse avancée dans la littérature scientifique pour expliquer les poitrines permanentes des femmes : La taille de la poitrine est un indicateur de la fertilité d’une femelle, de sa capacité reproductrice. Les chercheurs émettaient donc l’hypothèse qu’historiquement les mâles préféraient des partenaires avec une poitrine, car cela leur donnait l’indication d’une bonne mère pour leur futurs petits. Alors il y a plein de choses à dire sur cette hypothèse, mais je vais tenter d’être synthétique. La première chose à savoir c’est qu’il existe beaucoup de rapports scientifiques qui démontrent que le succès de reproduction est lié aux taux de deux hormones : la progestérone et l’œstrogène sous l’une de ses formes. Plus ces deux hormones sont abondantes dans le sang d’une femme, plus grandes seront ses chances d’avoir un enfant après un accouplement. Et une étude publiée en 2004 démontre que les femmes possédant un large tour de poitrine présentent des niveaux de ces deux hormones plus élevés, ce qui serait associé à une meilleure fécondité. Leur idée c’est donc que les seins gonflés informent les mâles de la fertilité de la femelle. Mais premier problème : les scientifiques ne sont pas d’accord, notamment ceux de cette autre étude très récentes menée en Californie, qui démontre le résultat inverse: il n’existe selon eux aucune relation entre le tour de poitrine et la fécondité d’une femme. Pour être honnête, je n’ai pas non plus trouvé d’étude qui démontre le lien directe entre la taille de la poitrine et la fécondité ou la survie des nourrissons. Et même si c’était le cas, si effectivement une étude sérieuse devait démontrer que la survie des nourrissons était liée à la taille de la poitrine, on n’aurait pas encore démontré que c’est comme cela que la poitrine a été maintenue au cours de l’évolution d’Homo sapiens. Il faudrait encore démontrer que les mâles de l’époque ont privilégié les femelles disposant d’une poitrine développée. Puis je fais une précision importante : le volume des seins avant grossesse ne conditionne en rien le volume de la lactation. C’est juste des tissus fibreux, ou conjonctif, qui sont plus ou moins abondants chez certaines femmes. Donc pour résumer on ne peut pas rejeter complètement cette 3ème hypothèse. 4ème hypothèse : Indépendamment d’un lien entre fécondité et présence de poitrine, des chercheurs avancent que les femelles ayant disposé d’une poitrine développée, auraient connu un meilleur succès reproducteur, car les mâles de l’époque auraient été attiré par leur poitrine. En privilégiant les femelles ayant une poitrine développée, les mâles auraient opéré une sélection sexuelle sur ces femelles. Et au final la caractéristique de développer une poitrine à la puberté aurait été conservée. Oui, beaucoup de chercheuses et chercheurs affirment qu’au cours de l’évolution humaine, les seins permanents ont aidé les femmes à attirer des partenaires. Comme les plumes des paons mâles, les seins servaient il y a longtemps comme message adressé au sexe opposé : « Hé, regarde ça ! J’ai des seins, je suis en bonne santé, reproduis-toi avec moi ! Tes bébés j’en prendrai bien soin ». Mais pour que cette quatrième hypothèse tienne la route, les chercheurs doivent démontrer alors que certaines qualités particulières des seins, comme certaines tailles ou certaines formes, plaisent plus aux hommes que d’autres. Existe-t-il donc un lien clair entre les caractéristiques mammaires et les goûts des hommes ? Je vais vous décevoir mais la science se dispute sur la réponse à apporter à cette question. La plupart des études que j’ai consultées se basent sur l’usage de photographies de femmes dénudées, souvent des photographies générées et modifiées par ordinateur pour avoir plusieurs photos du même personnage féminin, mais avec des formes corporelles variables. Et les participants devaient souvent répondre à des questionnaires pour évaluer leur attrait pour certains modèles. Certaines études étaient plus comiques, parce qu’elles faisaient usage de caméra qui suivaient le regard des participants. Vous voulez un échantillon d’études ? Allé c’est parti.
Ces études permettent de mieux comprendre l’origine de la poitrine permanente, ce qui est une spécificité humaine. Si la science confirme que la poitrine est attirante aujourd’hui pour l’homme, rien n’est sûr pour les préhumains. De plus, rien n’indique que la taille de la poitrine ait été un facteur de sélection sexuelle exercée historiquement par les mâles, il y a plusieurs millions d’années, puisque aujourd’hui en tout cas, la taille n’a pas d’importance dans de multiple situations. Peut-être que finalement la réponse à notre question de départ se trouve dans une récente recherche qui avance que le développement permanent de la poitrine, mais aussi des fesses, ne serait que la conséquence de l’alimentation d’un de nos ancêtres, le bien nommé Homo ergaster. Ces chercheuses avancent en effet qu’il y a 2 MA, avec l’augmentation de la consommation de viande, les corps féminins auraient produit de plus grandes quantités de certaines hormones, comme la déhydroépiandrostérone. Cette hormone provoquerait l’accumulation de graisses dans ces deux régions du corps, menant à une hypertrophie permanente de la poitrine. Et puisque les autres primates n’ont pas connu cette hausse de la consommation de viande dans leur évolution, ils n’ont jamais développé de poitrine permanente. Toujours selon ces scientifiques, les seins auraient ensuite été récupérés pour d'autres fonctions, comme celle d’attirer des partenaires et indiquer leur état biologique. En conclusion, les poitrines permanentes sont le propre de l’espèce humaine. Alors que les mamelles jouent quasi exclusivement un rôle fonctionnel dans la lactation et les soins aux nourrissons, seul l’humain semble porter son attention sur la poitrine féminine. On ne sait pas très bien pourquoi d’où vient cette poitrine permanente, même si différentes hypothèses sont toujours en lice et doivent être confirmées dans les prochaines années. Et il semble clair que de nombreux facteurs, notamment culturels, impactent l’attraction mammaire observée chez l’homme. Un phénomène qui reste unique parmi les animaux.
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Des perruches envahissent l’Europe ! Elles sont aujourd’hui omniprésentes dans de nombreuses grandes villes comme Paris, Bruxelles, Madrid ou Rome. Si elles ont apporté de magnifiques couleurs dans nos rues, on sait aujourd’hui à quel point elles impactent négativement notre environnement, au point d’être considérées comme des espèces invasives. Je me suis plongé dans plusieurs récents rapports afin de vous préparer cet article, au cours duquel on va découvrir qui sont ces perruches exotiques, d’où elles viennent, quels sont leurs impacts sur nos villes et les animaux qui y vivent. Et enfin on se demandera si on doit limiter leurs populations et si oui, comment faire ? Il y a une vingtaine d’années, on pouvait s’étonner de voir déambulant dans quelques grandes villes européennes des oiseaux aux couleurs inhabituellement chatoyantes et aux cris strident. Aujourd’hui Parisiens et Bruxellois par exemple, ne lèvent même plus les yeux lorsque ces perruches traversent la rue. Venues d’ailleurs, elles se comptent en effet par milliers voire dizaines de milliers d’individus selon les métropoles. Les populations les plus importantes se trouvant au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique, en France ou en Espagne. Sans compter qu’elles posent leurs valises dans de nouvelles villes et de nouveaux pays européens chaque année. Ces perruches appartiennent à la famille des perroquets : en Europe, on en trouve une 10aine d’espèces mais principalement deux : la perruche à collier et la perriche veuve (qu’on appelait avant la conure veuve). Même si on les retrouve toutes les deux un peu partout, la première s’est surtout établie dans le nord (comme dans les villes de Paris et Bruxelles) alors que la seconde a préféré le sud du continent avec des villes comme Barcelone, Montpellier, Athènes ou Rome. Plutôt au Nord donc, la perruche à collier est facilement reconnaissable à son plumage vert pomme, son bec rouge et le collier noir qu’elle a autour du coup et qui lui donne son nom. Elle provient des zones tropicales des continents africains et asiatiques. Au sud, la perriche veuve est également de couleur verte mais avec du gris sur le front et la poitrine, ainsi que du bleu sur les extrémités de ses ailes. Elle, elle est originaire d’Amérique du Sud et particulièrement du Brésil, du Paraguay et d’Argentine. Parmi les autres espèces qu’on retrouve dans certaines villes européennes il y a notamment la Perruche alexandre, qu’on retrouve par exemple à Bruxelles. Mais je te propose de nous concentrer sur la Perruche à collier et la perriche veuve qui sont de loin les deux espèces invasives les plus communes en Europe. D’ailleurs toutes les études que j’ai consultées confirment que leur croissance démographique est extrêmement rapide, elles sont chaque année plus nombreuses. Alors, comment ces oiseaux exotiques se sont retrouvés sur le Vieux Continent, et s’y retrouvent aujourd’hui en grand nombre? Et bien ce sont les humains et leur goût pour les oiseaux en cage qui sont responsables de l’arrivée des perruches dans nos contrées. Les premières apparitions de ces oiseaux en Europe dateraient des années 70, et seraient le résultat de lâchers accidentels ou même sauvages. On peut d’ailleurs dater avec précision certains de ces évènements. En 1974 à Bruxelles par exemple, une quarantaine de perruches à collier ont été libérées par un zoo de la ville. Et la même année, en région parisienne, un conteneur de la zone aéroportuaire d’Orly a malencontreusement laissé échapper une cinquantaine d’individus. Le même scénario s’est reproduit en 1990, cette fois à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Une fois leur liberté retrouvée, ces perruches sont alors devenues citadines. En ville, la température est toujours légèrement plus élevée qu’à la campagne, à cause notamment de la proximité des bâtiments. Les prédateurs y sont plutôt rares et la nourriture y est servie sur un plateau d’argent. Elles affectionnent quantité de fruits et de graines, présents grâce aux plantes d’ornement, qui sont parfois aussi d’origine tropicales et présentes dans les jardins et les parcs. Mais elles profitent aussi de restes de nourriture qu’abandonnent les passants. De plus, pour survivre aux rigueurs de l'hiver, ces perruches peuvent compter sur des habitants bienveillants, qui laissent des aliments dans des mangeoires. Une fois venu le temps des amours, la perruche à collier se met à la recherche de cavités au sein d’un arbre, d’un rocher, ou d’un vieux murs. Elle y installe son nid, ce qui ne fait pas du tout l’affaire des oiseaux locaux. Et bien oui, le nombre de cavités étant limité, une compétition s’installe entre les oiseaux locaux et les perruches envahissantes. Parmi les oiseaux qui paient le prix cher de cette colocation indésirée, il y a les moineaux, les étourneaux, sittelles et mésanges, qui eux aussi sont des usagers fréquents de ces cavités. D’autant que cette compétition, elle est souvent remportée par les perruches. Il faut dire qu’elles possèdent deux armes de poids : Premièrement leur taille qui est d’environ 40 cm. Elles sont donc légèrement plus grandes que les