Pourquoi sommes-nous la seule espèce animale à développer de la poitrine ? On compte 6500 espèces de mammifères, 6500 espèces donc qui allaitent leur petits à l’aide de mamelles, mais seulement une seule espèce voit sa poitrine se développer indépendamment d’une grossesse, et donc indépendamment d’une période d’allaitement. Oui car contrairement à la poitrine de la femme, qui se développe lors de la puberté et ne disparait jamais, les poitrines des femelles des 6499 autres espèces ne gonflent que lors de l’allaitement, et retourne ensuite à leur taille de départ, quasi inexistante. Pourquoi ? Et bien comme toujours je me suis plongé dans la littérature scientifique pour vous et je vais répondre à plusieurs questions dans cet article :
Il y a quelques années, après l’un de mes cours de zoologie à l’Université, l’une de mes étudiantes vient me voir et me demande pourquoi les humains, et les femmes en particulier, sont les seules à avoir de la poitrine à la puberté et à la garder à vie. A l’époque je n’étais pas sûr de la réponse, je lui ai donc dit que j’allais me renseigner. Ce que j’ai fait. Je m’étais alors plongé dans la littérature scientifique et je m’étais d’abord aperçu d’un truc : il y a des tonnes de chercheurs et chercheuses qui se sont penchés sur la question de la poitrine ! Chez les humains bien sûr, mais aussi chez les autres animaux ! Certains d’entre eux publient d’ailleurs depuis des années sur ce thème, et y ont consacré toute leur carrière scientifique. A l’époque déjà, je me suis rendu compte qu’on était loin d’avoir les réponses à cette question. J’ai donc répondu à cette étudiante qu’« on ne sait pas très bien pourquoi ». Alors lorsque j’ai voulu préparer cet article, je suis retourné voir si de nouvelles découvertes avaient été faites, et si je pouvais enfin apporter quelques éléments de réponses. On pourrait déjà rappeler que la poitrine, c’est un truc de mammifères. Comme les chiens, les lièvres, les éléphants ou les baleines, les humains font partie des quelques 6500 espèces de mammifères, des animaux qui ont notamment comme particularité d’allaiter leurs petits. Quelques chose que ne font donc pas les reptiles, les insectes, les oiseaux, les vers ou les amphibiens. Même si pour les amphibiens, j’ai justement publié cette découverte qui date de début 2024 et qui montrent qu’un amphibien allaite ses petits, mais ce n’est pas tout à fait la même chose comme allaitement. A part quelques exceptions, toutes les femelles mammifères disposent de mamelles pour allaiter. D’ailleurs mammifères, signifie « qui porte des mamelles », du latin mamma qui veut dire … « mamelle ». C’est sans doute de la que vient aussi le mot maman. Et c’est à Linné, que l’on doit cette appellation de mammifères. Les mammifères allaitent donc leurs petits à l’aide d’un lait sécrété par des glandes que l’on ne retrouve que chez les femelles de cette classe d’animaux. Mais une différence majeure apparait lorsque l’on compare les mamelles des femmes qu’on appelle donc des seins, et les mamelles des femelles des autres mammifères. Chez les 6500 espèces de mammifères, la poitrine ne se développe que durant la période de lactation. C’est pourquoi les mamelles des femelles d’éléphants, de singes ou encore de pangolins ne sont pas proéminentes. Une femelle n’ayant jamais eu de petits n’a tout simplement pas de mamelles développées. Alors que chez l’humain, la poitrine de la femme se développe indépendamment de la lactation, au cours de la puberté, en accumulant de la graisse. Et la taille et la forme est à peu près stable au cours de la vie. Alors ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit : évidemment la poitrine gonfle aussi durant la grossesse humaine et la lactation, mais c’est une période passagère, comme pour les autres mammifères. On compare souvent à raison l’humain avec les autres primates, et particulièrement les chimpanzés et les bonobos avec lesquels nous partageons une longue histoire évolutive. Les femelles des bonobos ont des mamelles qui gonflent en période de réceptivité. Les spécialistes estiment que ces mamelles gonflées informent visuellement les mâles de la disposition des femelles à s’accoupler, mais ne seraient aucunement des stimuli érotiques. Et de plus les mamelles rétrécissent en dehors de ces périodes de réceptivité. Force est donc de constater que la présence de seins qui restent hypertrophiés après la puberté, est une différence que nous avons avec les autres mammifères et les autres primates en particulier, au même titre que la taille de notre cerveau, la marche à pied verticale ou un corps dépourvu de poils. Mais pourquoi ces réserves de graisse sont-elles permanentes sur la poitrine des femmes ? Pourquoi au cours de l’évolution de nos ancêtres, les femelles ont développé cette poitrine permanente ? Pourquoi on n’a pas conservé le même caractère que les autres mammifères, celui d’une poitrine qui ne gonfle que lors de la grossesse ? Sur ce thème particulier, j’ai trouvé une énorme quantité de travaux scientifiques. Certains avancent que la poitrine se serait développée il y a plus de 5MA lorsqu’on est passé de la marche à quatre pattes à la bipédie. A cette époque, la poitrine n’était plus cachée entre les quatre pattes, comme c’est le cas pour les autres mammifères, et est devenue exposée aux yeux de tous. C’est sans doute alors qu’elle s’est développée. On verra plus loin dans l'article que tout le monde ne partage pas cette analyse. Mais pourquoi est-elle apparue ? Et bien, les chercheurs ont formulé un certain nombre d’hypothèses mais ont aussi régulièrement démontré que ces hypothèses ne tenaient pas debout. Première hypothèse que j’ai trouvée, et que les chercheurs ont formulé à une époque : Lors des prémisses de notre espèce, la poitrine développée de manière permanente permettait à la femme de cacher son statut reproductif. Je veux dire par là, cacher aux autres si elle en période féconde ou non. Je m’explique. Chez les mammifères, un comportement classiquement observé chez les mâles consiste à surveiller en permanence une ou plusieurs femelles qu’ils accaparent, afin de repousser les autres mâles et s’assurer que la femelle n’ait pas de relations avec ceux-ci. Du point de vue de la femelle, c’est ennuyant, car cela limite son épanouissement sexuel. Mais le mâle baisse sa surveillance lorsque la femelle est enceinte ou en lactation. Tout simplement parce qu’une femelle mammifère qui allaite, n’ovule temporairement plus, et n’est donc pas féconde. Pas de risque pour le mâle dominant qu’un autre mâle vienne féconder ‘sa’ partenaire. Soyons clair, ce n’est pas une question de jalousie, le mâle ne la surveille pas vraiment pour éviter de se sentir ‘cocu’, mais pour éviter que la femelle ne soit fécondée furtivement par un autre. Parce que ce premier mâle se retrouverait donc à protéger et nourrir un petit qui est celui d’un autre mâle. Et ça, c’est ennuyant pour le mâle. Les chercheurs ont émis l’hypothèse qu’au cours de l’évolution des humains, la poitrine est une « astuce » qui aurait permis aux femelles d’augmenter le nombre de leurs aventures sans que le mâle du coin fasse trop sa loi. Les femelles qui avaient de la poitrine à tout moment, aurait été moins surveillées, et donc auraient eu plus d’accouplement. Mais cette hypothèse a été écartée par les chercheurs pour plusieurs raisons : notamment parce que si un mâle ne la surveille pas c’est qu’il considère qu’elle n’est pas réceptive, et donc les autres mâles devraient avoir la même interprétation que lui, et se détourner des femelles qui ont de la poitrine. Deuxième hypothèse : la poitrine développée c’est avantageux pour l’enfant qui peut s’alimenter continuellement en étant assis sur les hanches de sa mère. C’est moins d’effort pour la mère qui ne doit pas le porter jusqu’à ses mamelles. Cette hypothèse se base sur le fait que les humains n’ayant pas de poils, ce qui est unique pour les mammifères terrestres, on est les seuls à ne pas avoir de poils. Et donc nos petits ne peuvent pas se suspendre au pelage de leur mère pour téter. Pour compenser l’absence de poils, la poitrine se serait développée, afin de permettre au petit de manger depuis une position assise sur les hanches de maman. Mais ça ne tient pas non plus la route car les nourrissons en bas âge ne peuvent se tenir assis, alors que c’est justement la période à laquelle ils doivent manger le plus fréquemment. 3ème hypothèse avancée dans la littérature scientifique pour expliquer les poitrines permanentes des femmes : La taille de la poitrine est un indicateur de la fertilité d’une femelle, de sa capacité reproductrice. Les chercheurs émettaient donc l’hypothèse qu’historiquement les mâles préféraient des partenaires avec une poitrine, car cela leur donnait l’indication d’une bonne mère pour leur futurs petits. Alors il y a plein de choses à dire sur cette hypothèse, mais je vais tenter d’être synthétique. La première chose à savoir c’est qu’il existe beaucoup de rapports scientifiques qui démontrent que le succès de reproduction est lié aux taux de deux hormones : la progestérone et l’œstrogène sous l’une de ses formes. Plus ces deux hormones sont abondantes dans le sang d’une femme, plus grandes seront ses chances d’avoir un enfant après un accouplement. Et une étude publiée en 2004 démontre que les femmes possédant un large tour de poitrine présentent des niveaux de ces deux hormones plus élevés, ce qui serait associé à une meilleure fécondité. Leur idée c’est donc que les seins gonflés informent les mâles de la fertilité de la femelle. Mais premier problème : les scientifiques ne sont pas d’accord, notamment ceux de cette autre étude très récentes menée en Californie, qui démontre le résultat inverse: il n’existe selon eux aucune relation entre le tour de poitrine et la fécondité d’une femme. Pour être honnête, je n’ai pas non plus trouvé d’étude qui démontre le