Les insectes sont les animaux les plus diversifiés du règne animal. Sur 10 espèces décrites par l’Homme, 9 sont des insectes. Cependant, une ombre s'abat sur cette incroyable diversité, et depuis une quinzaine d'années, les rapports se succèdent, laissant un constat indéniable : les insectes disparaissent ! Nous faisons face à un déclin généralisé des populations d’insectes. Tant dans leur nombre, que leur diversité. Tous les ordres principaux d’insectes sont touchés, papillons, mouches, scarabées, abeilles… Nous sommes les témoins d’une extinction qui a lieu en direct devant nos yeux, et dont nous sommes responsables. Alors oui bien sûr on se doutait depuis un moment qu’ils étaient moins nombreux. Si vous conduisiez déjà une voiture au 20ème siècle, vous savez que votre pare-brise est beaucoup moins couvert d’insectes morts aujourd’hui, qu’il y a 30 ans. Depuis longtemps la science a bien documenté la disparition des pollinisateurs. Mais les données obtenues au cours des dernières années étonnent à la fois les scientifiques et le grand public, à cause de l’étendue et de la gravité de la disparition de tous les insectes. Dans ce article, je vais explorer avec toi les sombres secrets du déclin des insectes. Je vais te démontrer qu’ils sont de moins en moins nombreux et de moins en moins diversifiés. Je vais aussi te parler des causes de leur disparition et donc des solutions à apporter. Car le destin des insectes est intimement lié au nôtre, et l'avenir de notre planète dépend de notre capacité à agir maintenant. Contexte Nous connaissons une grave crise de la biodiversité, et aujourd’hui je ne vous parlerai que des insectes. Les archives fossiles, qui remontent à plusieurs centaines de millions d’années suggèrent que ce n’est pas la première fois dans l’histoire de la vie sur Terre que la classe des insectes subit un déclin important. Dans ces archives géo-biologiques on peut lire qu’il y a déjà eu des extinctions massives d'insectes dans le passé, mais que celles-ci ont été causées par des phénomènes naturels tels que des activités volcaniques ou des impacts de météores. C’est ainsi par exemple que l’extinction du Permien-Trias, qui date d’il y a 250 millions d’années, a conduit à la plus grande extinction d’insectes que la terre ait connue. Des populations d’insectes qui se sont ensuite re construites, mais attention, je vous parle d’évènements qui ont duré des millions d’années. « Haaaa mais alors il n’y a pas de problème, elles vont s’en remettre tes petites bêtes ». Non, ici c’est pas pareil. Car l’extinction actuelle des insectes, elle est causée par l’Homme, et elle est fulgurante ! Comme je vous le disais en introduction, l’inquiétude concernant une extinction d’origine humaine s’est accrue depuis la fin du 20e siècle, bien qu’une grande partie des premières inquiétudes ne se soient pas concentrées sur les insectes. Au siècle dernier on a abondamment documenté la disparition des oiseaux, des chauves-souris, ou des grands mammifères terrestres, mais on n’a pas vraiment donné beaucoup d’attention aux insectes. Une raison en est le manque d'espèces d'insectes très charismatiques. C’est plus facile de recevoir des sous pour étudier la disparition des orang-outans ou des rhinocéros blancs, que l’Eupithécie du Cyprès. Vous voyez ce que je veux dire. Le déclin de la biodiversité Dans les années 2010, de nombreux rapports ont fait état d'un déclin généralisé des insectes. Ce déclin, il faut le voir à deux niveaux : d’un côté il y a l’abondance – ou simplement le nombre d’insectes sur un territoire donné, et de l’autre il y a la diversité des insectes. Je vais te parler du déclin de l’abondance des insectes dans un instant, mais avant je veux clarifier cette idée de diversité. La diversité spécifique, c’est le nombre d’espèces que l’on retrouve sur un territoire donné. Et ce n’est pas la même chose que l’abondance, même si souvent les deux sont liés. Prenons un exemple : imagine deux jardins. Dans le premier jardin, on laisse la nature se développer, il y a un tas de bois, des haies, des arbres, des hautes herbes. L’autre est juste composé d’un gazon bien tondu à ras, à l’exception d’un petit coin où des choux ont été plantés. Dans notre jardin sauvage, on retrouve des dizaines d’espèces d’insectes, dans le bois, sur les fleurs, dans le sol. La diversité spécifique y est importante. Dans le jardin tondu, il n’y a pas un chat, à l’exception d’une population de pucerons qui se multiplie sur les choux, sans aucun contrôle naturel. Les pucerons sont des milliers sur les choux. La diversité est faible (une seule espèce d’insecte) mais l’abondance est aussi très importante. Depuis plusieurs années, les chercheurs tirent la sonnette d’alarme à propos de la perte de biodiversité d’insectes. Lorsque l’on observe les pollinisateurs, on constate que le nombre d’abeilles différentes est bien plus faible que dans le passé. Il y a 15 ans lorsqu’avec mon équipe, nous étudions la diversité des coccinelles dans les terres agricoles, nous pouvions observer sur une journée plus de 10 espèces différentes de coccinelles. Aujourd’hui, quand on en trouve 3, on peut s’estimer heureux. Peut-être vous rappelez vous de la coccinelle à deux points. J’ai à la maison quantité de livres où elle est joliment illustrée. Pourtant aujourd’hui, mes filles et moi peinons à observer cette petite coccinelle à l’extérieur. En revanche, les coccinelles asiatiques ou les coccinelles à 7 points sont présentes et très abondantes dans le Nord de la France et en Belgique. On n’a pas perdu en nombre de coccinelles, on a perdu en diversité. Dans son rapport annuel de 2012, la société zoologique de Londre a suggéré que la diversité d'insectes est en déclin à l'échelle mondiale. Toujours selon cette société savante, environ 20% de toutes les espèces d’invertébrés (donc les insectes mais aussi les vers ou les limaces) 20% seraient menacées d'extinction, une menace qui toucherait principalement les espèces les plus petites et les moins mobiles. Le déclin de la quantité Mais l’étude qui a réellement fait grand bruit dans la presse du monde entier, c’est un travail allemand, qui date de 2017. D’ailleurs suite à ce travail, certains collègues étrangers n’ont pas hésité à parler d’Apocalypse, ou d’Armageddon écologique. Cette recherche allemande est basée sur le travail de dizaines d'entomologistes. En Allemagne, ces spécialistes des insectes ont compté et identifié les insectes au sein de zones protégées et à l’aide de méthodes scientifiques très robustes. Ils ont utilisé des tentes spéciales appelées pièges malaise et ont pu ainsi dénombrer les insectes volants dans 63 réserves naturelles. Une donnée leur a tout de suite semblé étonnante… Ils ont constaté qu’ils capturaient bien moins d’insectes qu’avant. Et plus particulièrement de poids total des insectes collectés. En moyenne 76 % de moins par rapport aux inventaires d’il y a 27 ans, et même 82 % de moins pour la période estivale, c’est-à-dire lorsque le nombre d'insectes devrait être à son apogée. Le travail démontre que chaque année, on perd 5 % des insectes volants dans ces réserves naturelles. Ce n’est donc pas du tout comparable à ce qui s’est produit lors de l’extinction du Permien-Trias d’il y a 250 millions d’années, qui elle s’est produite graduellement sur plusieurs millions d’années. Cette étude allemande a fait grand bruit, car les rapports précédents sur le déclin des insectes se limitaient à des insectes particuliers, tels que les papillons des prairies européennes. Cette recherche-ci était plus large, puisqu’elle s’intéressait à tous les insectes volants, y compris les guêpes et les mouches, qui sont rarement étudiés. Et le fait que les échantillons aient été prélevés dans des zones protégées rend les résultats encore plus inquiétants. Ces zones sont des réserves naturelles bien gérées, la biodiversité devrait donc s’y épanouir. Pourtant, malgré les efforts de protection, ce n’est pas le cas, et un déclin spectaculaire par son ampleur et sa rapidité s’est produit. Ce qui a fait dire au célèbre écologue Dave Goulson en 2017 dans une interview au Gardian : « Les humains transforment de vastes étendues de terre en zones inhospitalières à la plupart des formes de vie, et nous sommes actuellement sur la bonne voie pour un Armageddon écologique. » Quelques nuances à apporter Alors à ce stade, permets-moi d’apporter quelques nuances à ce tableau fort sombre, j’en conviens.