oiseaux locaux, qui peuvent être relativement impressionnés. Mais elles ont surtout la caractéristique de se déplacer et de nicher en groupe. Déjà que les perruches elles sont badasses, mais elles ont aussi l’avantage du nombre. C’est une des raisons qui les rendent si invasives. Elles s’approprient la nourriture et les abris, ce qui leur permet de se reproduire sans difficulté, et donc d’être sans cesse plus nombreuses. A la différence des perruches à collier, la perriche veuve elle … elle ne niche pas dans les cavités mais dans des arbres. Et puisque les arbres manquent parfois dans nos villes, elles se tournent volontiers vers des poteaux électriques. Elles fabriquent leurs nids avec des morceaux de bois, qu’elles accolent les uns à côté des autres. Si bien que leur nid forme un amas de branches pouvant peser plusieurs dizaines de kilos. Alors, doit-on s’inquiéter de la présence et de l’expansion de ces oiseaux colorés ? On vient de le dire, les perruches entrent en compétition avec certains oiseaux, des espèces qui n’ont pas eu le temps de s’adapter et de se spécialiser dans une niche écologique différente à la suite de l’arrivée des perruches. Pour l’heure, quelques rapports scientifiques font état d’un impact significatif sur les oiseaux et chauves-souris locaux. Par exemple à Séville, la Perruche à collier supplante une espèce rare et vulnérable de chauve-souris. En plus, la perriche veuve fabrique des nids communautaires, c’est-à-dire des nids de très grande taille, avec de multiples entrées pour accueillir de nombreux individus. Ils peuvent atteindre plusieurs mètres de large et peser jusqu'à 200 kg. Vu qu’elles peuvent les placer sur des poteaux électriques, les risques ne sont pas nuls pour notre sécurité. Par contre, dans les villes où les populations de perruches sont très denses, certaines de ces perruches partent à la découverte de la campagne environnante. Certains champs et vergers en font donc les frais. Dans leur continent d’origine, les perruches s’attaquent aux cultures, elles peuvent devenir un réel fléau pour les productions végétales. En Inde par exemple, les perruches à Collier ont l’habitude de pénétrer en groupe dans les champs où elles dévorent les céréales et les plantations de citronniers. Là-bas, leur impact économique peut donc être conséquent. En Espagne ces dégâts ont été chiffrés : -30% des récoltes de céréales aux abords de Barcelone à cause des perriches veuves. Mais je tempère un peu : il faut reconnaitre qu’en général ce n'est pas le cas, et on peut décemment conclure que les perruches n’induisent en général pas de dégâts économiques majeurs. Mais il est apparu important de lutter contre ces perruches, au moins pour leur dégâts écologiques. Comment a-t-on procédé ? Dans les années 70 aux états unis, on a aspergé les nids de perriches veuves depuis de hautes échelles à l’aide d’un pesticide, heureusement aujourd’hui interdit partout. J’ai pu lire que de nombreuses stratégies de lutte ont été envisagée dans plusieurs villes européennes, des stratégies parfois étranges, et souvent couronnées de très peu de succès. Par exemple, dans certaines villes d’Espagne, les services communaux grimpaient jusqu’aux nids, et perçaient les œufs avec de fines aiguilles. Auraient-ils pu juste retirer les œufs ? Non, parce que s’ils avaient fait cela les perruches en auraient sans doute rapidement produit de nouveaux. Ainsi au moins, elles se fatiguaient à couver des œufs mort-nés. En Espagne toujours, les perruches ont été simplement tirées au fusil. Cette démarche n’est pas facile à cacher à la population, qui non seulement n’est pas toujours rassurée, mais en plus ne comprends pas pourquoi on décide de tirer de si beaux oiseaux. Ailleurs on a testé sans succès des méthodes de stérilisation chimique ou des piégeages par filets ou à l’aide de cages à appas. Dans tous les cas il apparait important de communiquer vers les habitants pour qu’ils comprennent pourquoi on s’en prend à ces oiseaux. Au final la méthode la plus efficace et la moins couteuse consiste à les tirer dès le début de leur invasion dans une nouvelle ville. Aussi cruel que cela puisse paraitre, c’est en tout cas ce que préconise l’Europe, afin notamment de protéger les espèces d’oiseaux et de chauves-souris locales. Et pour les populations les plus importantes des villes européennes, il est recommandé de les capturer à l’aide de cages, même si l’option est chère à mettre en place, c’est en tout cas la solution qui apparaît la plus acceptée par le public. Mais il parait important de souligner que l’élimination totale des grandes populations urbaines apparaît impossible. Selon certains experts, il faut plutôt apprendre à vivre avec elles. Je me permets de faire le parallèle avec un exemple que je connais bien pour l’avoir étudié longtemps : celui des coccinelles asiatiques. Il y a plusieurs années j’étais interviewé par un programme télévisé belge, appelé Le Jardin Extraordinaire. On m’a demandé ce qu’il fallait faire pour se débarrasser de ces insectes envahissants, et j’avais tenu un discours franc : On doit apprendre à vivre avec ! Si cela avait étonné les présentateurs, aujourd’hui plus personne n’envisage d’éradiquer ces coccinelles. Mon avis est ici le même concernant les perruches : à l’instar de nombreuses autres espèces animales qui se sont introduites chez nous et qui font aujourd’hui partie de nos paysages, il faudra apprendre à vivre avec elles. Et un jour peut-être, la présence de ces oiseaux venus de loin n’étonnera plus personne. Mon chien impacte tous les jours le fonctionnement de mon cerveau. J’ai réalisé à quel point c’était le cas après m’être plongé dans l’épaisse littérature scientifique. Et ce que j’y ai découvert m’a bluffé. Les amis, si vous avez un chien, sachez qu’il modifie bien plus votre cerveau, vos humeurs et votre santé que vous ne l’imaginez. Dans ce article je vais vous faire un résumé de ce que j’ai appris, et je vais vous présenter brièvement quelques-unes de ces découvertes étonnantes. On va voir comment les chiens aident à soigner les malades avant de découvrir comment des chercheurs ont enregistré le cerveau de personnes passant du temps avec ces chiens, et comment cela a impacté leur comportement et leur santé. Mon chien s’appelle Baloo, il partage notre vie depuis plus de 9 ans. Bien sûr j’avais conscience qu’il me faisait du bien ainsi qu’à toute ma famille, dont il fait finalement intégralement partie. Quand il est heureux, son bien-être est contagieux, on sourit, on se sent bien. Quand il est malade, on a mal pour lui et on perd notre bonne humeur. Que notre Baloo impacte nos émotions, on s’en doutait un peu, c’était intuitif, j’en convient tout à fait. Mais récemment, la science est allée plus loin que de simplement confirmer cette intuition que tu as sans doute déjà eu, si tu as un chien à tes côtés. Plusieurs études ont été publiées récemment, des travaux qui précisent un peu plus tous les bienfaits des chiens sur notre bien-être. Et en particulier il y a cette étude coréenne sortie en mars 2024 qui démontre à quel point notre cerveau est impacté par notre chien. Les expériences impliquant des interventions d’animaux dans des hôpitaux ou dans des écoles se font de plus en plus nombreuses dans le monde. Et la quasi-totalité des rapports vont dans le même sens : les chiens sont de précieux alliés. J’épingle pour commencer une étude qui indique que c’est particulièrement vrai chez les patients qui se rendent aux urgences hospitalières. Les urgences on s’y rend pour diverses douleurs que notre médecin traitant ne peut traiter. Sur place l’environnement est généralement anxiogène et l’attente peut parfois être longue, ce qui accentue le ressenti de la douleur chez les patients. Au cours d’une étude menée au Canada, des chiens ont été autorisés à rendre visite à des patients admis aux urgences d’un hôpital. Les chercheurs se sont rendus plusieurs jours dans la salle d’attente de l’hôpital de Saskatoon, au Canada , et ont interrogé un panel de 211 personnes. Certains jours, un chien de thérapie était présent dans la salle d’attente avec son maître. En attendant d’être reçu par un médecin, les patients devaient remplir un questionnaire et évaluer leur niveau de douleur, de stress et de bien-être sur une échelle de 1 à 10. Ensuite, ils passaient 10 minutes en compagnie du chien, et répondaient au même questionnaire 20 minutes plus tard. Un autre test similaire a été organisé avec un second groupe de patients, qui n’a pas pu profiter de la présence du chien. Tout comme le premier groupe, ces personnes ont répondu deux fois au même questionnaire, à 30 minutes d’intervalle. Cette expérience a permis aux chercheurs de démontrer que la présence du chien a distrait les patients en les faisant penser à autre chose, ce qui a drastiquement diminué leur sensation de douleur, les a aidés à évacuer le stress et à améliorer leur moral. D’ailleurs pour l’anecdote, l’un des chiens s’appelait Murphy, et cet épagneul de 6 ans faisait tellement bien son boulot qu’il a été surnommé « Dr. Murphy » par le personnel de l’hôpital. L’utilisation d’animaux dans le domaine médical remonte à plus d’un siècle. Freud, fondateur de la psychanalyse, a été l'un des premiers thérapeutes à introduire son chien de compagnie dans ses séances de thérapie, parce qu’il constatait que ses patients étaient plus disposés à communiquer en raison de la présence de son animal. Les chiens ont ainsi prouvé à de multiples occasions leur rôle bénéfique lors de diverses formes de thérapie. Par exemple, les chiens d’assistance guident les patients à travers certaines activités physiques et les incitent à jouer afin de les aider à redévelopper leur motricité ou leur coordination. Mais leur action sur le moral des patients est énorme, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants. Pour cette raison, des chiens sont parfois accueillis au sein de certaines unités d’oncologie pédiatrique où ils égaient les journées des enfants touchés d’un cancer. Dans cette étude de 2018, 24 enfants âgés de 8 ans en moyenne ont passé 30 minutes à jouer avec un Golden retriever, et ce, à trois reprises. Les médecins ont mesuré différentes variables pour estimer le niveau de stress de l’enfant, avant le passage du chien, juste après son départ, et quelques heures après plus tard. Et tenez-vous bien, les résultats sont limpides : diminution de la douleur ressentie par l’enfant, réduction du stress et une tendance à l’amélioration des symptômes dépressifs. Et un moral meilleur c’est aussi plus de courage pour affronter la thérapie. Autre résultat surprenant, même le personnel soignant a bénéficié de la visite du chien, puisque les chercheurs observent moins d’anxiété et une tension plus basse chez les infirmiers et infirmières qui ont accompagné les visites des chiens. Les chiens peuvent aussi accompagner les thérapies suivies par des patients atteints d’une forme d’autisme, en venant jouer le rôle de thérapeute associé. L’animal est là pour promouvoir la qualité de la relation de collaboration entre le patient et le thérapeute. Il facilite l’établissement de la confiance et le sentiment de sécurité, qui permettent ensuite au patient de s'ouvrir plus rapidement et de bénéficier davantage de sa thérapie. C’est prouvé, les petits patients coopèrent mieux durant les conversations avec le thérapeute, après quelques minutes seulement