Tous les parents du monde ne font pas du bon boulot. Et le règne animal regorge de pères et de mères exécrables. Sur ce sujet j’ai l’embarras du choix, mais j’ai choisi de vous parler du quokka. Le quokka, cette « sorte de rat, aussi gros qu’un chat domestique ». C’est pas moi qui le dit, ce sont les mots du Néerlandais, Willem de Vlamingh, qui a décrit le Quokka pour la première fois à la fin du 17ème siècle, après avoir foulé le sol d’une île nouvellement explorée, située à une vingtaine de kilomètres des côtes du Sud-Ouest australien.
Il a d’ailleurs nommé cette île Rottnest qui veut littéralement dire « nid à rats ». Et l'île porte toujours ce joli nom aujourd’hui. Le Quokka n’a pourtant rien d’un rat. En réalité, il ressemble beaucoup aux autres wallabies qui peuplent l’Australie : sa fourrure est courte, très grossière et épaisse, de couleur gris-brun sur la plus grande partie du corps. Il pèse de 3 à 4 kilos et mesure environ 50 centimètres. Le quokka est l’une des très nombreuses espèces animales endémiques de l’Australie. Contrairement aux koalas, les quokkas se nourrissent des feuilles, tiges et racines de nombreux végétaux. Leur besoin en eau est considérable : cette eau douce est trouvée directement dans leur alimentation. Comme les vaches, il arrive que les quokkas régurgitent leur nourriture afin de la mâcher une seconde fois. Cette stratégie leur permet d’ingurgiter une grande quantité de nourriture dans des zones dangereuses car exposées aux prédateurs, puis de mastiquer convenablement celle-ci une fois à l’abri. Une autre particularité comique liée à l’alimentation des quokkas : ils stockent de la graisse dans leur queue, et puisent dans ces réserves lorsque la nourriture vient à manquer. Quand ils mangent trop, ils ont donc la queue qui gonfle. Comme le kangourou, le quokka est un mammifère marsupial : leurs jeunes naissent très tôt -après un mois de gestation- mais dans un état de développement précoce que l’on nomme larve marsupiale. Ces larves rejoignent alors une poche ventrale -le marsupium- où sont protégées les mamelles de leur mère. Les quokkas qui vivent sur le continent doivent faire face aux attaques de renards. Et bien qu’ils n’aient pas de moyen de se défendre, les jeunes mères ont leur technique bien à elle … pour sauver leur peau. Les scientifiques ont observé, un peu par hasard, cette technique lors de travaux réalisés sur le terrain. Leur boulot consistait à attraper des quokkas afin de leur placer des colliers munis de puces GPS. A l’approche des chercheurs, les femelles prises au piège tentent de s’échapper. Les chercheurs ont constaté que dans ce mouvement de panique, un petit peut être expulsé de la poche marsupiale. Il tombe alors au sol, se met à gesticuler et à « siffler » bruyamment. Bon, voyant que leur vie n’est pas en danger, les mères récupèrent systématiquement leur jeune, et les replacent au chaud dans la poche. Excès de panique ? Simple accident ? Sachant que ces marsupiaux possèdent de nombreux muscles puissants au niveau de leur poche, il est peu probable que l’ouverture de celle-ci soit parfaitement involontaire. Non non non, mesdames quokkas, les chercheurs vous ont jugé COUPABLE ! La décontraction de la poche marsupiale est considérée par les scientifiques comme un moyen de défense volontaire contre les prédateurs. Lorsqu'une mère prend conscience d’une attaque d’un prédateur, elle décide d’expulser son petit. Ses cris attirent l'attention du prédateur qui se délecte du jeune et se détourne donc de la mère en fuite. Les quokkas ne sont pas les seuls. Des comportements comparables ont été observés chez d'autres marsupiaux comme les kangourous gris ou les wallabies. Alors jugez pas trop vite ces mères : ce comportement s’explique au regard des très faibles chances de survie des femelles qui ne pratiqueraient pas ce comportement. Autant sauver sa vie et espérer pouvoir donner de nombreuses autres naissances durant le reste de leur vie sauvée. En savoir plus: Hayward MW, De Tores PJ, Augee ML, Banks PB (2005). Mortality and survivorship of the quokka (setonix brachyurus) (macropodidae : Marsupialia) in the northern jarrah forest of western australia. Wildlife Research, 32(8), 715-722.
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AuteurFrançois Verheggen, Professeur de Zoologie, Université de Liège Archives
Novembre 2024
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