Conséquences de toutes ces nuances, et bien en 2019, la société américaine d’entomologie a déclaré qu'il n'y avait pas encore suffisamment de données pour prédire une extinction massive, généralisée et imminente des insectes et que certaines des prédictions qui ont été faite quelques années auparavant pourraient « avoir été légèrement exagérées ». Les causes du déclin Vous l’avez compris, globalement, on connait un déclin de la diversité et de l’abondance des insectes. Mais quelles sont les causes de ce déclin ? Les causes du déclin des populations d'insectes sont similaires à celles qui entraînent la perte d'autres formes de biodiversité. Il y a tout d’abord la destruction de l’habitat. Un insecte a besoin d’abris et de nourriture. Convertir des terres sauvages en terrain agricole, c’est supprimer les plantes et les abris des insectes, qui ne peuvent donc plus survivre. D’ailleurs la conversion de terre à l’agriculture intensive est considérée comme la première cause de la disparition des insectes. Mais cela passe aussi simplement par la suppression d’un arbre mort ou par le remplacement d’un bout de prairie par un gazon finement taillé, dans tous les cas tu fais la même chose : tu supprime le gîte et le couvert des insectes, qui doivent donc disparaitre. En seconde position je place la pollution de l’environnement. Les humains répandent quantité de poisons, et d’insecticides en particulier, dans leur environnement. Ces produits on les applique sur les plantes que l’on cultive, mais ils persistent dans nos sol, se retrouvent dans nos plantes sauvages, dans l’air, dans l’eau. Ils peuvent avoir des effets néfastes sur les insectes non ciblés, les tuant directement ou perturbant leur comportement ou leur reproduction. Par exemple en 2012 on démontrait que les colonies de bourdons ne se développaient pas correctement ou que des abeilles intoxiquées pollinisaient des plantes qu’habituellement elles évitent Troisième cause, les changements climatiques qui impactent aussi négativement la biodiversité d’insectes. L'augmentation des températures, les précipitations irrégulières et les événements météorologiques extrêmes affectent les habitats des insectes et perturbent leurs cycles de vie. Quatre, les espèces invasives. L'introduction d'espèces exotiques dans de nouveaux environnements peut perturber les écosystèmes indigènes et entraîner la compétition pour les ressources alimentaires et les sites de reproduction. Les espèces invasives peuvent également propager des maladies ou des parasites qui affectent les populations d'insectes indigènes. Et il y a encore d’autres causes comme la pollution lumineuse, la fragmentation génétique ou la dégradation de la qualité des aliments des insectes, mais restons-en-là si tu veux bien. Le déclin des populations d'insectes affecte les écosystèmes et les autres populations animales, y compris les humains. Les insectes vous devez les voir non pas comme des indésirables, mais comme la base structurelle et fonctionnelle de très nombreux écosystèmes mondiaux. Sans eux, rien ne fonctionne. Ils sont la dalle de béton sur laquelle tu construis ta maison. Ils sont la base du château de carte. Je sais que ca parait fou, mais c’est réellement le cas. Une étude mondiale réalisée en 2019 a averti que, si ce déclin n'était pas atténué par des mesures décisives, il aurait un impact catastrophique sur les écosystèmes de la planète. Quantités de plantes ne peuvent se passer d’eux. Les oiseaux et les grands mammifères qui se nourrissent d'insectes peuvent être aussi directement touchés par ce déclin. Le déclin des populations d'insectes c’est aussi moins de déchets biologiques recyclés. Et j’en passe ! On fait quoi ? Alors on fait quoi tu me demanderas ? Et bien on reprend la liste de toutes les causes du déclin de la biodiversité et on lutte contre. On restaure les habitats, on réduit les polluants, les espèces invasives et le changement climatique. Je ne vais pas vous dire comment faire tout cela car la vidéo est déjà fort longue. Mais il faut reconnaitre que certains gouvernements de pays européens ont introduit des mesures de conservation pour aider les insectes. Des mesures visant à promouvoir leurs habitats, la réduction de l'utilisation de pesticides, de la pollution lumineuse et des polluants dans le sol et l'eau. En revanche j’en profite pour vous parler des hôtels à insectes parce qu’on me demande souvent si en installer un permet de sauver la biodiversité. Il y a quelques années je prenais cette photographie au niveau d’une station essence localisée près de chez moi. Et je faisais l’analogie suivante : Construire un hôtel de luxe au milieu d’une zone désertique ne fera pas venir les touristes s’il n’y a aucun restaurant ou aucune activité touristique a réaliser. Il en est de même pour les hôtels à insectes. Les hôtels à insectes stimulent la biodiversité, mais ils ne la créent pas. En plus de lutter contre les causes du déclin, je plaide pour promouvoir la recherche. L'une des raisons pour lesquelles les études sur le déclin des insectes sont limitées est que l'entomologie est elle-même en déclin. Lors du congrès d'entomologie de 2019, le chercheurs Jürgen Gross a déclaré que « nous, les entomologistes, nous sommes nous-mêmes une espèce en voie de disparition ». Et les cours de biologie à l’école ou à l'université accordent moins d'attention aux insectes qu’à d’autres groupes d’animaux. Et ce problème de recherche insuffisante est encore plus aigu dans les pays en développement. Aujourd’hui, presque toutes les études sur le déclin des insectes proviennent d'Europe et des États-Unis, alors que ces deux régions ne représentent pas plus de 20 % des espèces d'insectes dans le monde.
0 Commentaires
Ce que vous voyez là, c’est une portée de bébés Siphonops, tout roses et glabres, qui se blottissent contre leur mère. Nous sommes au milieu de la nuit, dans une forêt tropicale humide, pas loin du bord de mer. Ces bébés, ils remuent et couinent pour avoir du lait, ce que leur mère leur sert rapidement, jusqu’à ce qu’ils soient rassasiés. Mais ce ne sont ni des chiots ni des chatons. Ce sont des amphibiens serpentiformes, bien plus proches donc des grenouilles que de nos amis à quatre pattes.
Et c’est en cela que cette étude publiée la semaine fait grand bruit. Parue dans la prestigieuse revue Science, elle démontre, pour la première fois que des amphibiens, nourrissent leurs petits avec du lait, exactement comme le font tous les mammifères. Avec ses collègues, l'herpétologue Carlos Jared de São Paulo étudie ces animaux excentriques depuis des années. Dans des études précédentes, l'équipe a remarqué que les nouveau-nés des Siphonops annelés, qui vivent leurs deux premiers mois hors de l'œuf sous la garde de leur mère, passaient une grande partie de leur temps autour de l'extrémité du corps de celle-ci. Dans le cadre de ce nouveau travail, l'équipe a collecté au Brésil 16 femelles et leurs portées respectives et les a observés au laboratoire. Là, les chercheurs ont enregistré les interactions des amphibiens, accumulant plus de 240 heures de séquences vidéo. L’équipe a ainsi pu enregistrer 36 tétées, au cours desquelles les bébés se tortillaient et gigottaient autour de leur mère tout en émettant des bruits très aigus. Résultat, la maman soulevait alors cette extrémité de son corps et libérait le précieux liquide. Cela se produisait jusqu’à six fois par jour et semblait être une réponse aux cris des bébés. Cette sorte de « lait » est produit au sein de leur appareil reproducteur. L’équipe a d’ailleurs examiné l’anatomie interne de certaines femelles adultes et analysé la composition nutritionnelle et biochimique du liquide nutritionnel. Il est sécrété par les glandes de l’oviducte de la mère qui grossissent lors de la croissance de ses nouveau-nés. Il est également riche en graisses, un peu comme le lait des mammifères. Cette ressource nutritive peut aider à expliquer comment les nouveau-nés grandissent si rapidement - augmentant leur masse jusqu'à 130 pour cent au cours de la première semaine alors qu’ils ne s’éloignent jamais de leur mère. Les chercheurs à présent se demandent s’il existe des conflits entre frères et sœurs pour l'accès au lait et comment cette compétition pourrait se dérouler. Ils se demandent aussi si cette production de lait affecte la maman. Car chez les mammifères, la lactation est une période très coûteuse en énergie. Notons qu’en dehors des mammifères et de certains de ces amphibiens, on trouve des productions de lait chez certaines araignées, poissons, blattes et oiseaux. Cette découverte sur un amphibien suggère que l’évolution des soins parentaux dans la vie animale est plus complexe et diversifiée qu’on ne le pensait. Si je t’avais demandé de me citer un animal migrateur, sans doute aurais tu d’abord pensé à un oiseau. Je me trompe ? Qu’il soit un petit passereau, une oie, une cigogne ou un manchot, tous sont des exemples bien connus pour les longs voyages migratoires qu’ils réalisent annuellement. Mais les oiseaux ne sont pas les seuls à migrer chaque année. On peut citer des mammifères comme des baleines ou des rennes, des poissons comme les saumons, des amphibiens ou encore des tortues. Et je veux bien mettre ma main au feu que personne n’aurait pensé d’emblée à un insecte migrateur. Ils sont en effet beaucoup moins célèbres que les oiseaux pour leurs migrations, et pourtant de nombreux insectes mériteraient toute notre admiration. J’aurais pu te parler des criquets pèlerins ou des libellules, mais j’ai préféré te décrire le voyage incroyable entrepris par les monarques (Danaus plexippus L.). Et donc dans cette vidéo, je te propose de plonger ensemble dans la fantastique épopée que ce papillon vit chaque année lors de son étonnante migration, un voyage épique qui le mène du Canada jusqu'aux forêts mexicaines. Prépare-toi, je te garantis que tu seras émerveillé par la détermination du papillon monarque.