passées en compagnie du chien. Aux Etats-Unis, l'Université de Yale a décidé de recruter des maitres-chiens qui avaient pour mission d’aller à la rencontre des étudiants pendant la semaine d’examens et a pu démontrer leur efficacité à réduire leur anxiété. Le simple fait de laisser les étudiants caresser les chiens semblaient avoir les effets désirés, ceux-ci témoignant que cela leur avait fait du bien et qu’ils se sentaient moins stressés. Depuis, cette démarche a été répliquée un peu partout aux états unis et en dehors. Les chiens ont été tellement efficaces qu’une autre Université américaine, localisée dans le Wisconsin, est devenue en 2014 la première université aux États-Unis à adopter un chien de thérapie à plein temps sur son campus. Comme mon Baloo, il s’agissait d’un golden retriever comme Zoey, qui était initialement formé pour interagir avec les gens dans les maisons de retraite, les hôpitaux, et dans les situations d'intervention en cas de catastrophe. L’université a même ensuite adopté un deuxième chien, nommé Sage. Voilà la liste des travaux est longue mais démontre très souvent que la présence d’un chien dans un environnement stressant aide à apaiser le patient et améliore la qualité des soins reçus. Tous ces travaux ont adopté une approche globale : je veux dire que les chercheurs ont démontré l’amélioration de l’humeur des personnes avait été amélioré par rapport à ce qu’il était avant d’avoir passé du temps avec le chien. Mais on ne savait finalement pas si toutes les activités réalisées avec le chien étaient aussi bénéfique que les autres. Vaut-il mieux que le patient caresse le chien, joue avec lui, le promène, lui fasse la toilette ou simplement des calins? On ne savait finalement pas ce qui était le plus efficace. Et bien ça, c’était l’objet de la dernière étude dont je veux te parler, celle menée récemment par des chercheurs coréens de l’Université de Konkuk. Eux, ils ont enregistré les réactions qu’a notre cerveau en fonction des diverses interactions qu’on a avec notre chien, comme quand on le caresse ou quand on l’emmène en balade. Pour mieux comprendre comment ces différentes activités affectent notre cerveau, les chercheurs ont recruté 30 participants adultes. Chacun des 30 volontaires s’est vu proposé de passer du temps avec un chien, un chien qui avait été dressé et qui était donc le même pour tous les participants. Ils étaient invités à réaliser différentes interactions avec ce chien : il y avait d’abord la rencontre, puis 7 activités étaient proposées: jouer avec un objet qu’il fallait tenir en main, donner des friandises au chien, prendre des photos avec lui, caresser le chien, lui prodiguer des soins basiques, l’emmener en promenade et enfin lui faire des câlins. Pendant que les participants réalisaient ces différentes activités, ils devaient porter des électrodes d'électroencéphalographie afin d’enregistrer l'activité électrique de leur cerveau. Après chaque activité, les chercheurs posaient quelques questions pour tenter d’évaluer leur état émotionnel, tel que le participant la décrivait : par exemple je me sens détendu, je suis excité, je suis optimiste … Les chercheurs pouvaient donc mettre en relation ce que décrivait le participant et ce que leur électroencéphalographe enregistrait. Les scientifiques ont montré que les participants qui jouaient avec le chien ou qui le promenaient, étaient dans un état d'éveil détendu. Leur cerveau se plaçait en mode relaxation. Un état que certains thérapeutes recherchent chez leur patient. Par contre les chercheurs notent que l’impact du chien sur le cerveau n’est pas le même pendant le toilettage, pendant des séances de caresses ou de jeu. L’appareil démontrait que ces patients-là étaient très concentrés. un état qui augmentait leur attention et améliorait leur performance à réaliser une tâche particulière. Ces participants ont aussi déclaré se sentir beaucoup moins fatigués, moins déprimés et moins stressés après chacune des huit activités liées aux chiens. Ces résultats étaient quasi-unanimes pour tous les participants. Cette étude est vraiment chouette, mais je vais me permettre tout de même une petite critique. Tous les participants sont des volontaires non rémunérés qui ont répondu à l’appel lancé par les scientifiques. Donc de base, s’ils se sont porté candidat à ce type de test, bein on peut imaginer qu’ils aiment les animaux. Aucun de ces participants ne craint les chiens, et ça et bien ça a probablement biaisé un peu les résultats. Car en effet, tout le monde n’est pas à l’aise avec les chiens. Tout le monde n’est pas à l’aise avec les chiens je disais, on peut facilement imaginer qu’i l existe des personnes chez qui ces bien faits ne seraient pas observés, des personnes qui auraient donc conduit à des résultats tout différents. Tous ces travaux sont précieux. Ils vont permettre par exemple de mieux éduquer les chiens d’assistance afin de renforcer les comportements qui aident au mieux les humains qui en ont besoin. Attention cependant, l’utilisation de chiens thérapeutiques doit se faire avec précautions pour respecter l'hygiène, les allergies, la sécurité des participants, mais aussi le bien-être des chiens. La formation tant du chien que de son maitre est essentielle et l’intervention du chien doit être consentie et encadrée légalement. Mais ce qui est certain c’est qu’avec ces résultats, les chercheurs espèrent que des soins thérapeutiques plus ciblés puissent être mis en œuvre pour favoriser la relaxation des patients, aider à leur stabilité émotionnelle, à accroitre leur concentration, leur créativité, ou leur volonté de travailler à leur rééducation. Ces trois espèces marines jouent un rôle capital pour le climat. Leurs fascinants comportements sont pourtant totalement méconnus, à l’instar de leur contribution à la régulation du stockage de carbone. Les océans abritent une biodiversité gigantesque, au sein de laquelle on retrouve des animaux que les scientifiques considèrent comme de précieux alliés dans notre lutte contre les dérèglements climatiques. Des espèces qui jouent un rôle particulièrement important dans l’absorption du CO2, le fameux dioxyde de carbone, l’un des gaz participant à effet de serre. Si on veut combattre le réchauffement planétaire et le maintenir sous la barre des 1.5 degrés, il faudrait donc protéger ces populations d’animaux, voir même augmenter leurs effectifs. Je t’emmène dans les océans à la découvertes de trois animaux discrets, et particulièrement peu connus pour leur engagement dans la cause climatique. Je t’expliquerai comment ils parviennent à absorber le CO2 et par effet cascade, à limiter l’emprunte des humains sur leur planète. Trois exemples parmi beaucoup d’autres, d’espèces animales précieuses pour les rôles écologiques qu’elles jouent. Changements climatiques et carbone Nous sommes une espèce animale terrestre. C’est donc tout à fait logiquement que nous avons d’abord exploré la terre ferme pour en découvrir quantité d’espèces vivantes. Alors que nous approchons le chiffre d’un million et demi d’espèces animales décrites par les humains, les espèces vivant dans nos océans sont, elles, relativement peu connues. Récemment, plusieurs découvertes intéressantes ont été communiquées par des chercheurs spécialistes des océans et des créatures qui y vivent. Des études qui vont toutes dans le même sens, qui tirent toutes les mêmes conclusions : ils sont nombreux, les animaux océaniques, à participer à la lutte contre les dérèglements climatiques. En séquestrant du carbone, elles limitent l’émission de gaz à effet de serre et donc réduisent le phénomène de réchauffement planétaire. Pour que ce soit clair pour tout le monde, je vous rappelle que les gaz à effet de serre ce sont des gaz naturellement présents dans l’atmosphère. Ils absorbent une partie de la lumière du Soleil et de la chaleur émise par la Terre, et nous garantissent de bonnes conditions de la vie sur notre planète. L’effet de serre qu’ils provoquent est donc un phénomène naturel. Malheureusement, l’activité humaine a généré l’émission de gigantesques quantités de certains de ces gaz, amplifiant l'effet de serre naturel et provoquant des dérèglements sans précédent. Le CO2, le gaz carbonique, fait partie de ces gaz à effet de serre. Il est créé par la décomposition naturelle de matières animales ou végétales, mais est normalement absorbé par les plantes au cours du processus de photosynthèse, qui transforme le CO₂ et l'eau en sucres sous l'effet de la lumière solaire. Malheureusement, le CO2 est rejeté grandes quantités suite aux activités humaines, principalement : par la production d'énergie par la combustion de charbon, de pétrole ou de gaz naturel, par la conversion de forêt en zones agricoles, et par divers processus industriels comme la production de ciment et autres activités dans la pétrochimie et la sidérurgie. Résultat : les émissions de CO2 ont doublé au cours des dernières décennies, faisant de ce gaz le principal responsable de l’effet de serre, et donc du réchauffement planétaire que nous connaissons. Les algues, les arbres et les plantes non ligneuses jouent un rôle majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique car ces organismes autotrophes absorbent le carbone, notamment lorsqu’elles fabriquent des sucres durant la photosynthèse. Ce qui empêche ce CO2 de finir dans l’atmosphère et de participer au réchauffement global. Mais si on sait depuis fort longtemps que les végétaux nous aident dans ce combat, le rôle des animaux est beaucoup clair, surtout lorsqu’il s’agit des espèces marines. Et dans un travail très récent, des chercheurs affirment que le rôle des animaux dans le contrôle du cycle du carbone est largement sous-estimé. Poisson abyssal Le contexte étant posé, je t’emmène dans les profondeurs de l’océan Pacifique pour découvrir le premier des trois exemples d’animaux qui œuvrent dans l’ombre à la régulation du dioxyde de carbone. Ce mystérieux petit poisson des abysses est l’un des nombreux poissons-lanternes qui vivent à des profondeurs comprises entre 200 et 1500 mètres de profondeurs. Et aussi étrange qu’il puisse paraitre, il semble fondamental pour le climat, et dans une proportion qu’on ne soupçonnait pas jusqu’à tout récemment. Ces poissons sont très abondants dans nos océans, si abondants que certains scientifiques estiment qu’ils représenteraient plus de 50% de la biomasse des poissons des zones abyssales océaniques. Pour te donner une échelle approximative : pour chaque humain sur terre, il y aurait 2 tonnes de ces poissons. On les nomme poissons lanternes car ils possèdent un peu partout sur leur ventre des organes bioluminescents appelés photophores. Ce sont amas d'écailles modifiées qui leur permettent de communiquer, de se camoufler ou d'attirer des proies en produisant une lumière bleue-verte, qui est le résultat d'une réaction chimique déclenchée par leur système nerveux. Leur particularité réside dans le fait qu’ils montent en surface la nuit pour se nourrir, et redescendent dans les profondeurs sombres pendant le jour. On peut parler d’une migration, mais une migration qui est verticale, qui a lieu chaque jour, et qui est pratiquée par de très nombreux individus. Et c’est ainsi que j’en arrive au carbone. Pour certains chercheurs, les poissons-lanternes joueraient un rôle si important dans la séquestration du carbone que, sans eux, le niveau de CO2 dans l'atmosphère serait supérieur de moitié à celui d’aujourd’hui, et la température serait plus élevée de quelques degrés. Rien que ça ! Comment participent-ils donc à cette séquestration du carbone? Premièrement parce que leurs cadavres sont riches en carbone et sont déposés à proximité du plancher océanique, suffisamment en profondeur pour ne pas subir trop la dégradation par les bactéries qui elles vivent plus proches de la surface, et qui auraient libéré ce carbone dans l’atmosphère si elles en avaient eu l’occasion. Deuxièmement parce qu’ils rejettent dans les profondeurs des crottes riches en ion carbonates, du carbone donc. Du carbone qu’ils ont consommé lorsqu’ils sont remontés vers surface pour s’alimenter et qu’ils ramènent donc encore une fois vers les profondeurs, l’empêchant d’être libéré dans l’atmosphère. Leurs crottes aident donc à désacidifier les eaux de surface des océans, et permet donc aux restes des êtres vivants d’être en bonne santé. On estime ainsi que les 250 espèces de poissons-lanternes feraient couler dans le fonds des mers des quantités astronomiques de carbone. Un carbone qui une fois ramené dans les fonds marins sort pour grande partie du jeu climatique pour des milliers d'années. Difficile de chiffrer leur contribution aux changements climatiques, mais selon les modèles on avoisinerait tout de même 0.5% des émissions mondiales. Heureusement pour lui, le poisson-lanterne est désagréable au goût et peut contenir des toxines. Donc les consommateurs ne veulent pas de ce poisson, qui évite donc la surpêche. Mais les récents progrès technologiques ont malheureusement facilité la capture et la transformation de ces espèces en farines et huiles de poisson qui intéressent grandement le secteur de l’aquaculture. Loutres de mer Après les poissons-lanternes, je t’emmène à la découverte du rôle joué par les loutres de mers. Ces mammifères, semi-aquatiques, appartiennent à la famille des Mustélidés, ce qui signifie qu'elles sont parentes avec les mouffettes, les blaireaux et même les furets. Elles profitent d’un pelage épais et isolant, pour évoluer dans les eaux froides des côtes de l'océan Pacifique, depuis le nord du Japon et la Russie, jusqu'à la Californie et même le Mexique. Leur queue est relativement courte par rapport à leur corps, elle joue un rôle de gouvernail, ce qui les aide à nager rapidement et avec agilité. Ces animaux très sociaux sont de vrais acrobates une fois dans l’eau. Elles plongent jusqu'à 60 mètres de profondeur pour chasser leur nourriture préférée, comme les crabes, les oursins, les mollusques et même parfois les poissons. Elles remontent leurs proies en surface, qu’elles mangent en nageant sur le dos. Elles utilisent leur ventre comme une table à manger flottante, où elles cassent les coquilles dures, s’aidant parfois de cailloux trouvés au fond de l’eau. Mais la nage sur le dos est très commune chez les loutres de mer, et on suppose qu’il s’agit d’ailleurs d’une adaptation à la vie en eau froide, car cette position permet de maintenir le bout du museau et les pattes hors de l’eau. Ce sont en effet des zones de leur corps qui sont dépourvues de fourrure. Les loutres se reposent sur le dos en s'enroulant dans les frondes géantes de kelp, ce qui leur évite de dériver pendant qu'elles mangent ou pendant leur sommeil. Et justement, le Kelp, est au cœur de leur contribution au climat. Le rôle des loutres de mer pour la vivacité de la pompe à carbone biologique océanique est fondamental, à un niveau si important qu’on n’imaginait pas il y a de ça quelques années. Ces grandes algues brunes forment de véritable forêts dans le Pacifique Nord. Elles poussent extrêmement vite (on parle de 60cm par jour !) et ce faisant, elles séquestrent le CO2 de l’atmosphère. Certains chercheurs affirment qu’une forêt de kelps en piège 10x plus qu’une forêt terrestres parmi les plus actives. Ces algues sont ancrées sur le sol et flottent jusqu'à la surface grâce aux flotteurs qui se trouvent à la base des feuilles. Les kelps sont ainsi de grandes pouponnières où quantité de poissons se reproduisent. Ces poissons envoient de la matière organique riche en carbone sur le sol, ce qui stimule la vie des coquillages ou des crustacés, en plus d’en transformer une partie en sédiments stables dans le temps. Les kelps sont donc des espaces importants qui participent à refroidir l’atmosphère. Et les loutres de mer sont super importantes pour la bonne santé de ces forêts sous-marine. Car les loutres figurent parmi les seules espèces à parvenir à consommer en quantité des oursins. C’est que leurs picots repoussent plus d’un prédateurs évidemment. Or l’oursin est particulièrement friand du kelp. Quand il y a des oursins en masse, il y a peu de kelp. Je te renvois d’ailleurs vers mon premier livre « Un Tanguy chez les hyènes » où je te présente les comportements surprenants des oursins au sein de ces forêts sous-marines. Le lien est dans la description. Si tu cliques dessus cela supporte le travail que je fais. Sur les zones où les loutres sont absentes depuis 1 siècle, on compte jusqu’à 20 fois moins de ces forêts sous-marines de kelp que lorsqu’elle est présente, car les algues y ont subi la voracité des oursins. Mais les loutres ont été chassée méthodiquement à partir du 18e siècle pour leurs fourrure incomparablement dense. Avec 170 000 poils au cm2, il s’agirait de la densité la plus élevée du règne animal. Elle a donc bien failli disparaître. Sur une population initiale estimée à 1 million d’individus, on en dénombrait seulement 2 000 il y a un siècle. Mais heureusement aujourd’hui elles sont environ 100 000, à majorité en Alaska et en Russie. Pour tenter de chiffrer un petit peu le boulot des loutres dans la séquestration du carbone, via la protection des kelps, une équipe de l’université de Santa Cruz a montré que dans une zone océanique localisée près de l’île de Vancouver, elles auraient permis de stocker l’équivalent de 25 millions de tonnes de CO2. Soit l’équivalent des émissions d’un million de voitures chaque année. Les cachalots Après être passé par la surface des eaux océaniques, je te propose de replonger dans les profondeurs en compagnie du grand cachalot. Il s’agit du plus grand représentant de la famille des cétacés à dents. On les retrouve dans tous les océans du monde, des eaux polaires glacées aux mers tropicales chaudes. Les grands cachalots sont des créatures fascinantes sur le plan comportemental. Ils sont connus pour leurs chants mystérieux qui résonnent à travers les océans, pour leurs habitudes et modes de vies sociaux, mais aussi pour leurs plongées incroyablement profondes, qui peuvent durer jusqu'à 90 minutes. Dans les abysses, ils chassent leurs proies préférées, comme les calamars géants. Pour les trouver, ils descendent en apnée à des profondeurs atteignant plus de 2 kilomètres. Les autres espèces de baleines diffusent des nutriments de manière horizontale, en se nourrissant à un endroit et en déféquant un purin riche en azote, phosphore et fer à un autre. Mais la particularité du cachalot, c’est que lui, il le fait de manière verticale. Et c’est là une particularité importante pour l’ensemble des océans et notre climat, tu vas vite le comprendre. En descendant chasser les grands calamars des abysses le cachalot remonte de précieux nutriments vers la surface à travers ses déjections. Oui parce que contrairement aux poissons abyssaux que nous avons décrits plus tôt, le cachalot, lui ne peut déféquer que lorsque la pression de l’eau est basse, c’est-à-dire à proximité de la surface. Et il aura fallu attendre les travaux tout récents d’une équipe australienne pour mesurer le rôle climatique de ce comportement. Pour les comprendre il faut que je t’explique le rôle primordial du phytoplancton : ce sont divers microorganismes, parmi lesquels protistes et bactéries, qui sont autotrophes, pratiquant la photosynthèse, et qui sont donc, tu l’as compris, des pièges à carbone. Sauf que le phytoplancton pour proliférer a besoin lui aussi de se nourrir, et l’un des aliments qui lui fait le plus défaut, c’est le fer. Et bien selon ces chercheurs australiens, les 12 000 cachalots de l'océan Austral remonteraient environ 50 tonnes de fer chaque année qu’ils rendent biodisponible pour l’heureux phytoplancton qui se trouve en surface. Chaque kg de fer réintroduit vers la surface par les cachalots permet la naissance de centaines de kg de plancton. On estime ainsi que les cachalots de l’Antarctique permettent de capturer directement 2 fois plus de carbone que tout ce qu’ils émettent dans leur vie. Ce phénomène aurait pu être dix fois plus important si l'espèce n'avait pas été pourchassée durant deux siècles. On peut en effet estimer qu’une reconstitution d’une population d’un million de cachalots, soit le même nombre approximatif d’avant leur extermination par l’Homme, pourrait permettre de capter chaque année plusieurs millions de tonnes de CO2 supplémentaires. Tu l’as compris avec les exemples que l’on vient de détailler, les comportements surprenants de vas et viens de certaines espèces marines entre la surface et les profondeurs, sont essentiels au maintien de la vie dans les océans, et par conséquent au maintien d’un climat supportable pour notre planète, et en particulier pour nous, les humains. Encore récemment, des chercheurs présentaient des preuves scientifiques démontrant que la protection et la restauration des animaux sauvages peuvent améliorer le captage et le stockage naturel du carbone. Ils appellent à inclurent la restauration et la conservation des animaux et de leurs rôles dans les écosystèmes en tant qu’élément clé des solutions climatiques naturelles susceptibles d’empêcher un réchauffement climatique au-delà de 1,5 °C. Si je suis d’accord évidemment avec leurs conclusions, je rappelle que nous ne devons absolument pas compter sur ces espèces océaniques pour faire le travail à notre place. Car les chercheurs le précisent bien, si ces espèces animales sont des alliés précieux dans la lutte contre le réchauffement du climat, le rapport du GIEC souligne avec insistance l’importance de réduire nos propres émissions de CO2. Il faudrait en France par exemple, les réduire de 85% d’ici 2050 pour se maintenir sous la barre des +1,5 degrés. A la mort d’un éléphanteaux, les éléphants d’Asie organiseraient des funérailles et enterreraient le défunt. Les amis si vous êtes sensibles, les images et vidéos qui vont suivre pourraient vous heurter. Selon une étude indienne(1) parue début 2024, les corps des éléphanteaux étaient placés dans une tombe systématiquement dans la même position, indiquant que ces éléphants pratiquent des rituels plus complexes que documentés jusqu’à aujourd’hui. (1) Parveen Kaswan & Akashdeep Roy (2024) Unearthing calf burials among Asian Elephants Elephas maximus Linnaeus, 1758 (Mammalia: Proboscidea: Elephantidae) in northern Bengal, India. Journal of Threatened Taxa 16(2): 24615–24629 Cette découverte fait beaucoup parler d’elle depuis sa parution fin février. On pouvait y lire que deux chercheurs indiens avaient observé les comportements des éléphants d’Asie et plus particulièrement les rituels de funérailles qui suivent le décès d’un jeune. A l’instar de cette photo, où on peut apercevoir un troupeau d'éléphants d'Asie s'avancer dans une plantation de thé tout en transportant un petit décédé, soulevé par la trompe.