Les animaux migrent pour différentes raisons qui sont systématiquement liées à leur survie. La principale motivation des espèces migratrices est la recherche de nourriture : ces animaux changent de régions pour se rendre là où leur nourriture est plus abondante, que ce soient des plantes ou des proies. Mais ils peuvent aussi se mettre en recherche d’une zone de reproduction, comme des aires de nidification pour les oiseaux ou des zones de frai pour les poissons. Les migrations peuvent aussi être motivées par les changements saisonniers, et dans ce cas les animaux migrent pour éviter les hivers rigoureux ou les étés trop chauds. Ils migrent aussi parfois pour éviter leurs prédateurs ou éviter la compétition avec d'autres espèces. Et souvent la migration est motivée par plusieurs de ces raisons simultanément. Je te ping d’ailleurs là-haut une vidéo fascinante sur les lemmings, dont les migrations sont très dangereuses. Mais j’en reviens au monarque. Ce magnifique papillon mesure une dizaine de centimètres et ne pèse pas plus d’un demi-gramme. Ses ailes arborent fièrement leurs colorations vives qui tranchent habituellement avec son environnement, puisqu’elles sont colorées de nuances de rouge, d’orange et de jaune, et sont ponctuées de taches claires et tranchées par d’épaisses nervures sombres. Si habituellement les insectes tentent de passer inaperçus aux yeux de leurs prédateurs, la stratégie choisie par le monarque est tout opposée. Ses couleurs franches informent les oiseaux de son mauvais gout. Il faut donc voir ces couleurs comme un signal qui clignote et qui dit « ne me mange pas ou tu le regretteras ». Le monarque n’est pas toxique de naissance. Il acquière son poison interne en consommant des plantes bien particulières alors qu’il n’est qu’une chenille : les asclépiades. Les feuilles de ces végétaux ne sont pas simplement nutritives, elles contiennent aussi des cardénolides. Ces molécules neurotoxiques sont fabriquées par la plante pour se protéger contre les insectes qui tentent d’en manger les feuilles. Habituellement, cela agit relativement bien : une fois ingérées, ces toxines tuent les insectes en empêchant leur système nerveux de fonctionner correctement, ce qui le conduit à une mort rapide. Mais ce n’est pas le cas pour les chenilles du monarque qui ont réussi à contourner cette stratégie de défense : au lieu de digérer ces produits dangereux, les chenilles les absorbent puis les séquestrent dans leur corps, avant qu’ils ne puissent leur être néfastes. Les poisons sont accumulés puis conservés dans le corps du papillon, une fois que la chenille a effectué sa métamorphose. Les nombreuses espèces d’oiseaux insectivores ont appris à éviter les papillons monarques. Bien sûr ils ont gouté un de ces insectes au début de leur vie. Mais leur gout amer leur a causé des vomissements si désagréables qu’il est hors de question d’y gouter à nouveau. Les oiseaux ont donc associé cette mauvaise expérience culinaire aux colorations orangées prononcées du papillon, et évitent de consommer tout ce qui y ressemble. On parle d’aposématisme. Cette stratégie consiste pour un animal à envoyer un signal clair à ses prédateurs pour les avertir de son mauvais gout. Ce signal est, le plus souvent, une coloration vive qui tranche avec l’environnement. Mais revenons à la migration des monarques : ces papillons n’ont pas seulement trouvé un moyen de se défendre contre leurs prédateurs, ils ont également trouvé comment survivre à la rudesse de l’hiver canadien. A l’instar des oiseaux migrateurs, ils ont choisi de fuir vers des terres plus hospitalières. Et l’heure du grand voyage se rapproche à mesure que les jours raccourcissent et que les températures baissent. A l’automne, les monarques quittent donc leur terre natale pour entreprendre le plus long voyage de leur vie : de quatre à cinq mille kilomètres en direction du Sud et deux mois de vol pour les emmener jusqu’au Mexique, leur terre promise … leur terre d’hivernage. Pour traverser les États-Unis, ils doivent faire défiler sous leurs ailes cinquante kilomètres chaque jour. Leur destination se trouve au cœur des forêts d’Oyamels, localisées dans les régions montagneuses de l’état du Michoacán, au centre du pays. Pour être totalement exacte, quelques populations de monarques, localisées à l’extrême Ouest et l’extrême Est du continent Nord-Américain, rejoignent plutôt la Californie ou la Floride pour passer l’hiver. Mais dans tous les cas, ils peuvent compter sur le soleil pour s’orienter, ainsi que sur une boussole interne qui leur permet de percevoir le champ magnétique de la Terre et de garder le Sud en ligne de mire. Après deux mois de voyage, les papillons arrivent sur place. Ils se rassemblent sur une poignée d’hectares de forêt. Ces forêts d’Oyamels sont la destination parfaite : ils n’y sont pas exposés au gel qu’ils auraient subi dans leur aire native au Canada. Mais il n’y fait pas non plus trop chaud. Au contraire, c’est important qu’il y fasse un peu froid, suffisamment en tout cas que pour allonger leur espérance de vie, suffisamment longtemps pour tenir jusqu’à la fin de l’hiver. Ça peut paraitre étrange je le reconnais, mais chez les insectes, le froid ralenti le métabolisme et donc la consommation de ressources, et donc l’espérance de vie. Dans ces forêts d’Oyamels, de très imposants conifères les attendent. Ces arbres poussent à l'état naturel sur les versants élevés et exposés à l'humidité au sein des montagnes mexicaines. Chacun d’eux accueille des milliers, voire des millions de monarques en provenance du Nord du continent. Les papillons sont parfois si nombreux que l’écorce des troncs est à peine visible et qu'il est possible de les entendre voler. Les papillons affectionnent particulièrement ces arbres là car leur tronc agirait comme un tampon de température, dégageant de la chaleur pendant la nuit, mais étant plus froid que l'air ambiant pendant la journée. Ces arbres sont donc essentiels à la survie des monarques, si bien que la réserve naturelle qui accueille les Oyamels et les monarques au Mexique est aujourd’hui classée « patrimoine mondial » par l’UNESCO. Épuisés par leur voyage et poussés par la fraicheur du climat local, les monarques entrent en diapause : un état de dormance qui va durer trois mois et pendant lequel leurs fonctions vitales tournent au ralenti. Ils accumulent et stockent des lipides, des protéines et des glucides. Les lipides empêchent le dessèchement de l’insecte, mais surtout ils fournissent des réserves d'énergie, qui sont utilisées comme carburant pour maintenir l’insecte en vie tout au long de sa diapause et jusqu’à ce que les jours se rallongent à nouveau. Peu avant le début du printemps, ils se réveillent et s’apprêtent à reprendre la route pour retourner au Canada. Malheureusement, il leur sera impossible de réaliser à nouveau l’exploit d’un si long périple. C’est ainsi qu’en cours de route, quelque part sur le territoire américain, ils se posent et jettent l’éponge. Mais pas avant de s’être assuré que leur descendance poursuivra l’aventure. Ils s’accouplent donc et déposent leurs œufs sur des asclépiades. Quelques jours plus tard, les chenilles devenues papillons poursuivent le voyage, puis abandonnent à leur tour en chemin et se choisissent de nouvelles asclépiades pour s’accoupler et déposer de nouveaux œufs. C’est ainsi que jusqu’à quatre générations de papillons doivent ainsi se succéder pour rejoindre le Canada, aux alentours du mois de juin. Quelques mois plus tard, le cycle recommence et le grand voyage doit être à nouveau réalisé. Les populations de monarques sont en déclin depuis plusieurs années : proche du milliard d’individus en 1997, les papillons n’auraient été que cinquante millions en 2015. Aujourd’hui, ils n’occupent que quelques hectares de forêt d’Oyamel, contre cinquante hectares à la fin des années 80. Les causes semblent multiples. Le monde scientifique s’accorde pour pointer du doigt les changements climatiques (qui dérèglent les conditions météorologiques sur le site d’hivernage) ainsi que l’usage d’herbicides à base de glyphosate aux États-Unis, qui fait disparaître l’asclépiade, plante essentielle à la multiplication des monarques durant leur voyage de retour. Nous sommes en 1895, dans la ville de San Marcos, dans l’État du Texas, au Sud des États-Unis. La commission nationale de la pêche vient de forer un puit en plein cœur de la ville. Les ouvriers ont creusé sur une profondeur de 188 pieds, soit environ 57 mètres. Le puit a expulsé à l’air libre de l’eau à des débits fous de plusieurs milliers de litres à la minute. Cette eau provenait d’un réseau de grottes souterraines, complètement immergées. Le personnel en charge du forage constate rapidement qu’avec l’eau, des animaux étranges étaient crachés depuis les entrailles de la terre. Ces petites bêtes gisent au sol, certaines sont minuscules, d’autres mesurent parfois une dizaine de centimètres de long. Si certaines de ces bêtes sont identifiées aisément par les hommes au travail, d’autres leur paraissent étrangères, et même fantomatiques. A cette époque, Léonhard Stejneger est responsable du département des reptiles et amphibiens au musée national d’histoire naturelle des Etats-Unis. Ce Norvégien, naturalisé Américain quelques années plus tôt, rentre d’une longue expédition sur les îles Komandorski, à l’extrême Est de la Russie, lorsqu’il reçoit un message l’informant de ce qu’il se passait à San Marcos. Malgré la fatigue liée à sa récente expédition, il décide de se rendre sur place sans attendre.