Bien que l’on n’ait pas d’observation directe, il semblerait que l’éléphanteau soit ensuite enterré par ses congénères. Le corps est déposé avec attention dans un trou avant d'être recouvert de terre. Le petit pachyderme est placé sur le dos, seules dépassent ses quatre pattes qui, comme la trompe, pointes vers le ciel. Une position que deux scientifiques indiens ont observée dans chacune des cinq tombes qu'ils ont étudiés dans la zone. Autour des tombes, ils ont identifié des empreintes de pas et des excréments de différentes tailles, ce qui indique que des membres de tous âge ont contribué à chaque enterrement. Selon les observateurs locaux, la famille endeuillée pousse alors de fortes vocalisations après avoir terminé son funeste travail, durant parfois 30 à 40 minutes, avant que le troupeau ne quitte la zone. Comme leurs cousins africains, les éléphants d’Asie sont bien connus pour leur comportements sociaux et coopératifs. Pour les éléphants africains, l'enterrement de petits avaient déjà fait l’objet de descriptions bien que fort courtes, qui suggèrent qu’ils recouvraient leurs morts avec des branches et des feuilles, avant de rester de longs moments auprès de leur proche décédé. Quelques vidéos sont disponibles pour témoigner de comportements de deuil chez les éléphants d’Asie. Dans l’une de celles-ci une femelle adulte – probablement la mère – porte le corps d’un petit et traverse une route en compagnie de sa troupe, et devant les habitants abasourdis. D'après l'état de décomposition du cadavre, il semble que ce comportement de deuil ait duré des jours voire des semaines. Nous n’avons cependant aucune vidéo claire pouvant témoigner que les éléphants enterrent bien l’éléphanteau décédé. Oui car plusieurs problèmes se posent : ces décès prématurés ne sont pas courants et donc difficiles à observer. De plus, l’enterrement ne dure jamais longtemps, ce qui complique encore la tâche des chercheurs qui doivent arriver à temps sur place. Et enfin, approcher un tel rituel serait fort risqué, compte tenu de la présence des adultes et sans doute, de leur indisposition à laisser les curieux approcher, fussent-ils scientifiques. Cette étude est donc la première à documenter des enterrements d'éléphants d'Asie et surtout à mettre en lumière que ces animaux utilisent de la terre lors de leurs funérailles. Les chercheurs démontrent aussi que les corps ne sont pas positionnés au hasard. Autant d’observations qui soulignent un peu plus encore la sensibilité, le comportement émotionnel et l'intelligence sociale de ces grands herbivores. Les insectes sont les animaux les plus diversifiés du règne animal. Sur 10 espèces décrites par l’Homme, 9 sont des insectes. Cependant, une ombre s'abat sur cette incroyable diversité, et depuis une quinzaine d'années, les rapports se succèdent, laissant un constat indéniable : les insectes disparaissent ! Nous faisons face à un déclin généralisé des populations d’insectes. Tant dans leur nombre, que leur diversité. Tous les ordres principaux d’insectes sont touchés, papillons, mouches, scarabées, abeilles… Nous sommes les témoins d’une extinction qui a lieu en direct devant nos yeux, et dont nous sommes responsables. Alors oui bien sûr on se doutait depuis un moment qu’ils étaient moins nombreux. Si vous conduisiez déjà une voiture au 20ème siècle, vous savez que votre pare-brise est beaucoup moins couvert d’insectes morts aujourd’hui, qu’il y a 30 ans. Depuis longtemps la science a bien documenté la disparition des pollinisateurs. Mais les données obtenues au cours des dernières années étonnent à la fois les scientifiques et le grand public, à cause de l’étendue et de la gravité de la disparition de tous les insectes. Dans ce article, je vais explorer avec toi les sombres secrets du déclin des insectes. Je vais te démontrer qu’ils sont de moins en moins nombreux et de moins en moins diversifiés. Je vais aussi te parler des causes de leur disparition et donc des solutions à apporter. Car le destin des insectes est intimement lié au nôtre, et l'avenir de notre planète dépend de notre capacité à agir maintenant. Contexte Nous connaissons une grave crise de la biodiversité, et aujourd’hui je ne vous parlerai que des insectes. Les archives fossiles, qui remontent à plusieurs centaines de millions d’années suggèrent que ce n’est pas la première fois dans l’histoire de la vie sur Terre que la classe des insectes subit un déclin important. Dans ces archives géo-biologiques on peut lire qu’il y a déjà eu des extinctions massives d'insectes dans le passé, mais que celles-ci ont été causées par des phénomènes naturels tels que des activités volcaniques ou des impacts de météores. C’est ainsi par exemple que l’extinction du Permien-Trias, qui date d’il y a 250 millions d’années, a conduit à la plus grande extinction d’insectes que la terre ait connue. Des populations d’insectes qui se sont ensuite re construites, mais attention, je vous parle d’évènements qui ont duré des millions d’années. « Haaaa mais alors il n’y a pas de problème, elles vont s’en remettre tes petites bêtes ». Non, ici c’est pas pareil. Car l’extinction actuelle des insectes, elle est causée par l’Homme, et elle est fulgurante ! Comme je vous le disais en introduction, l’inquiétude concernant une extinction d’origine humaine s’est accrue depuis la fin du 20e siècle, bien qu’une grande partie des premières inquiétudes ne se soient pas concentrées sur les insectes. Au siècle dernier on a abondamment documenté la disparition des oiseaux, des chauves-souris, ou des grands mammifères terrestres, mais on n’a pas vraiment donné beaucoup d’attention aux insectes. Une raison en est le manque d'espèces d'insectes très charismatiques. C’est plus facile de recevoir des sous pour étudier la disparition des orang-outans ou des rhinocéros blancs, que l’Eupithécie du Cyprès. Vous voyez ce que je veux dire. Le déclin de la biodiversité Dans les années 2010, de nombreux rapports ont fait état d'un déclin généralisé des insectes. Ce déclin, il faut le voir à deux niveaux : d’un côté il y a l’abondance – ou simplement le nombre d’insectes sur un territoire donné, et de l’autre il y a la diversité des insectes. Je vais te parler du déclin de l’abondance des insectes dans un instant, mais avant je veux clarifier cette idée de diversité. La diversité spécifique, c’est le nombre d’espèces que l’on retrouve sur un territoire donné. Et ce n’est pas la même chose que l’abondance, même si souvent les deux sont liés. Prenons un exemple : imagine deux jardins. Dans le premier jardin, on laisse la nature se développer, il y a un tas de bois, des haies, des arbres, des hautes herbes. L’autre est juste composé d’un gazon bien tondu à ras, à l’exception d’un petit coin où des choux ont été plantés. Dans notre jardin sauvage, on retrouve des dizaines d’espèces d’insectes, dans le bois, sur les fleurs, dans le sol. La diversité spécifique y est importante. Dans le jardin tondu, il n’y a pas un chat, à l’exception d’une population de pucerons qui se multiplie sur les choux, sans aucun contrôle naturel. Les pucerons sont des milliers sur les choux. La diversité est faible (une seule espèce d’insecte) mais l’abondance est aussi très importante. Depuis plusieurs années, les chercheurs tirent la sonnette d’alarme à propos de la perte de biodiversité d’insectes. Lorsque l’on observe les pollinisateurs, on constate que le nombre d’abeilles différentes est bien plus faible que dans le passé. Il y a 15 ans lorsqu’avec mon équipe, nous étudions la diversité des coccinelles dans les terres agricoles, nous pouvions observer sur une journée plus de 10 espèces différentes de coccinelles. Aujourd’hui, quand on en trouve 3, on peut s’estimer heureux. Peut-être vous rappelez vous de la coccinelle à deux points. J’ai à la maison quantité de livres où elle est joliment illustrée. Pourtant aujourd’hui, mes filles et moi peinons à observer cette petite coccinelle à l’extérieur. En revanche, les coccinelles asiatiques ou les coccinelles à 7 points sont présentes et très abondantes dans le Nord de la France et en Belgique. On n’a pas perdu en nombre de coccinelles, on a perdu en diversité. Dans son rapport annuel de 2012, la société zoologique de Londre a suggéré que la diversité d'insectes est en déclin à l'échelle mondiale. Toujours selon cette société savante, environ 20% de toutes les espèces d’invertébrés (donc les insectes mais aussi les vers ou les limaces) 20% seraient menacées d'extinction, une menace qui toucherait principalement les espèces les plus petites et les moins mobiles. Le déclin de la quantité Mais l’étude qui a réellement fait grand bruit dans la presse du monde entier, c’est un travail allemand, qui date de 2017. D’ailleurs suite à ce travail, certains collègues étrangers n’ont pas hésité à parler d’Apocalypse, ou d’Armageddon écologique. Cette recherche allemande est basée sur le travail de dizaines d'entomologistes. En Allemagne, ces spécialistes des insectes ont compté et identifié les insectes au sein de zones protégées et à l’aide de méthodes scientifiques très robustes. Ils ont utilisé des tentes spéciales appelées pièges malaise et ont pu ainsi dénombrer les insectes volants dans 63 réserves naturelles. Une donnée leur a tout de suite semblé étonnante… Ils ont constaté qu’ils capturaient bien moins d’insectes qu’avant. Et plus particulièrement de poids total des insectes collectés. En moyenne 76 % de moins par rapport aux inventaires d’il y a 27 ans, et même 82 % de moins pour la période estivale, c’est-à-dire lorsque le nombre d'insectes devrait être à son apogée. Le travail démontre que chaque année, on perd 5 % des insectes volants dans ces réserves naturelles. Ce n’est donc pas du tout comparable à ce qui s’est produit lors de l’extinction du Permien-Trias d’il y a 250 millions d’années, qui elle s’est produite graduellement sur plusieurs millions d’années. Cette étude allemande a fait grand bruit, car les rapports précédents sur le déclin des insectes se limitaient à des insectes particuliers, tels que les papillons des prairies européennes. Cette recherche-ci était plus large, puisqu’elle s’intéressait à tous les insectes volants, y compris les guêpes et les mouches, qui sont rarement étudiés. Et le fait que les échantillons aient été prélevés dans des zones protégées rend les résultats encore plus inquiétants. Ces zones sont des réserves naturelles bien gérées, la biodiversité devrait donc s’y épanouir. Pourtant, malgré les efforts de protection, ce n’est pas le cas, et un déclin spectaculaire par son ampleur et sa rapidité s’est produit. Ce qui a fait dire au célèbre écologue Dave Goulson en 2017 dans une interview au Gardian : « Les humains transforment de vastes étendues de terre en zones inhospitalières à la plupart des formes de vie, et nous sommes actuellement sur la bonne voie pour un Armageddon écologique. » Quelques nuances à apporter Alors à ce stade, permets-moi d’apporter quelques nuances à ce tableau fort sombre, j’en conviens.
Conséquences de toutes ces nuances, et bien en 2019, la société américaine d’entomologie a déclaré qu'il n'y avait pas encore suffisamment de données pour prédire une extinction massive, généralisée et imminente des insectes et que certaines des prédictions qui ont été faite quelques années auparavant pourraient « avoir été légèrement exagérées ». Les causes du déclin Vous l’avez compris, globalement, on connait un déclin de la diversité et de l’abondance des insectes. Mais quelles sont les causes de ce déclin ? Les causes du déclin des populations d'insectes sont similaires à celles qui entraînent la perte d'autres formes de biodiversité. Il y a tout d’abord la destruction de l’habitat. Un insecte a besoin d’abris et de nourriture. Convertir des terres sauvages en terrain agricole, c’est supprimer les plantes et les abris des insectes, qui ne peuvent donc plus survivre. D’ailleurs la conversion de terre à l’agriculture intensive est considérée comme la première cause de la disparition des insectes. Mais cela passe aussi simplement par la suppression d’un arbre mort ou par le remplacement d’un bout de prairie par un gazon finement taillé, dans tous les cas tu fais la même chose : tu supprime le gîte et le couvert des insectes, qui doivent donc disparaitre. En seconde position je place la pollution de l’environnement. Les humains répandent quantité de poisons, et d’insecticides en particulier, dans leur environnement. Ces produits on les applique sur les plantes que l’on cultive, mais ils persistent dans nos sol, se retrouvent dans nos plantes sauvages, dans l’air, dans l’eau. Ils peuvent avoir des effets néfastes sur les insectes non ciblés, les tuant directement ou perturbant leur comportement ou leur reproduction. Par exemple en 2012 on démontrait que les colonies de bourdons ne se développaient pas correctement ou que des abeilles intoxiquées pollinisaient des plantes qu’habituellement elles évitent Troisième cause, les changements climatiques qui impactent aussi négativement la biodiversité d’insectes. L'augmentation des températures, les précipitations irrégulières et les événements météorologiques extrêmes affectent les habitats des insectes et perturbent leurs cycles de vie. Quatre, les espèces invasives. L'introduction d'espèces exotiques dans de nouveaux environnements peut perturber les écosystèmes indigènes et entraîner la compétition pour les ressources alimentaires et les sites de reproduction. Les espèces invasives peuvent également propager des maladies ou des parasites qui affectent les populations d'insectes indigènes. Et il y a encore d’autres causes comme la pollution lumineuse, la fragmentation génétique ou la dégradation de la qualité des aliments des insectes, mais restons-en-là si tu veux bien. Le déclin des populations d'insectes affecte les écosystèmes et les autres populations animales, y compris les humains. Les insectes vous devez les voir non pas comme des indésirables, mais comme la base structurelle et fonctionnelle de très nombreux écosystèmes mondiaux. Sans eux, rien ne fonctionne. Ils sont la dalle de béton sur laquelle tu construis ta maison. Ils sont la base du château de carte. Je sais que ca parait fou, mais c’est réellement le cas. Une étude mondiale réalisée en 2019 a averti que, si ce déclin n'était pas atténué par des mesures décisives, il aurait un impact catastrophique sur les écosystèmes de la planète. Quantités de plantes ne peuvent se passer d’eux. Les oiseaux et les grands mammifères qui se nourrissent d'insectes peuvent être aussi directement touchés par ce déclin. Le déclin des populations d'insectes c’est aussi moins de déchets biologiques recyclés. Et j’en passe ! On fait quoi ? Alors on fait quoi tu me demanderas ? Et bien on reprend la liste de toutes les causes du déclin de la biodiversité et on lutte contre. On restaure les habitats, on réduit les polluants, les espèces invasives et le changement climatique. Je ne vais pas vous dire comment faire tout cela car la vidéo est déjà fort longue. Mais il faut reconnaitre que certains gouvernements de pays européens ont introduit des mesures de conservation pour aider les insectes. Des mesures visant à promouvoir leurs habitats, la réduction de l'utilisation de pesticides, de la pollution lumineuse et des polluants dans le sol et l'eau. En revanche j’en profite pour vous parler des hôtels à insectes parce qu’on me demande souvent si en installer un permet de sauver la biodiversité. Il y a quelques années je prenais cette photographie au niveau d’une station essence localisée près de chez moi. Et je faisais l’analogie suivante : Construire un hôtel de luxe au milieu d’une zone désertique ne fera pas venir les touristes s’il n’y a aucun restaurant ou aucune activité touristique a réaliser. Il en est de même pour les hôtels à insectes. Les hôtels à insectes stimulent la biodiversité, mais ils ne la créent pas. En plus de lutter contre les causes du déclin, je plaide pour promouvoir la recherche. L'une des raisons pour lesquelles les études sur le déclin des insectes sont limitées est que l'entomologie est elle-même en déclin. Lors du congrès d'entomologie de 2019, le chercheurs Jürgen Gross a déclaré que « nous, les entomologistes, nous sommes nous-mêmes une espèce en voie de disparition ». Et les cours de biologie à l’école ou à l'université accordent moins d'attention aux insectes qu’à d’autres groupes d’animaux. Et ce problème de recherche insuffisante est encore plus aigu dans les pays en développement. Aujourd’hui, presque toutes les études sur le déclin des insectes proviennent d'Europe et des États-Unis, alors que ces deux régions ne représentent pas plus de 20 % des espèces d'insectes dans le monde. Ce que vous voyez là, c’est une portée de bébés Siphonops, tout roses et glabres, qui se blottissent contre leur mère. Nous sommes au milieu de la nuit, dans une forêt tropicale humide, pas loin du bord de mer. Ces bébés, ils remuent et couinent pour avoir du lait, ce que leur mère leur sert rapidement, jusqu’à ce qu’ils soient rassasiés. Mais ce ne sont ni des chiots ni des chatons. Ce sont des amphibiens serpentiformes, bien plus proches donc des grenouilles que de nos amis à quatre pattes.
Et c’est en cela que cette étude publiée la semaine fait grand bruit. Parue dans la prestigieuse revue Science, elle démontre, pour la première fois que des amphibiens, nourrissent leurs petits avec du lait, exactement comme le font tous les mammifères. Avec ses collègues, l'herpétologue Carlos Jared de São Paulo étudie ces animaux excentriques depuis des années. Dans des études précédentes, l'équipe a remarqué que les nouveau-nés des Siphonops annelés, qui vivent leurs deux premiers mois hors de l'œuf sous la garde de leur mère, passaient une grande partie de leur temps autour de l'extrémité du corps de celle-ci. Dans le cadre de ce nouveau travail, l'équipe a collecté au Brésil 16 femelles et leurs portées respectives et les a observés au laboratoire. Là, les chercheurs ont enregistré les interactions des amphibiens, accumulant plus de 240 heures de séquences vidéo. L’équipe a ainsi pu enregistrer 36 tétées, au cours desquelles les bébés se tortillaient et gigottaient autour de leur mère tout en émettant des bruits très aigus. Résultat, la maman soulevait alors cette extrémité de son corps et libérait le précieux liquide. Cela se produisait jusqu’à six fois par jour et semblait être une réponse aux cris des bébés. Cette sorte de « lait » est produit au sein de leur appareil reproducteur. L’équipe a d’ailleurs examiné l’anatomie interne de certaines femelles adultes et analysé la composition nutritionnelle et biochimique du liquide nutritionnel. Il est sécrété par les glandes de l’oviducte de la mère qui grossissent lors de la croissance de ses nouveau-nés. Il est également riche en graisses, un peu comme le lait des mammifères. Cette ressource nutritive peut aider à expliquer comment les nouveau-nés grandissent si rapidement - augmentant leur masse jusqu'à 130 pour cent au cours de la première semaine alors qu’ils ne s’éloignent jamais de leur mère. Les chercheurs à présent se demandent s’il existe des conflits entre frères et sœurs pour l'accès au lait et comment cette compétition pourrait se dérouler. Ils se demandent aussi si cette production de lait affecte la maman. Car chez les mammifères, la lactation est une période très coûteuse en énergie. Notons qu’en dehors des mammifères et de certains de ces amphibiens, on trouve des productions de lait chez certaines araignées, poissons, blattes et oiseaux. Cette découverte sur un amphibien suggère que l’évolution des soins parentaux dans la vie animale est plus complexe et diversifiée qu’on ne le pensait. Si je t’avais demandé de me citer un animal migrateur, sans doute aurais tu d’abord pensé à un oiseau. Je me trompe ? Qu’il soit un petit passereau, une oie, une cigogne ou un manchot, tous sont des exemples bien connus pour les longs voyages migratoires qu’ils réalisent annuellement. Mais les oiseaux ne sont pas les seuls à migrer chaque année. On peut citer des mammifères comme des baleines ou des rennes, des poissons comme les saumons, des amphibiens ou encore des tortues. Et je veux bien mettre ma main au feu que personne n’aurait pensé d’emblée à un insecte migrateur. Ils sont en effet beaucoup moins célèbres que les oiseaux pour leurs migrations, et pourtant de nombreux insectes mériteraient toute notre admiration. J’aurais pu te parler des criquets pèlerins ou des libellules, mais j’ai préféré te décrire le voyage incroyable entrepris par les monarques (Danaus plexippus L.). Et donc dans cette vidéo, je te propose de plonger ensemble dans la fantastique épopée que ce papillon vit chaque année lors de son étonnante migration, un voyage épique qui le mène du Canada jusqu'aux forêts mexicaines. Prépare-toi, je te garantis que tu seras émerveillé par la détermination du papillon monarque.