On le guide jusqu’au site de forage, et il se met au travail, recueillant autant de ces petits animaux que possible, avant de retourner dans son laboratoire de fortune improvisé sur place. Il identifie de nombreux petits mollusques et crustacés éjectés du puits. C’étaient les animaux les plus abondants, et bien que Léonhard Stejneger ne soit pas un spécialiste de ces animaux là en particulier, il se rend bien compte qu’ils étaient un peu différents des escargots et autres crevettes qu’il avait eu l’occasion d’étudier durant ses études. Il note notamment que tous, étaient aveugles. Les yeux habituellement observés sur la tête des crevettes, étaient ici, toujours absents. Il faudra quelques années de travail à d’autres scientifiques pour démontrer qu’il s’agissait en effet d’espèces nouvelles pour la science. L’attention de notre spécialiste des amphibiens est évidemment tournée vers les quelques salamandres éjectées avec l’eau du puit. Leur allure fantomatique l’intrigue : longues d’une douzaines de centimètres, leur peau est blanche, totalement dépigmentée. Leurs pattes sont courtes et frêles. Il n’en avait jamais observé de pareilles précédemment. Léonhard Stejneger l’affirme : des pattes si menues ne peuvent supporter le poids de leur corps. A l’inverse, toutes les mensurations de la queue étonnent le scientifique. Comme classiquement observé chez les salamandres, la queue est comprimée latéralement, mais sa longueur et son épaisseur surpassent tout ce qu’il a vu durant sa carrière. Dans ses premiers rapports, il affirme sans hésiter : « Les proportions extraordinaires de leur corps, absolument uniques pour l'ordre auquel elles appartiennent, suggèrent des conditions de vie inhabituelles ». Et il va plus loin : cette salamandre semble n’être jamais sortie de l’eau. D’autres surprises attendent Léonhard Stejneger. L’herpétologue sait qu’à l’état larvaire, les salamandres possèdent des branchies positionnées sur la tête. Ces dernières se retrouvent à l’intérieur de la tête une fois l’animal plus âgé. Puisque tous les individus qu’il a sous les yeux ont des branchies externes, il les suspecte tous d’être des juvéniles et en conclut que, malheureusement, aucun adulte n’a été remonté à la surface par le puits. L’homme est prévoyant heureusement, si bien qu’il avait emmené avec lui son matériel de dissection. Il décide donc d’ouvrir le corps d’une salamandre expulsé sans vie du puits. Et là, surprise suivante : il observe des œufs dans le corps d’une femelle. Le voilà obligé de revoir sa conclusion. Malgré leur allure de bébés, ces salamandres sont bien toutes des adultes, mais des adultes qui ont conservé un corps de jeune. On parle de néoténie. Le corps de cette nouvelle espèce de salamandre témoigne d’un milieu de vie et de comportements aussi originaux que surprenants. Au lieu d’alterner entre milieu aquatique et terrestre, comme les autres salamandres, la fébrilité de leurs pattes suggère qu’elles passent leur vie exclusivement dans l’eau, où la pesanteur est un maigre problème à surmonter. Leurs pattes n’ont donc jamais à soutenir le poids de leur corps. La taille importante des branchies externes suggère au scientifique que les eaux souterraines dans lesquelles elles vivent sont très appauvries en oxygène. Quant aux yeux, ils sont complètement atrophiés, réduits à deux minuscules points noirs recouverts d’une couche de peau. Ce qui suggère que cet animal n’a jamais vu la lumière du soleil, ni lui, ni ses ancêtres, au cours des derniers millions d’années. Par ailleurs, son corps tout entier se trouve dépourvu de pigmentation : si bien que sa peau est translucide. Léonhard Stejneger nomme cette nouvelle espèce troglodyte la salamandre aveugle du Texas (Eurycea rathbuni). Il déclare « Ces animaux, par leur absence d'yeux et leur couleur blanche, se sont immédiatement proclamés habitants des cavernes, mais leurs proportions extraordinaires suggèrent des conditions de vie inhabituelles, qui seules peuvent avoir produit des caractéristiques physiques aussi prononcées ». Isolée, coupée du monde depuis des millénaires, cette salamandre peut aussi se targuer de se situer au sommet de la chaine alimentaire. Cette chasseuse se nourrit de toutes les petites bêtes qui ont aussi été éjectées par l’eau du puit, et qui elles aussi sont parvenues à survivre dans ce milieu hostile. Mais comment notre salamandre peut-elle chasser si elle n’a pas d’yeux ? Et bien elle a développé une technique de chasse originale et extrêmement efficace. L’évolution a doté sa peau d’une infinité de capteurs sensoriels qui lui permettent de percevoir le moindre mouvement d’eau induit par une crevette nageant à proximité. Une sorte de radar interne, bien nécessaire tant la nourriture est rare dans ces grottes submergées. Vous savez que les salamandres ont traditionnellement la faculté de régénérer un membre qui leur serait sectionné à la suite de l’attaque d’un prédateur. Et bien malgré le fait que notre salamandre aveugle n’ait eu à faire face à aucun prédateur au cours de ses millions d’années d’évolution souterraine, elle n’a jamais perdu cet héritage de ses ancêtres, et peut donc toujours régénérer un membre sectionné. Les partenaires ne sont pas moins rares que la nourriture. Pour trouver un mâle, une femelle a le nez fin. Elle se met en recherche d’un partenaire qui aurait laissé derrière lui, dans l’eau, des odeurs aphrodisiaques. La future mère suit cette piste olfactive et en recherche avidement le responsable. Alors que les odeurs se font de plus en plus fortes, sa peau commence à percevoir des mouvements d’eau inhabituels, d’une intensité telle que seul un organisme d’une taille comparable à la sienne peut en produire : un mâle se trouve à proximité ! Reste à présent à le séduire. Pour convaincre ce potentiel compagnon de lui céder ses spermatozoïdes, la femelle frotte son menton sur le dos de son partenaire. Elle balance son corps d'avant en arrière. Si le mâle est hésitant, elle prend le risque de lui mordiller le flanc tout en grattant le sol à l’aide de ses pattes. Et en dernier ressort, elle monte sur le dos du mâle et commence à s’y frotter. Il se fait désirer ce coquin, mais lorsqu’il finit par accepter, il dépose au sol une poche remplie de spermatozoïdes. La femelle y pose alors ses propres organes reproducteurs, et se retrouve fécondée, en l’absence d’un réel accouplement. La salamandre aveugle du Texas est un cas exceptionnel d’espèce endémique, puisqu’on ne la retrouve que dans ce réseau de grottes souterraines et inondées, localisée à proximité de la ville de San Marcos. Le nombre d’individus s’est terriblement réduit notamment à cause des divers polluants ruisselant de la surface jusqu’à son habitat. Le gouvernement américain la considère donc aujourd’hui comme espèce à protéger. Dans cet article, je brise 10 légendes communes sur les animaux 1. Le nombre de points d’une coccinelle t’informe sur son âge : Vrai ou Faux ? Des coccinelles il en existe des centaines d’espèces. Exactement comme il existe plusieurs espèces de grenouilles ou de corbeaux. Et la plupart des espèces de coccinnelles ont un nombre de points fixe, déterminé dès la naissance et qui n’évolue pas au cours de la vie de la coccinelle. Il y a par exemple la coccinelle à 2-points, la coccinelle à 7-points, la coccinelle à 14-points et la coccinelle à 22 points . Bon par contre il y a des espèces qui viennent mettre le bazar dans mon explication, c’est le cas des coccinelles asiatiques, très présentes en Europe depuis une 30aine d’années, et qui peuvent avoir très peu de points ou au contraire beaucoup. 2. Le ver de terre peut régénérer après avoir été coupé Lorsque l'on scinde le corps d'un ver de terre en deux, on peut observer les deux parties se tortiller pendant un certain temps, donnant l'impression que le ver de terre coupé en deux a laissé place à deux êtres vivants. Malheureusement, la réalité est toute autre. Il ne peut pas reconstituer deux nouveaux vers. On n'en a pas forcément conscience en observant les lombrics à l'œil nu, mais le corps du ver de terre est organisé comme celui de nombreux êtres vivants, avec une tête à l’avant, et un derrière à l’arrière. A l'avant, on retrouve ses organes vitaux essentiels, comme le cerveau, ses quatre cœurs ou encore sa bouche et ses organes reproducteurs. Couper un ver de terre en deux va immanquablement blesser, voire tuer, l'animal. Mais si la coupure détache la partie arrière sans endommager les organes vitaux de la partie avant, alors le ver de terre a des chances de survivre. Il peut en effet régénérer ses tissus au niveau de la blessure. Mais ce n’est pas systématique. Donc oui, le ver de terre peut régénérer après avoir été coupé en deux. 3. Si tu touches un crapaud tu n'attraperas pas de verrues. De nombreuses grenouilles et crapauds ont des bosses sur la peau qui ressemblent à des verrues. Certaines personnes pensent que ces verrues sont contagieuses. Pourtant les verrues que tu as peut-être déjà eu sur tes pieds ou tes mains sont causées par un virus humain, qui est uniquement véhiculé par les humains, et non pas par le contact avec des crapauds. La question est de savoir comment cette croyance est née. Et la réponse semble ici assez évidente lorsque l’on observe la texture de la peau bosselée et verruqueuse de certains crapauds. Leur peau leur fournit protection et un excellent camouflage. Et certaines de ces « verrues » (faire signe guillemet avec les mains), notamment celles situées près de leurs yeux, contiennent une toxine laiteuse qui leur donne un goût nauséabond pour les prédateurs. Et qui peuvent aussi irriter ta peau. Je ne te conseille pas de les toucher bien sûr, mais ce qui est certain ce qu’ils ne te transmettront pas de verrues. 4. Les poux sont incapables de sauter. Ne les confonds pas avec les puces. Ces deux insectes apprécient les poils de toutes sortes, mais ils n’ont pas les mêmes techniques pour les coloniser. Les puces ont de très longues pattes postérieures, qui leur permettent de sauter très haut. On parle de 200 fois leur propre taille tout de même. Ce qui à échelle humaine équivaut à sauter au-dessus de la tour Eiffel. Par contre les poux eux n’ont pas ces pattes adaptées au saut. A la place ils ont des crochets pour rester solidement accrochés à tes cheveux, ce qui explique pourquoi il est si compliqué de les en détacher. Ils passent de tête chevelue à tête chevelue par contact de deux personnes. C’est pourquoi la transmission est aisée chez les jeunes enfants. 5. Les bosses des chameaux et dromadaires sont des réserves de graisse. C’est l’occasion de rappeler que les chameaux ont deux bosses, alors que les dromadaires n’en ont qu’une. Le dromadaire et le chameau sont deux animaux qui vivent dans des milieux hostiles. Ils peuvent parcourir jusqu’à 50 km en une journée sans boire, ni manger. Pour survivre, tous deux puisent dans leurs réserves d’énergie stockées dans leurs fameuses bosses. Cette énergie est présente sous forme de graisses (et pas d’eau). La bosse d’un dromadaire peut en contenir jusqu’à 15 kilos, quand celles du chameau peuvent en contenir plus de 10 kilos chacune. Plus le jeûne des deux animaux est long, plus ils puisent dans leurs réserves de graisse. Leurs bosses peuvent ainsi s’affaisser, jusqu’à totalement tomber sur le côté. Puis, dès lors que les deux animaux ont repris des forces, leurs bosses se repositionnent progressivement à la verticale. 6. La couleur des moules n'informe pas sur le sexe femelle ou mâle. Déjà je parie que tu ne t’étais jamais posé la question de s’il y avait des moules mâles et des moules femelles, pas vrai ? Et oui une vieille croyance suggère que la couleur de la chaire indique le sexe. Certains avancent que la couleur orangée de la chaire serait synonyme de femelle, la couleur blanche synonyme de mâle. Mais il n’en est rien. La couleur de la chaire des moules est codée dans les gènes, et ne permet pas de faire la différence de manière sérieuse entre mâle et femelle. 7 La mère oiseau ne rejette pas ses petits si tu les touche. La plupart des oiseaux ont en fait un odorat peu développé, et ne remarqueront aucune de tes odeurs. Mais tu fais peut-être partie de ces personnes qui vont se préoccuper en découvrant un oisillon au sol. Tu voudras peut-être le ramener dans son nid. Pourtant s’il est au sol, c’est très probablement parce qu’il est en train d’apprendre à voler. Et donc il ne devrait pas être dérangé. D’ailleurs soyons clair, ils n’ont pas de tes conseils pour apprendre à battre des ailes. L'histoire a peut-être été inventée pour empêcher les gens de manipuler les jeunes oiseaux au sol. Non le mieux à faire si tu veux les aider c’est de garder ton chat à l’intérieur de la maison à la période d’envol des jeunes passereaux. Lui, il n’hésitera pas à les toucher. Et à les tuer. Pour être complet il y a des exceptions d’oiseaux avec un bon odorat. Les vautours détectent à l’odeur des charognes bien cachées. 8 Les cloportes sont des crustacés Ce ne sont pas des insectes. Rappelez-vous cette règle simple : « tout ce qui a 6 pattes est un insecte ». Il suffit de retourner un cloporte pour se rendre compte qu’il en a beaucoup plus : 14 pattes ! Comme les crabes ou les crevettes, le cloporte est un crustacé. Mais un crustacé qui s’est dit un jour : la vie dans une mer chaude et turquoise peuplée de poissons et de coraux colorés, non, ce n’est pas pour moi. Moi mon truc, ce sont les vieilles souches d’arbres ou les caves humides, en compagnie des rats et des araignées. Il faut respecter le choix de chacun ! Ce sont des êtres vivants qui ont malgré tout besoin de beaucoup d’humidité. Et qui sont très importants puisqu’ils participent à la décomposition de la matière organique. 9 L’autruche n'enterre pas sa tête dans le sable en cas de danger. Toi aussi tu as grandi avec ces dessins animés mensongers? En fait c'est une illusion d'optique ! Les autruches sont les plus grands oiseaux vivants, mais leur tête est plutôt petite. Si bien que si tu les vois de loin picorer le sol, tu auras peut-être l'impression que leur tête est enfouie dans la terre. Pourtant, si elles faisaient cela, elles ne pourraient pas respirer ! Mais ce qui est vrai c’est qu’elles creusent des trous dans la terre pour les utiliser comme nids pour leurs œufs. Et plusieurs fois par jour, l’oiseau met la tête dans le trou et retourne les œufs. Laissant ainsi l’impression qu’ils cachent leur tête dans le trou. Et donc non, cela n’a rien à voir avec l’arrivée d’un danger qu’elles chercheraient à ne pas voir. 10 Les moustiques ne sont pas attirés par la lumière. Les moustiques femelles ont besoin de sang pour faire maturer leurs œufs. Donc premier élément, il n’y a que les femelles qui sucent le sang. Les mâles pas. Madame moustique doit donc trouver un animal, et la lumière n’est absolument pas un signal intéressant. Si elle est guidée par ta chaleur corporelle, elle a en revanche de très mauvais yeux. Donc, elle va prioritairement utiliser des signaux olfactifs : le dioxyde de carbone que tu expire et tes odeurs corporelles. Et nous n’avons pas les mêmes odeurs, ce qui explique pourquoi tu es peut-être plus piqué que ton pote ou ton conjoint. Mais je te rassure, si ton odeur est liée à ton hygiène, elle est aussi liée à ton alimentation ou simplement à tes gènes. Et eux, bein tu ne peux pas les changer. C’est la faute de tes parents. Les moustiques sont surtout actifs en été, quand on laisse les fenêtres ouvertes. Alors cette croyance elle vient certainement du fait qu’on allume la lumière de la pièce où on se trouve. Résultat on a associé lumière et attraction de moustiques, alors qu’en fait ils utilisent le CO2 qu’on émet en expirant et qui s’échappe par la fenêtre. Les grands singes sont souvent considérés comme les animaux les plus intelligents après les humains. Pourtant, les récentes découvertes des scientifiques nous poussent à braquer les projecteurs sur d’autres bêtes. Des volatils mal aimés, incompris et surtout largement sous-estimés. Mais si les corbeaux ont longtemps été considérés comme rusés, leur intelligence semble bien plus avancée que nous ne l’aurions jamais cru possible. En 2002, un groupe de scientifiques de l'Université d'Oxford ont observé avec émerveillement Betty, une jeune femelle corbeau, ramasser avec désinvolture un morceau de fil dans sa cage, puis utiliser un objet proche pour plier ce fil à une extrémité, le transformant en un outil à crocheter. Ce que Betty ne manqua pas de faire, puisqu’il lui a directement servit à hisser à elle un petit récipient contenant un délicieux morceau de viande, glissé à l’intérieur d’un tube en plastique. À l’époque, l’exploit de Betty avait suscité l’étonnement. Comment ce corbeau a-t-il résolu si spontanément un problème aussi complexe ? Ces observation suggéraient qu’elle était capable d’acrobaties mentales semblables aux nôtres. C'était, selon les gros titres, un corbeau incroyablement intelligent. Sauf que Betty n’était pas aussi spéciale qu’on le pensait au premier abord. 20 années plus tard, on comprend bien mieux encore à quel point les corbeaux sont tous doués pour résoudre des problèmes nécessitant de transformer, d’une manière ou d’une autre leur environnement, notamment en se fabriquant un outil. Ce que Betty a démontré en laboratoire, se passe en fait tous les jours dans la nature. Anna Braun, une chercheuse autrichienne a voulu comparer l’intelligence des corneilles noires avec celles de chiens et celle de jeunes enfants au cours d’une expérience simple. Sur un écran tactile deux symboles s’affichent, l’animal appuie sur le symbole de son choix, un symbole donne de la nourriture, l’autre rien du tout (et le système se bloque pour un temps sur un écran rouge). L’écran peut ainsi proposer des duos de symboles multiples, mais si un symbole qui donne de la nourriture en donne toujours. Il aura fallu près de 70 tentatives à des chiens pour comprendre la logique de ce test, et appuyer sur le bon symbole pour avoir le bonbon. Quant aux corbeaux … ils ont compris bien plus vite la logique, après seulement quelques tentatives, soit tout aussi rapidement que de jeunes enfants. Des résultats comparables aux grands singes. Ainsi par exemple des recherches ont montré que les corbeaux calédoniens sont des artisans capables de confectionner quantité d’outil complexes. Ils détectent la présence d’une larve dodue d’un scarabée, logée dans le tronc d’un arbre. Quelques instants d’observation suffisent à l’oiseau pour comprendre que la larve est trop bien enfoncée dans le du tronc que pour pouvoir l’attraper avec son large bec. Et qu’il lui faut pour solutionner ce problème complexe, un outil. Un objet mince, suffisamment long et coudé, pour déloger la larves de sa galerie. Heureusement, les corbeaux calédoniens peuvent compter sur leur capacités d’observations et surtout leur excellente mémoire. Si bien qu’ils connaissent par cœur les environs. Les chercheurs notent que les corbeaux faisant face à ce type de problème ne perdent pas de temps, ils semblent très bien savoir où chercher le matériel nécessaire à la fabrication de l’outil. Un buisson, localisé à quelques centaines de mètres, peut fournir les longues branches, souples et irrégulières. Sur place le corbeau sait ce dont il a besoin. Il sectionne l’élément de bois parfait à l’aide de quelques coups de becs bien placés. Il arrache ensuite chaque tigette et chaque feuille. Enfin, il plie ce futur nouvel outil en son centre. Et la manœuvre n’est pas simple, même pour un humain : L’oiseau coince la tige entre le sol et sa patte, saisit une extrémité dans son bec et relève doucement la tête afin de faire fléchir le bois sans le casser. Les chercheurs notent que plus le corbeau est vieux, moins il a de chance de casser la branche. Car les corbeaux acquièrent de l’expérience dans l’artisanat au cours de leur vie. Outre le fait d’avoir l’intelligence nécessaire pour analyser le problème et en trouver une solution, outre le fait d’avoir une excellente mémoire pour se rappeler de la localisation du matériel et d’avoir l’agilité pour fabriquer l’outil, il faut aussi au corbeau les capacités cognitive pour l’utiliser correctement ! Là encore les corbeaux montrent toute leur intelligence : ils posent l’outil sur une branche proche du trou de la larve, le maintiennent en place à l’aide de l’une des pattes pour éviter que l’objet ne tombe ne tombe, puis le saisissent par une extrémité avec le bec, et il l’introduisent dans l’orifice. Et ce n’est pas tout, il faut encore pratiquer quelques mouvements de tête, pour faire apparaitre la larve. Et après avoir capturé l’insecte? Ils jettent l’outil ? Non bien sur, ils sont plus malins que cela. Jeter un outil aussi précieux serait … bien bête, car il peut toujours servir ! Une équipe de chercheurs allemands ont démontré que les corbeaux mettaient leur outils précieux en lieu sûr. Exactement comme quand vous rangez votre paire de lunettes dans leur étui, ou votre précieux stylo dans le tiroir du bureau. Les corbeaux identifient dans leur environnement un lieu sur où déposer leur attrape-larve. Et ils doivent être discret quand ils l’y cachent, car il n’est pas rare que d’autres corbeaux observent la scène, avec la ferme intention de dérober l’objet précieux. Oui parce que quand on est intelligent, on est aussi capable de développer de stratégies comme le vol, et même celles de la recherche de cachettes. A côté de tout ce que l’on vient de voir : solution de problème, confection et manipulation d’outil, mémoire, et stratégie à long terme, je voulais aborder aussi avec vous les fantastiques organisations sociales des corbeaux. L’intelligence ouvre la porte à beaucoup de choses. Les corbeaux vivent en communauté d’individus qui se connaissent et se reconnaissent. Ils se rassemblent en des lieux particulier pour se nourrir, jouer ou se reposer. Ils souviennent de ce qu’ils ont fait avec tel ou tel autre corbeaux au cours des jours précédents. Ils évitent les corbeaux avec qui ils ont eu des différents et se rapprochent plus aisément d’individus avec lesquels ils ont partagé un repas. Les corbeaux d’une même population peuvent compter les uns sur les autres. Le biologiste John Marzluff, de l’Université de Washington, a fait une drôle d’expérience. Il s’est promené sur son université en portant un masque d’homme des caverne. Et il a noté que 20 à 30 % des corbeaux criaient en le voyant. Ensuite il a capturé quelques corbeaux, tout en portant son masque. Il a noté que durant les deux années qui ont suivi, tous les corbeaux hurlaient en le voyant, mais seulement quand il se promenait avec son masque. Les corbeaux retiennent les visages humains. Ils identifient leurs amis et leurs ennemis. Et ils exploitent cette reconnaissance faciale en faisant passer le mot auprès des autres corbeaux, qui apprennent et se passe le mot du danger associé à un visage. C’est incroyable !