Les animaux migrent pour différentes raisons qui sont systématiquement liées à leur survie. La principale motivation des espèces migratrices est la recherche de nourriture : ces animaux changent de régions pour se rendre là où leur nourriture est plus abondante, que ce soient des plantes ou des proies. Mais ils peuvent aussi se mettre en recherche d’une zone de reproduction, comme des aires de nidification pour les oiseaux ou des zones de frai pour les poissons. Les migrations peuvent aussi être motivées par les changements saisonniers, et dans ce cas les animaux migrent pour éviter les hivers rigoureux ou les étés trop chauds. Ils migrent aussi parfois pour éviter leurs prédateurs ou éviter la compétition avec d'autres espèces. Et souvent la migration est motivée par plusieurs de ces raisons simultanément. Je te ping d’ailleurs là-haut une vidéo fascinante sur les lemmings, dont les migrations sont très dangereuses. Mais j’en reviens au monarque. Ce magnifique papillon mesure une dizaine de centimètres et ne pèse pas plus d’un demi-gramme. Ses ailes arborent fièrement leurs colorations vives qui tranchent habituellement avec son environnement, puisqu’elles sont colorées de nuances de rouge, d’orange et de jaune, et sont ponctuées de taches claires et tranchées par d’épaisses nervures sombres. Si habituellement les insectes tentent de passer inaperçus aux yeux de leurs prédateurs, la stratégie choisie par le monarque est tout opposée. Ses couleurs franches informent les oiseaux de son mauvais gout. Il faut donc voir ces couleurs comme un signal qui clignote et qui dit « ne me mange pas ou tu le regretteras ». Le monarque n’est pas toxique de naissance. Il acquière son poison interne en consommant des plantes bien particulières alors qu’il n’est qu’une chenille : les asclépiades. Les feuilles de ces végétaux ne sont pas simplement nutritives, elles contiennent aussi des cardénolides. Ces molécules neurotoxiques sont fabriquées par la plante pour se protéger contre les insectes qui tentent d’en manger les feuilles. Habituellement, cela agit relativement bien : une fois ingérées, ces toxines tuent les insectes en empêchant leur système nerveux de fonctionner correctement, ce qui le conduit à une mort rapide. Mais ce n’est pas le cas pour les chenilles du monarque qui ont réussi à contourner cette stratégie de défense : au lieu de digérer ces produits dangereux, les chenilles les absorbent puis les séquestrent dans leur corps, avant qu’ils ne puissent leur être néfastes. Les poisons sont accumulés puis conservés dans le corps du papillon, une fois que la chenille a effectué sa métamorphose. Les nombreuses espèces d’oiseaux insectivores ont appris à éviter les papillons monarques. Bien sûr ils ont gouté un de ces insectes au début de leur vie. Mais leur gout amer leur a causé des vomissements si désagréables qu’il est hors de question d’y gouter à nouveau. Les oiseaux ont donc associé cette mauvaise expérience culinaire aux colorations orangées prononcées du papillon, et évitent de consommer tout ce qui y ressemble. On parle d’aposématisme. Cette stratégie consiste pour un animal à envoyer un signal clair à ses prédateurs pour les avertir de son mauvais gout. Ce signal est, le plus souvent, une coloration vive qui tranche avec l’environnement. Mais revenons à la migration des monarques : ces papillons n’ont pas seulement trouvé un moyen de se défendre contre leurs prédateurs, ils ont également trouvé comment survivre à la rudesse de l’hiver canadien. A l’instar des oiseaux migrateurs, ils ont choisi de fuir vers des terres plus hospitalières. Et l’heure du grand voyage se rapproche à mesure que les jours raccourcissent et que les températures baissent. A l’automne, les monarques quittent donc leur terre natale pour entreprendre le plus long voyage de leur vie : de quatre à cinq mille kilomètres en direction du Sud et deux mois de vol pour les emmener jusqu’au Mexique, leur terre promise … leur terre d’hivernage. Pour traverser les États-Unis, ils doivent faire défiler sous leurs ailes cinquante kilomètres chaque jour. Leur destination se trouve au cœur des forêts d’Oyamels, localisées dans les régions montagneuses de l’état du Michoacán, au centre du pays. Pour être totalement exacte, quelques populations de monarques, localisées à l’extrême Ouest et l’extrême Est du continent Nord-Américain, rejoignent plutôt la Californie ou la Floride pour passer l’hiver. Mais dans tous les cas, ils peuvent compter sur le soleil pour s’orienter, ainsi que sur une boussole interne qui leur permet de percevoir le champ magnétique de la Terre et de garder le Sud en ligne de mire. Après deux mois de voyage, les papillons arrivent sur place. Ils se rassemblent sur une poignée d’hectares de forêt. Ces forêts d’Oyamels sont la destination parfaite : ils n’y sont pas exposés au gel qu’ils auraient subi dans leur aire native au Canada. Mais il n’y fait pas non plus trop chaud. Au contraire, c’est important qu’il y fasse un peu froid, suffisamment en tout cas que pour allonger leur espérance de vie, suffisamment longtemps pour tenir jusqu’à la fin de l’hiver. Ça peut paraitre étrange je le reconnais, mais chez les insectes, le froid ralenti le métabolisme et donc la consommation de ressources, et donc l’espérance de vie. Dans ces forêts d’Oyamels, de très imposants conifères les attendent. Ces arbres poussent à l'état naturel sur les versants élevés et exposés à l'humidité au sein des montagnes mexicaines. Chacun d’eux accueille des milliers, voire des millions de monarques en provenance du Nord du continent. Les papillons sont parfois si nombreux que l’écorce des troncs est à peine visible et qu'il est possible de les entendre voler. Les papillons affectionnent particulièrement ces arbres là car leur tronc agirait comme un tampon de température, dégageant de la chaleur pendant la nuit, mais étant plus froid que l'air ambiant pendant la journée. Ces arbres sont donc essentiels à la survie des monarques, si bien que la réserve naturelle qui accueille les Oyamels et les monarques au Mexique est aujourd’hui classée « patrimoine mondial » par l’UNESCO. Épuisés par leur voyage et poussés par la fraicheur du climat local, les monarques entrent en diapause : un état de dormance qui va durer trois mois et pendant lequel leurs fonctions vitales tournent au ralenti. Ils accumulent et stockent des lipides, des protéines et des glucides. Les lipides empêchent le dessèchement de l’insecte, mais surtout ils fournissent des réserves d'énergie, qui sont utilisées comme carburant pour maintenir l’insecte en vie tout au long de sa diapause et jusqu’à ce que les jours se rallongent à nouveau. Peu avant le début du printemps, ils se réveillent et s’apprêtent à reprendre la route pour retourner au Canada. Malheureusement, il leur sera impossible de réaliser à nouveau l’exploit d’un si long périple. C’est ainsi qu’en cours de route, quelque part sur le territoire américain, ils se posent et jettent l’éponge. Mais pas avant de s’être assuré que leur descendance poursuivra l’aventure. Ils s’accouplent donc et déposent leurs œufs sur des asclépiades. Quelques jours plus tard, les chenilles devenues papillons poursuivent le voyage, puis abandonnent à leur tour en chemin et se choisissent de nouvelles asclépiades pour s’accoupler et déposer de nouveaux œufs. C’est ainsi que jusqu’à quatre générations de papillons doivent ainsi se succéder pour rejoindre le Canada, aux alentours du mois de juin. Quelques mois plus tard, le cycle recommence et le grand voyage doit être à nouveau réalisé. Les populations de monarques sont en déclin depuis plusieurs années : proche du milliard d’individus en 1997, les papillons n’auraient été que cinquante millions en 2015. Aujourd’hui, ils n’occupent que quelques hectares de forêt d’Oyamel, contre cinquante hectares à la fin des années 80. Les causes semblent multiples. Le monde scientifique s’accorde pour pointer du doigt les changements climatiques (qui dérèglent les conditions météorologiques sur le site d’hivernage) ainsi que l’usage d’herbicides à base de glyphosate aux États-Unis, qui fait disparaître l’asclépiade, plante essentielle à la multiplication des monarques durant leur voyage de retour. Nous sommes en 1895, dans la ville de San Marcos, dans l’État du Texas, au Sud des États-Unis. La commission nationale de la pêche vient de forer un puit en plein cœur de la ville. Les ouvriers ont creusé sur une profondeur de 188 pieds, soit environ 57 mètres. Le puit a expulsé à l’air libre de l’eau à des débits fous de plusieurs milliers de litres à la minute. Cette eau provenait d’un réseau de grottes souterraines, complètement immergées. Le personnel en charge du forage constate rapidement qu’avec l’eau, des animaux étranges étaient crachés depuis les entrailles de la terre. Ces petites bêtes gisent au sol, certaines sont minuscules, d’autres mesurent parfois une dizaine de centimètres de long. Si certaines de ces bêtes sont identifiées aisément par les hommes au travail, d’autres leur paraissent étrangères, et même fantomatiques. A cette époque, Léonhard Stejneger est responsable du département des reptiles et amphibiens au musée national d’histoire naturelle des Etats-Unis. Ce Norvégien, naturalisé Américain quelques années plus tôt, rentre d’une longue expédition sur les îles Komandorski, à l’extrême Est de la Russie, lorsqu’il reçoit un message l’informant de ce qu’il se passait à San Marcos. Malgré la fatigue liée à sa récente expédition, il décide de se rendre sur place sans attendre.
On le guide jusqu’au site de forage, et il se met au travail, recueillant autant de ces petits animaux que possible, avant de retourner dans son laboratoire de fortune improvisé sur place. Il identifie de nombreux petits mollusques et crustacés éjectés du puits. C’étaient les animaux les plus abondants, et bien que Léonhard Stejneger ne soit pas un spécialiste de ces animaux là en particulier, il se rend bien compte qu’ils étaient un peu différents des escargots et autres crevettes qu’il avait eu l’occasion d’étudier durant ses études. Il note notamment que tous, étaient aveugles. Les yeux habituellement observés sur la tête des crevettes, étaient ici, toujours absents. Il faudra quelques années de travail à d’autres scientifiques pour démontrer qu’il s’agissait en effet d’espèces nouvelles pour la science. L’attention de notre spécialiste des amphibiens est évidemment tournée vers les quelques salamandres éjectées avec l’eau du puit. Leur allure fantomatique l’intrigue : longues d’une douzaines de centimètres, leur peau est blanche, totalement dépigmentée. Leurs pattes sont courtes et frêles. Il n’en avait jamais observé de pareilles précédemment. Léonhard Stejneger l’affirme : des pattes si menues ne peuvent supporter le poids de leur corps. A l’inverse, toutes les mensurations de la queue étonnent le scientifique. Comme classiquement observé chez les salamandres, la queue est comprimée latéralement, mais sa longueur et son épaisseur surpassent tout ce qu’il a vu durant sa carrière. Dans ses premiers rapports, il affirme sans hésiter : « Les proportions extraordinaires de leur corps, absolument uniques pour l'ordre auquel elles appartiennent, suggèrent des conditions de vie inhabituelles ». Et il va plus loin : cette salamandre semble n’être jamais sortie de l’eau. D’autres surprises attendent Léonhard Stejneger. L’herpétologue sait qu’à l’état larvaire, les salamandres possèdent des branchies positionnées sur la tête. Ces dernières se retrouvent à l’intérieur de la tête une fois l’animal plus âgé. Puisque tous les individus qu’il a sous les yeux ont des branchies externes, il les suspecte tous d’être des juvéniles et en conclut que, malheureusement, aucun adulte n’a été remonté à la surface par le puits. L’homme est prévoyant heureusement, si bien qu’il avait emmené avec lui son matériel de dissection. Il décide donc d’ouvrir le corps d’une salamandre expulsé sans vie du puits. Et là, surprise suivante : il observe des œufs dans le corps d’une femelle. Le voilà obligé de revoir sa conclusion. Malgré leur allure de bébés, ces salamandres sont bien toutes des adultes, mais des adultes qui ont conservé un corps de jeune. On parle de néoténie. Le corps de cette nouvelle espèce de salamandre témoigne d’un milieu de vie et de comportements aussi originaux que surprenants. Au lieu d’alterner entre milieu aquatique et terrestre, comme les autres salamandres, la fébrilité de leurs pattes suggère qu’elles passent leur vie exclusivement dans l’eau, où la pesanteur est un maigre problème à surmonter. Leurs pattes n’ont donc jamais à soutenir le poids de leur corps. La taille importante des branchies externes suggère au scientifique