Les corbeaux ont plusieurs cris d’alarme, ces cris destinés à prévenir les autres corbaux de a présence d’un danger. En tout les scientifiques ont idenifiés près de 250 cris différents. Chaque individu possède en outre deux intonation de cris : un très sonore pour la communication avec les membres de leurs communauté et un plus doux qu’ils réservent aux membres de leur famille. Des subtilité langagière qu’on ne retrouve que chez les mammifères les plus évolués. Le sens de la famille est d’ailleurs très développé chez les corbeaux, car les chercheurs ont démontré le rôle des parents dans l’éducation des petits, que ce soit pour identifier les nourritures les plus adaptées à leur santé, les stratégies les plus adaptées pour obtenir cette nourriture, ou encore les dangers auxquels ils doivent faire attention. Ainsi par exemple les corbeaux se saisissent de fruits à coques, volent pour en estimer le poids, puis prennent la hauteur qu’ils estiment nécessaire pour briser la coque, une fois qu’ils auront lâché le fruit et qu’il se soit éclaté au sol. Avec cet article, nous avons découvert que le Corvidae font preuve d’un niveau d’intelligence insoupçonné. Ils analysent des problèmes et élaborent des solutions. Ils font usage de leur excellent mémoire pour localiser ce dont ils ont besoin, ils manipulent avec habilité des objets de leur environnement. Les corbeaux sont très sociaux également, leur langage est complexe, ils collaborent les uns avec les autres, et font la différences entre des congénères et des membres de leur famille proche. J’espère donc que vous n’interpréterez plus un croassement comme un signe de mauvais augure. Mais comme ce que c’est réellement : c’est-à-dire le langage d’une espèce très intelligente. Préparez-vous à être littéralement émerveillés, parce que les découvertes que je vais vous présenter dans cet article dépassent l’entendement. On va parler de paresseux, mais aussi de papillons, de harpies, de champignons, d’algues vertes, et un peu de 💩 aussi. Je lis des centaines de travaux scientifiques chaque année sur les comportements des animaux. Je ne suis pas blasé, mais disons qu’il m’en faut aujourd’hui beaucoup pour me surprendre. Et pourtant quand j’ai découvert l’histoire que je m’apprête à vous raconter, je suis resté bouche bée. Abasourdi. Ébahi. Je me suis dit, la nature est incroyable. Tout le monde connait les paresseux ! Ils jouissent tout de même d’une réputation rigolote d’animaux fort lents. De prime abord leur vie est enviable, les paresseux représentent en effet le symbole même de la quiétude et de la tranquillité. Ils ont un métabolisme relativement lent, et pourtant croyez-moi, leur existence n’est pas de tout repos. Les paresseux passent la quasi-totalité de leur vie dans les arbres, où ils se concentrent sur leurs deux activités préférées : manger et dormir. Mais une fois par semaine, ils doivent sortir de leur routine journalière et faire face à un danger pour le moins insidieux : celui de la grosse commission. Oui, ils ne vont au petit coin qu’une fois par semaine. Cet événement représente une prise de risque extrêmement importante. Faire caca, se fait au péril de leur vie. Ce qui est génial avec cet article, c’est que pour vous expliquer pourquoi ils risquent leur vie pour aller déféquer, je dois vous parler de papillons, de harpies, d’algues et de champignons. La nature est formidable ! Alors non, ils ne s’accrochent pas à une branche pour se vider leurs intestins. Non, ils prennent la décision de descendre au sol, d’y creuser un trou afin d’y faire leurs besoins. Ce qui est dangereux puisqu’au sol, leurs prédateurs rodent. D’autant que ça dure longtemps : la grosse commission ressemble davantage à un accouchement qu’à un passage rapide aux toilettes. Les paresseux peuvent en effet expulser un quart de leur propre poids en excréments. Un quart ! A votre échelle, ça équivaut à une crotte d’une 20aine de kilos tout de même. Oui les paresseux sont constamment constipés, c’est un phénome normal pour eux. Leur digestion est lente ce qui leur permet de ne s’exposer à leurs prédateurs qu’une fois par semaine. Une fois la grosse commission déposée dans le trou ils repartent illico vers le sommet de leur arbre, certainement un peu plus légers et satisfaits. Je suis certain que les questions qui vous taraudent sont : mais pourquoi diable les paresseux se retiennent-ils si longtemps et … pourquoi prennent-ils autant de risque alors qu’ils pourraient faire exactement la même chose du haut de leur arbre ? Et bien des chercheurs américains ont fait de ces questions toute leur carrière scientifique. Et nos spécialistes de répondre que les paresseux font cela pour aider des papillons ! si si … ils risquent leur vie pour aider des papillons. Mais attendez, on n’est pas au bout de nos surprises. Les chercheurs ont en effet observé que quantité de papillons vivaient sur le pelage du paresseux. Ils volent mal et ne le quittent jamais. Les papillons adultes vivent, s’accouplent, défèquent et meurent dans la fourrure du paresseux. Durant toute leur vie ils y sont à l’abris des oiseaux qui, sinon, les mangeraient. Vous le savez, avant d’être papillons, ils étaient chenilles. Et les chenilles de cette espèce de papillon, elles mangent du caca ! Est-ce que vous commencez à comprendre ? Si notre paresseux laissait tomber ses crottes du haut d’un arbre, ça ne ferait pas du tout l’affaire des papillons. Alors que quand il descend au sol pour déposer sa crotte dans un trou, cela laisse le temps aux papillons de sauter sur la crotte, de déposer leurs œufs, et de revenir sur le pelage du paresseux pour le suivre sur le chemin du retour dans les arbres. A leur naissance, les chenilles prennent alors tout leur temps pour manger le caca du paresseux et se transformer en papillons. Et une fois que c’est fait, ceux-ci s’envolent tant bien que mal jusqu’à trouver un paresseux sur lequel s’installer. Mais pourquoi les paresseux aideraient-ils les papillons de cette manière ? Pourquoi risquent-ils leur vie pour les aider ? Dans la nature il n’y a rien de gratuit. Le paresseux n’a aucun intérêt à dépenser autant d’énergie et à prendre autant de risque pour aider des papillons… a moins que les papillons ne l’aident en retour. C’est le principe des relations de mutualisme : une espèce en aide une autre, et reçoit de l’aide en retour. J’ai déjà parlé de ce type de relation dans une vidéo sur les fourmis et les pucerons, je vous mets le lien ici : Comment des papillons pourraient bien payer le gîte, le couvert et tous les services offerts par le paresseux et son pelage ? Et bien nos chercheurs ont enfin trouvé la réponse ! Et cela a à voir avec l’étrange couleur du pelage des paresseux. Celui-ci est vert, on dirait d’ailleurs que c’est de l’herbe qui lui pousse sur le dos. Cette couleur verte, les paresseux la doivent à la présence d’algues qui s’y développent. Oui, des algues ! C’est étonnant, habituellement les algues ça se développent dans l’eau, mais le pelage des paresseux est capable de retenir tellement d’humidité qu’il leur offre donc un milieu de culture favorable.
Ces algues sont responsables de la couleur vertes et cette couleur elle arrange bien notre paresseux, car il n’en est que mieux camouflé. Grâce aux algues, il passe inaperçus vis-à-vis des harpies féroces, qui figurent parmi ses prédateurs aériens. Le paresseux est donc content d’abriter des algues sur son pelage. Mais ces algues, il faut les nourrir. Elles ne se contentent pas de l’humidité, elles ont besoin de divers nutriments minéraux. Mais comment leur apporter cette nourriture ? Les papillons qui défèquent et meurent dans le pelage du paresseux constituent la source de nourriture des algues. Mais les algues, elles ne savent pas manger et digérer des insectes, fussent-ils morts. Heureusement, la nature est bien faite, car le pelage du paresseux abrite aussi des champignons. Oui je sais ce que tu penses, ça commence à faire beaucoup d’être vivants dans le pelage d’un seul animal. Ces champignons décomposent les restes de papillons et libèrent les minéraux que ces insectes contiennent afin de permettre aux algues de s’en nourrir. Et je complète cette histoire incroyable : quand ils se nettoient, les paresseux mangent une partie des algues présentes sur leur pelage, ce qui complète leur alimentation de nouveaux glucides et lipides digestibles. Je résume : nous avons donc des paresseux qui peuvent compter sur des algues vertes pour les aider à rester camouflés et pour compléter leur alimentation. Ces algues sont nourries à base de restes de papillons, décomposés avec l’aide de champignons. Et pour s’assurer d’avoir toujours des papillons sur leur dos, les paresseux prennent tous les risques pour aller faire caca au sol, afin de leur permettre de se reproduire. Des comportements surprenants comme celui-ci j’en ai rassemblé 30 dans mon premier bouquin, intitulé « Un Tanguy chez les Hyènes ». Les animaux peuvent-ils tomber amoureux ? C’est une question complexe mais une belle question. Si l’amour est le plus grand mystère de la vie, le deuxième plus grand mystère est peut-être de savoir si les humains sont les seuls à tomber amoureux. Dans cet article, on va se demander si les animaux ont des émotions ? S’ils éprouvent des sentiments amoureux ? On va découvrir ce qu’en disent les scientifiques spécialistes des comportements des animaux. On va parler d’albatros, de manchots, de campagnols, et je finirai par l’équivalent de l’application Tinder pour les pandas. Les animaux ressentent-ils l’amour ? La question est complexe je vous le disais, premièrement parce qu’il faut définir ce qu’est l’amour ! Pas évident, car sur cette simple définition, les humains ne sont déjà pas totalement d’accord entre eux ! Prenez la psychologue américaine Bianca Acevedo : elle explique que chez l’humain il existe différentes formes d’amour. Il y a par exemple l’amour passionné et romantique, que l’on peut décrire comme le désir intense d’union avec une autre personne ; mais il y a aussi l’amour qu’elle qualifie d’amour de compagnie : celui que nous ressentons à l’égard d’un frère, d’un enfant, ou d’un ami cher. Prenons ce dernier cas : Le règne animal regorge d’exemples d’amour de compagnie. Mon chien me voue énormément d’affection à chaque fois que je rentre à la maison. Il saute, me lèche la main, se roule par terre. Et je le lui rends bien, car la vérité c’est que j’éprouve pour lui le même sentiment d’amour de compagnie. Il en est de même chez les animaux sauvages : de nombreuses mères protègent et s’occupe de leurs petits. Ok, ce n’est pas le cas de toutes les bêtes, j’ai justement sorti une vidéo sur les pires mamans, allez la voir … mais tout à l’heure ! Et dans un registre moins drôle, les éléphants ou les orques pleurent leurs morts, dans un comportement qui s’assimile au deuil.
Ces exemples démontrent clairement que les animaux ressentent ce que Bianca Acevedo qualifie d’amour de compagnie. Mais je parie que ce n’est pas à cet amour-là que vous pensiez au départ en cliquant sur cet article. Qu’en est-il donc de l’amour romantique et passionnel ? Est-ce que les animaux peuvent tomber amoureux d’un partenaire ? Et bien les études s’accumulent pour suggérer que, d’une certaine manière … peut-être bien que oui. Mais vous allez voir il faut nuancer. J’ai plusieurs exemples à vous présenter, certains sont particulièrement interpellants pour les scientifiques. Premier exemple, les albatros de Laysan. Ces oiseaux se choisissent un partenaire à la fin de leur adolescence. Le couple reste uni à vie ! Même si les amants vivent séparés l’un de l’autre la majeure partie du temps, ils se retrouvent chaque année pour s’accoupler sur une plage et élever leurs petits des semaines durant. Les deux parents restent alors fidèles l’un à l’autre et se manifestent mutuellement de l’attachement. Je reprends les mots de la collègue Claudia Vinke, qui est biologiste à l'Université d'Utrecht aux Pays-Bas : Elle dit : « Si vous voyez leurs retrouvailles, alors vous êtes en droit de croire qu’il y a plus qu'un simple lien d'attachement. ». Leur retrouvailles témoignent-elles de quelque chose qui nous rapproche de l’amour passionné ? Bon, soyons de bon compte, cet union est surtout motivée par un besoin sexuel, et plus particulièrement un besoin de reproduction, plus que par une réelle passion l’un pour l’autre. Si ces deux albatros préfèrent s’unir pour la vie, c’est parce qu’ils ont d’abord passé beaucoup de temps à se choisir un partenaire et à se faire la cour. Ce serait ennuyant de devoir tout recommencer chaque année. Mais se montrer de l’attachement et in fine rester fidèle, c’est surtout particulièrement important pour élever des bébés qui, pour cette espèce animale, ont besoin des soins de leurs deux parents pour survivre. Typiquement, pendant que l’un récolte à manger, l’autre protège les jeunes. J’ai décrit les autres comportements surprenants des albatros dans mon dernier livre: La Cigale et le Zombie. Un autre joli exemple parmi les oiseaux, c’est l’histoire de Roy et Silo, deux manchots mâles qui se sont rencontrés au zoo de central Park à New York. Les soigneurs les ont observés en train de mener des rituels d'accouplement typiques de leur espèce, notamment l'entrelacement de leur cou et des cris d'accouplement. Le couple a été observé en train de se fabriquer un nid conjoint, puis ils ont couvé, ensemble, un cailloux comme s'il s'agissait d'un de leur œuf (qu’ils ne peuvent pas pondre je vous rappelle, ce sont deux mâles). Ils ont également tenté de voler les œufs de couples voisins. Les gardiens du zoo ont eu l'excellente idée de leur donner l’un des deux œufs d'un couple hétéro de manchots. Roy et Silo ont incubé l'œuf pendant 34 jours et ont passé deux mois et demi à élever le jeune poussin en bonne santé, une femelle qui a été nommée « Tango », qui a reçu tous les gestes d’amour de ses deux papas. Ceux-ci n’ont jamais cessé de se manifester mutuellement des gestes d’affection pendant toute cette période de paternité. Je vous pose la même question que pour les albatros : Selon vous, sommes-nous ici dans la définition de l’amour passionnel ? Et si les relations conjugales des oiseaux vous passionnent, j’ai fait une vidéo sur les tétras des armoises. Ils pratiquent le speed dating ! Bon, les animaux tombent-ils amoureux ? Mettons les oiseaux de côté pour nous intéresser à présent aux mammifères, comme les chiens, les chats, les cerfs, les pandas, les chimpanzés ou les humains. A l’instar d’Alexander Ophir, un neuroscientifique comportemental à l'Université de Cornell, les scientifiques pensent globalement que les mammifères éprouvent des émotions plus fortes que les autres animaux, parce ce sont les seuls à disposer d’un système limbique. Vous affolez pas je clarifie : il s’agit d’un ensemble de structures cérébrales situées dans la région médiane et profonde du cerveau, et jouant un rôle majeur dans l’expression d’émotions, et des comportements qui y sont associés. Ok, donc grâce à ce système limbique, les mammifères auraient des sentiments plus forts que les autres, mais ces sentiments sont-ils comparables à l’amour passionné des humains ? Notre neuroscientifique lui, a une opinion claire sur cette question : « les humains sont des mammifères bizarres qui sont les seuls à vivre cette expérience de l’amour ». Il pense que « tomber amoureux » est en fait propre à l’Homme et serait absent chez les autres mammifères. Mais sur quoi se base-t-il pour affirmer cela? On a déjà vu que définir l’amoureux c’est compliqué. Mais il faut à cette étape de l'article reconnaitre une deuxième difficulté majeure liée à notre question de départ : démontrer que les animaux tombent amoureux, reviens à prouver scientifiquement que l’amour éprouvé par un mammifère est comparable à l’amour éprouvé par un humain. Et vous me demanderez : et bien quoi ? c’est si compliqué que cela ? Et bien oui, et je vous le prouve avec un simple test : « Aimez-vous votre conjoint plus fort qu’il ou elle vous aime ? ». Si ma question est provoquante, c’est pour vous faire comprendre qu’il n’est pas simple de comparer les sentiments d’attachement et de passion de deux humains. Alors imaginez une seconde le challenge pour les scientifiques de comparer les sentiments amoureux exprimés par les humains et ceux exprimés chez un autre animal. Car au moins avec les humains, les psychologues peuvent soumettre un questionnaire qui permet d’évaluer l'intensité des sentiments amoureux. Heureusement, les chercheurs peuvent compter sur une technique formidable qu’est l’imagerie par résonance magnétique. Cette technique permet d’analyser les activités de votre cerveau associées à l’amour. Et c’est précisément ce qu’on fait en 2015 des scientifiques américaines et chinois : ils ont demandé à des volontaires de regarder des photos de différentes personnes, parmi lesquelles leur amoureux ou amoureuses. Et oui, ils ont observé une activité intense dans l’amygdale, qui est le centre émotionnel du cerveau, ainsi que dans les zones associées à la mémoire et à la concentration intense. Les scientifiques peuvent donc enregistrer l’amour chez des humains grâce aux activités cérébrales. Ils peuvent le faire aussi avec la sécrétion de nos hormones. Ils s’accordent pour associer l'amour romantique à trois hormones principales : la dopamine, ocytocine, vasopressine. La dopamine est le principal neurotransmetteur du plaisir, qui trahit les sentiments romantiques et qui joue un rôle important dans l’excitation sexuelle. L'ocytocine et la vasopressine sont plus intimement liées à l'attachement et au lien que vous établissez avec une personne qui vous est chère. Leurs concentrations est plus importante dans le sang d’une personne amoureuse. Alors tout cela ce sont les humains vous me direz. Peux-tu revenir à la question de départ : les animaux peuvent-ils tomber amoureux ? Et bien, les chercheurs ont observé des réactions hormonales similaires chez les campagnols, des rongeurs dont certaines espèces sont monogames et d’autres espèces qui ne le sont pas. Chez les espèces monogames, (donc pour lesquelles des couples se forment) les récepteurs aux hormones de l’amour sont plus abondants. Les campagnols qui forment des couples disposent donc des mêmes hormones et autres outils physiologiques que les humains pour ressentir l’amour passionnel. Bon, même si les autres mammifères ont des hormones et des organes comparables aux nôtres, nous ne pouvons pas savoir avec certitude s’ils sont capables d’exprimer des sentiments amoureux comparables aux nôtres. Mais il est fort à parier que oui. Et finalement vous me direz, ça sert à quoi de le savoir ? Comprendre si oui, et comment les animaux tombent amoureux peut être d’une importance capitale pour les scientifiques qui travaillent à la préservation des espèces en voie d’extinction. Car pour faciliter les accouplement et les naissances, ces scientifiques doivent les aider à former des couples, qui s’aiment ! C’est le cas de Meghan Martin, professeure de biologie à la Washington State University, qui s’intéresse à la reproduction des pandas géants. Vous savez sans doute que ces grosses bêtes ne sont pas particulièrement connues pour leurs envies de … Alors elle met en place des séances de « speed-dating pour pandas ». Avec son équipe, elle crée une « allée des amoureux » où une femelle panda se promène dans un couloir rempli de partenaires potentiels. Les scientifiques enregistrent les comportements de la femelle, positifs et négatifs, afin de comprendre par quel mâle elle est attirée. Parce que vous vous en doutez, mais prendre en compte le choix du partenaire et les sentiments d’attachement et de passion, c’est important si on veut voir deux individus s’unir, et sauver leur espèce de l’extinction. Et Meghan Martin de rappeler que si "L'amour n'est pas si simple pour nous humains, nous ne pouvons pas compter sur le fait qu'il soit aussi simple pour les animaux." Tous les parents du monde ne font pas du bon boulot. Et le règne animal regorge de pères et de mères exécrables. Sur ce sujet j’ai l’embarras du choix, mais j’ai choisi de vous parler du quokka. Le quokka, cette « sorte de rat, aussi gros qu’un chat domestique ». C’est pas moi qui le dit, ce sont les mots du Néerlandais, Willem de Vlamingh, qui a décrit le Quokka pour la première fois à la fin du 17ème siècle, après avoir foulé le sol d’une île nouvellement explorée, située à une vingtaine de kilomètres des côtes du Sud-Ouest australien.