que les eaux souterraines dans lesquelles elles vivent sont très appauvries en oxygène. Quant aux yeux, ils sont complètement atrophiés, réduits à deux minuscules points noirs recouverts d’une couche de peau. Ce qui suggère que cet animal n’a jamais vu la lumière du soleil, ni lui, ni ses ancêtres, au cours des derniers millions d’années. Par ailleurs, son corps tout entier se trouve dépourvu de pigmentation : si bien que sa peau est translucide. Léonhard Stejneger nomme cette nouvelle espèce troglodyte la salamandre aveugle du Texas (Eurycea rathbuni). Il déclare « Ces animaux, par leur absence d'yeux et leur couleur blanche, se sont immédiatement proclamés habitants des cavernes, mais leurs proportions extraordinaires suggèrent des conditions de vie inhabituelles, qui seules peuvent avoir produit des caractéristiques physiques aussi prononcées ». Isolée, coupée du monde depuis des millénaires, cette salamandre peut aussi se targuer de se situer au sommet de la chaine alimentaire. Cette chasseuse se nourrit de toutes les petites bêtes qui ont aussi été éjectées par l’eau du puit, et qui elles aussi sont parvenues à survivre dans ce milieu hostile. Mais comment notre salamandre peut-elle chasser si elle n’a pas d’yeux ? Et bien elle a développé une technique de chasse originale et extrêmement efficace. L’évolution a doté sa peau d’une infinité de capteurs sensoriels qui lui permettent de percevoir le moindre mouvement d’eau induit par une crevette nageant à proximité. Une sorte de radar interne, bien nécessaire tant la nourriture est rare dans ces grottes submergées. Vous savez que les salamandres ont traditionnellement la faculté de régénérer un membre qui leur serait sectionné à la suite de l’attaque d’un prédateur. Et bien malgré le fait que notre salamandre aveugle n’ait eu à faire face à aucun prédateur au cours de ses millions d’années d’évolution souterraine, elle n’a jamais perdu cet héritage de ses ancêtres, et peut donc toujours régénérer un membre sectionné. Les partenaires ne sont pas moins rares que la nourriture. Pour trouver un mâle, une femelle a le nez fin. Elle se met en recherche d’un partenaire qui aurait laissé derrière lui, dans l’eau, des odeurs aphrodisiaques. La future mère suit cette piste olfactive et en recherche avidement le responsable. Alors que les odeurs se font de plus en plus fortes, sa peau commence à percevoir des mouvements d’eau inhabituels, d’une intensité telle que seul un organisme d’une taille comparable à la sienne peut en produire : un mâle se trouve à proximité ! Reste à présent à le séduire. Pour convaincre ce potentiel compagnon de lui céder ses spermatozoïdes, la femelle frotte son menton sur le dos de son partenaire. Elle balance son corps d'avant en arrière. Si le mâle est hésitant, elle prend le risque de lui mordiller le flanc tout en grattant le sol à l’aide de ses pattes. Et en dernier ressort, elle monte sur le dos du mâle et commence à s’y frotter. Il se fait désirer ce coquin, mais lorsqu’il finit par accepter, il dépose au sol une poche remplie de spermatozoïdes. La femelle y pose alors ses propres organes reproducteurs, et se retrouve fécondée, en l’absence d’un réel accouplement. La salamandre aveugle du Texas est un cas exceptionnel d’espèce endémique, puisqu’on ne la retrouve que dans ce réseau de grottes souterraines et inondées, localisée à proximité de la ville de San Marcos. Le nombre d’individus s’est terriblement réduit notamment à cause des divers polluants ruisselant de la surface jusqu’à son habitat. Le gouvernement américain la considère donc aujourd’hui comme espèce à protéger. Dans cet article, je brise 10 légendes communes sur les animaux 1. Le nombre de points d’une coccinelle t’informe sur son âge : Vrai ou Faux ? Des coccinelles il en existe des centaines d’espèces. Exactement comme il existe plusieurs espèces de grenouilles ou de corbeaux. Et la plupart des espèces de coccinnelles ont un nombre de points fixe, déterminé dès la naissance et qui n’évolue pas au cours de la vie de la coccinelle. Il y a par exemple la coccinelle à 2-points, la coccinelle à 7-points, la coccinelle à 14-points et la coccinelle à 22 points . Bon par contre il y a des espèces qui viennent mettre le bazar dans mon explication, c’est le cas des coccinelles asiatiques, très présentes en Europe depuis une 30aine d’années, et qui peuvent avoir très peu de points ou au contraire beaucoup. 2. Le ver de terre peut régénérer après avoir été coupé Lorsque l'on scinde le corps d'un ver de terre en deux, on peut observer les deux parties se tortiller pendant un certain temps, donnant l'impression que le ver de terre coupé en deux a laissé place à deux êtres vivants. Malheureusement, la réalité est toute autre. Il ne peut pas reconstituer deux nouveaux vers. On n'en a pas forcément conscience en observant les lombrics à l'œil nu, mais le corps du ver de terre est organisé comme celui de nombreux êtres vivants, avec une tête à l’avant, et un derrière à l’arrière. A l'avant, on retrouve ses organes vitaux essentiels, comme le cerveau, ses quatre cœurs ou encore sa bouche et ses organes reproducteurs. Couper un ver de terre en deux va immanquablement blesser, voire tuer, l'animal. Mais si la coupure détache la partie arrière sans endommager les organes vitaux de la partie avant, alors le ver de terre a des chances de survivre. Il peut en effet régénérer ses tissus au niveau de la blessure. Mais ce n’est pas systématique. Donc oui, le ver de terre peut régénérer après avoir été coupé en deux. 3. Si tu touches un crapaud tu n'attraperas pas de verrues. De nombreuses grenouilles et crapauds ont des bosses sur la peau qui ressemblent à des verrues. Certaines personnes pensent que ces verrues sont contagieuses. Pourtant les verrues que tu as peut-être déjà eu sur tes pieds ou tes mains sont causées par un virus humain, qui est uniquement véhiculé par les humains, et non pas par le contact avec des crapauds. La question est de savoir comment cette croyance est née. Et la réponse semble ici assez évidente lorsque l’on observe la texture de la peau bosselée et verruqueuse de certains crapauds. Leur peau leur fournit protection et un excellent camouflage. Et certaines de ces « verrues » (faire signe guillemet avec les mains), notamment celles situées près de leurs yeux, contiennent une toxine laiteuse qui leur donne un goût nauséabond pour les prédateurs. Et qui peuvent aussi irriter ta peau. Je ne te conseille pas de les toucher bien sûr, mais ce qui est certain ce qu’ils ne te transmettront pas de verrues. 4. Les poux sont incapables de sauter. Ne les confonds pas avec les puces. Ces deux insectes apprécient les poils de toutes sortes, mais ils n’ont pas les mêmes techniques pour les coloniser. Les puces ont de très longues pattes postérieures, qui leur permettent de sauter très haut. On parle de 200 fois leur propre taille tout de même. Ce qui à échelle humaine équivaut à sauter au-dessus de la tour Eiffel. Par contre les poux eux n’ont pas ces pattes adaptées au saut. A la place ils ont des crochets pour rester solidement accrochés à tes cheveux, ce qui explique pourquoi il est si compliqué de les en détacher. Ils passent de tête chevelue à tête chevelue par contact de deux personnes. C’est pourquoi la transmission est aisée chez les jeunes enfants. 5. Les bosses des chameaux et dromadaires sont des réserves de graisse. C’est l’occasion de rappeler que les chameaux ont deux bosses, alors que les dromadaires n’en ont qu’une. Le dromadaire et le chameau sont deux animaux qui vivent dans des milieux hostiles. Ils peuvent parcourir jusqu’à 50 km en une journée sans boire, ni manger. Pour survivre, tous deux puisent dans leurs réserves d’énergie stockées dans leurs fameuses bosses. Cette énergie est présente sous forme de graisses (et pas d’eau). La bosse d’un dromadaire peut en contenir jusqu’à 15 kilos, quand celles du chameau peuvent en contenir plus de 10 kilos chacune. Plus le jeûne des deux animaux est long, plus ils puisent dans leurs réserves de graisse. Leurs bosses peuvent ainsi s’affaisser, jusqu’à totalement tomber sur le côté. Puis, dès lors que les deux animaux ont repris des forces, leurs bosses se repositionnent progressivement à la verticale. 6. La couleur des moules n'informe pas sur le sexe femelle ou mâle. Déjà je parie que tu ne t’étais jamais posé la question de s’il y avait des moules mâles et des moules femelles, pas vrai ? Et oui une vieille croyance suggère que la couleur de la chaire indique le sexe. Certains avancent que la couleur orangée de la chaire serait synonyme de femelle, la couleur blanche synonyme de mâle. Mais il n’en est rien. La couleur de la chaire des moules est codée dans les gènes, et ne permet pas de faire la différence de manière sérieuse entre mâle et femelle. 7 La mère oiseau ne rejette pas ses petits si tu les touche. La plupart des oiseaux ont en fait un odorat peu développé, et ne remarqueront aucune de tes odeurs. Mais tu fais peut-être partie de ces personnes qui vont se préoccuper en découvrant un oisillon au sol. Tu voudras peut-être le ramener dans son nid. Pourtant s’il est au sol, c’est très probablement parce qu’il est en train d’apprendre à voler. Et donc il ne devrait pas être dérangé. D’ailleurs soyons clair, ils n’ont pas de tes conseils pour apprendre à battre des ailes. L'histoire a peut-être été inventée pour empêcher les gens de manipuler les jeunes oiseaux au sol. Non le mieux à faire si tu veux les aider c’est de garder ton chat à l’intérieur de la maison à la période d’envol des jeunes passereaux. Lui, il n’hésitera pas à les toucher. Et à les tuer. Pour être complet il y a des exceptions d’oiseaux avec un bon odorat. Les vautours détectent à l’odeur des charognes bien cachées. 8 Les cloportes sont des crustacés Ce ne sont pas des insectes. Rappelez-vous cette règle simple : « tout ce qui a 6 pattes est un insecte ». Il suffit de retourner un cloporte pour se rendre compte qu’il en a beaucoup plus : 14 pattes ! Comme les crabes ou les crevettes, le cloporte est un crustacé. Mais un crustacé qui s’est dit un jour : la vie dans une mer chaude et turquoise peuplée de poissons et de coraux colorés, non, ce n’est pas pour moi. Moi mon truc, ce sont les vieilles souches d’arbres ou les caves humides, en compagnie des rats et des araignées. Il faut respecter le choix de chacun ! Ce sont des êtres vivants qui ont malgré tout besoin de beaucoup d’humidité. Et qui sont très importants puisqu’ils participent à la décomposition de la matière organique. 9 L’autruche n'enterre pas sa tête dans le sable en cas de danger. Toi aussi tu as grandi avec ces dessins animés mensongers? En fait c'est une illusion d'optique ! Les autruches sont les plus grands oiseaux vivants, mais leur tête est plutôt petite. Si bien que si tu les vois de loin picorer le sol, tu auras peut-être l'impression que leur tête est enfouie dans la terre. Pourtant, si elles faisaient cela, elles ne pourraient pas respirer ! Mais ce qui est vrai c’est qu’elles creusent des trous dans la terre pour les utiliser comme nids pour leurs œufs. Et plusieurs fois par jour, l’oiseau met la tête dans le trou et retourne les œufs. Laissant ainsi l’impression qu’ils cachent leur tête dans le trou. Et donc non, cela n’a rien à voir avec l’arrivée d’un danger qu’elles chercheraient à ne pas voir. 10 Les moustiques ne sont pas attirés par la lumière. Les moustiques femelles ont besoin de sang pour faire maturer leurs œufs. Donc premier élément, il n’y a que les femelles qui sucent le sang. Les mâles pas. Madame moustique doit donc trouver un animal, et la lumière n’est absolument pas un signal intéressant. Si elle est guidée par ta chaleur corporelle, elle a en revanche de très mauvais yeux. Donc, elle va prioritairement utiliser des signaux olfactifs : le dioxyde de carbone que tu expire et tes odeurs corporelles. Et nous n’avons pas les mêmes odeurs, ce qui explique pourquoi tu es peut-être plus piqué que ton pote ou ton conjoint. Mais je te rassure, si ton odeur est liée à ton hygiène, elle est aussi liée à ton alimentation ou simplement à tes gènes. Et eux, bein tu ne peux pas les changer. C’est la faute de tes parents. Les moustiques sont surtout actifs en été, quand on laisse les fenêtres ouvertes. Alors cette croyance elle vient certainement du fait qu’on allume la lumière de la pièce où on se trouve. Résultat on a associé lumière et attraction de moustiques, alors qu’en fait ils utilisent le CO2 qu’on émet en expirant et qui s’échappe par la fenêtre. |
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AuteurFrançois Verheggen, Professeur de Zoologie, Université de Liège Archives
Septembre 2024
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