Il a d’ailleurs nommé cette île Rottnest qui veut littéralement dire « nid à rats ». Et l'île porte toujours ce joli nom aujourd’hui. Le Quokka n’a pourtant rien d’un rat. En réalité, il ressemble beaucoup aux autres wallabies qui peuplent l’Australie : sa fourrure est courte, très grossière et épaisse, de couleur gris-brun sur la plus grande partie du corps. Il pèse de 3 à 4 kilos et mesure environ 50 centimètres. Le quokka est l’une des très nombreuses espèces animales endémiques de l’Australie. Contrairement aux koalas, les quokkas se nourrissent des feuilles, tiges et racines de nombreux végétaux. Leur besoin en eau est considérable : cette eau douce est trouvée directement dans leur alimentation. Comme les vaches, il arrive que les quokkas régurgitent leur nourriture afin de la mâcher une seconde fois. Cette stratégie leur permet d’ingurgiter une grande quantité de nourriture dans des zones dangereuses car exposées aux prédateurs, puis de mastiquer convenablement celle-ci une fois à l’abri. Une autre particularité comique liée à l’alimentation des quokkas : ils stockent de la graisse dans leur queue, et puisent dans ces réserves lorsque la nourriture vient à manquer. Quand ils mangent trop, ils ont donc la queue qui gonfle. Comme le kangourou, le quokka est un mammifère marsupial : leurs jeunes naissent très tôt -après un mois de gestation- mais dans un état de développement précoce que l’on nomme larve marsupiale. Ces larves rejoignent alors une poche ventrale -le marsupium- où sont protégées les mamelles de leur mère. Les quokkas qui vivent sur le continent doivent faire face aux attaques de renards. Et bien qu’ils n’aient pas de moyen de se défendre, les jeunes mères ont leur technique bien à elle … pour sauver leur peau. Les scientifiques ont observé, un peu par hasard, cette technique lors de travaux réalisés sur le terrain. Leur boulot consistait à attraper des quokkas afin de leur placer des colliers munis de puces GPS. A l’approche des chercheurs, les femelles prises au piège tentent de s’échapper. Les chercheurs ont constaté que dans ce mouvement de panique, un petit peut être expulsé de la poche marsupiale. Il tombe alors au sol, se met à gesticuler et à « siffler » bruyamment. Bon, voyant que leur vie n’est pas en danger, les mères récupèrent systématiquement leur jeune, et les replacent au chaud dans la poche. Excès de panique ? Simple accident ? Sachant que ces marsupiaux possèdent de nombreux muscles puissants au niveau de leur poche, il est peu probable que l’ouverture de celle-ci soit parfaitement involontaire. Non non non, mesdames quokkas, les chercheurs vous ont jugé COUPABLE ! La décontraction de la poche marsupiale est considérée par les scientifiques comme un moyen de défense volontaire contre les prédateurs. Lorsqu'une mère prend conscience d’une attaque d’un prédateur, elle décide d’expulser son petit. Ses cris attirent l'attention du prédateur qui se délecte du jeune et se détourne donc de la mère en fuite. Les quokkas ne sont pas les seuls. Des comportements comparables ont été observés chez d'autres marsupiaux comme les kangourous gris ou les wallabies. Alors jugez pas trop vite ces mères : ce comportement s’explique au regard des très faibles chances de survie des femelles qui ne pratiqueraient pas ce comportement. Autant sauver sa vie et espérer pouvoir donner de nombreuses autres naissances durant le reste de leur vie sauvée. En savoir plus: Hayward MW, De Tores PJ, Augee ML, Banks PB (2005). Mortality and survivorship of the quokka (setonix brachyurus) (macropodidae : Marsupialia) in the northern jarrah forest of western australia. Wildlife Research, 32(8), 715-722. Le 24 novembre 1859, Charles Darwin publiait sa théorie de l’évolution par la sélection naturelle. Et aujourd’hui toujours, certains rejettent cette idée que les espèces vivantes changent. Parmi les arguments souvent avancés : celui que personne n’a jamais vu de ses yeux l’évolution opérer. Même si l’évolution prend habituellement beaucoup de temps, il existe quelques exemples d’évolution fulgurante, rendant la théorie de Darwin observable au cours d’une seule vie d’homme. Dans cette vidéo, je vais vous parler de mouches, de lézards, de ventilateurs, de mer des caraïbes et d’ouragans. Installez-vous, ne bougez pas, c’est tout de suite après ça. Petit rappel de ce qu’est la théorie de l’évolution par la sélection naturelle. Imaginez une population d’une espèce quelconque, disons un animal. Des hamsters … vous aimez les hamsters ? Ils sont très nombreux et vivent en paix dans une vallée merveilleuse où rien ne manque. Ils sont tous un peu différents les uns des autres, certains sont un peu plus petits, d’autres ont une queue un peu plus longue, certains ont un peu plus de poils sur le crâne, d’autres encore ont des couleurs plus vives que leurs voisins. Mais un jour un monstre horrible arrive, et mange tous les hamsters. Sauf ceux qui sont trop jaunes, parce que … il n’aime pas la couleur jaune. Seuls les hamsters jaunes survivent, peuvent avoir des petits, qui sont eux aussi jaunes, comme leur parent. Et ainsi, génération après génération, notre population d’hamsters s’enrichit d’individus jaunes. Et en quelques millions d’années, la vallée merveilleuse est peuplée de hamsters majoritairement jaunes. La théorie de l’évolution, ce n’est pas la lois du plus fort ! Mais celle du plus adapté à son environnement, à un moment donné. Et puisque l’environnement change tout le temps, les espèces vivantes s’y adaptent … tout le temps. Si vous élevez des mouches dans une cage donc, vous vous rendrez compte que de temps en temps il y a des mouches qui naissent sans ailes. C’est le fruit d’une mutation rare, et quand on est une mouche et bien ce n’est pas génial : difficile de trouver à manger ou de séduire un partenaire. Donc les mouches sans ailes finissent par mourir, et restent toujours très rares. Elles ne sont tout simplement pas adaptées à leur environnement ! Mais si vous placez un ventilateur face à la cage d’élevage, que se passe-t-il ? Et bien le vent souffle dans les ailes des mouches qui sont plaquées aux parois de la cage. Incapables de se déplacer, elles meurent. Sauf quelques-unes : celles qui n’ont pas d’ailes ! Pour celles-là, il est plus simple de survivre, et de se reproduire dans ces nouvelles conditions. Et finalement, après plusieurs mois d’élevages sous ventilateur, vous vous retrouver avec une population de mouches sans ailes. Je le répète, la théorie de l’évolution, ce n’est pas la loi du plus fort, mais celle de celui qui est le mieux adapté à son environnement, à un moment donné. |
Details
AuteurFrançois Verheggen, Professeur de Zoologie, Université de Liège Archives
Novembre 2024
Catégories |