lien directe entre la taille de la poitrine et la fécondité ou la survie des nourrissons. Et même si c’était le cas, si effectivement une étude sérieuse devait démontrer que la survie des nourrissons était liée à la taille de la poitrine, on n’aurait pas encore démontré que c’est comme cela que la poitrine a été maintenue au cours de l’évolution d’Homo sapiens. Il faudrait encore démontrer que les mâles de l’époque ont privilégié les femelles disposant d’une poitrine développée. Puis je fais une précision importante : le volume des seins avant grossesse ne conditionne en rien le volume de la lactation. C’est juste des tissus fibreux, ou conjonctif, qui sont plus ou moins abondants chez certaines femmes. Donc pour résumer on ne peut pas rejeter complètement cette 3ème hypothèse. 4ème hypothèse : Indépendamment d’un lien entre fécondité et présence de poitrine, des chercheurs avancent que les femelles ayant disposé d’une poitrine développée, auraient connu un meilleur succès reproducteur, car les mâles de l’époque auraient été attiré par leur poitrine. En privilégiant les femelles ayant une poitrine développée, les mâles auraient opéré une sélection sexuelle sur ces femelles. Et au final la caractéristique de développer une poitrine à la puberté aurait été conservée. Oui, beaucoup de chercheuses et chercheurs affirment qu’au cours de l’évolution humaine, les seins permanents ont aidé les femmes à attirer des partenaires. Comme les plumes des paons mâles, les seins servaient il y a longtemps comme message adressé au sexe opposé : « Hé, regarde ça ! J’ai des seins, je suis en bonne santé, reproduis-toi avec moi ! Tes bébés j’en prendrai bien soin ». Mais pour que cette quatrième hypothèse tienne la route, les chercheurs doivent démontrer alors que certaines qualités particulières des seins, comme certaines tailles ou certaines formes, plaisent plus aux hommes que d’autres. Existe-t-il donc un lien clair entre les caractéristiques mammaires et les goûts des hommes ? Je vais vous décevoir mais la science se dispute sur la réponse à apporter à cette question. La plupart des études que j’ai consultées se basent sur l’usage de photographies de femmes dénudées, souvent des photographies générées et modifiées par ordinateur pour avoir plusieurs photos du même personnage féminin, mais avec des formes corporelles variables. Et les participants devaient souvent répondre à des questionnaires pour évaluer leur attrait pour certains modèles. Certaines études étaient plus comiques, parce qu’elles faisaient usage de caméra qui suivaient le regard des participants. Vous voulez un échantillon d’études ? Allé c’est parti.
Ces études permettent de mieux comprendre l’origine de la poitrine permanente, ce qui est une spécificité humaine. Si la science confirme que la poitrine est attirante aujourd’hui pour l’homme, rien n’est sûr pour les préhumains. De plus, rien n’indique que la taille de la poitrine ait été un facteur de sélection sexuelle exercée historiquement par les mâles, il y a plusieurs millions d’années, puisque aujourd’hui en tout cas, la taille n’a pas d’importance dans de multiple situations. Peut-être que finalement la réponse à notre question de départ se trouve dans une récente recherche qui avance que le développement permanent de la poitrine, mais aussi des fesses, ne serait que la conséquence de l’alimentation d’un de nos ancêtres, le bien nommé Homo ergaster. Ces chercheuses avancent en effet qu’il y a 2 MA, avec l’augmentation de la consommation de viande, les corps féminins auraient produit de plus grandes quantités de certaines hormones, comme la déhydroépiandrostérone. Cette hormone provoquerait l’accumulation de graisses dans ces deux régions du corps, menant à une hypertrophie permanente de la poitrine. Et puisque les autres primates n’ont pas connu cette hausse de la consommation de viande dans leur évolution, ils n’ont jamais développé de poitrine permanente. Toujours selon ces scientifiques, les seins auraient ensuite été récupérés pour d'autres fonctions, comme celle d’attirer des partenaires et indiquer leur état biologique. En conclusion, les poitrines permanentes sont le propre de l’espèce humaine. Alors que les mamelles jouent quasi exclusivement un rôle fonctionnel dans la lactation et les soins aux nourrissons, seul l’humain semble porter son attention sur la poitrine féminine. On ne sait pas très bien pourquoi d’où vient cette poitrine permanente, même si différentes hypothèses sont toujours en lice et doivent être confirmées dans les prochaines années. Et il semble clair que de nombreux facteurs, notamment culturels, impactent l’attraction mammaire observée chez l’homme. Un phénomène qui reste unique parmi les animaux.
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Des perruches envahissent l’Europe ! Elles sont aujourd’hui omniprésentes dans de nombreuses grandes villes comme Paris, Bruxelles, Madrid ou Rome. Si elles ont apporté de magnifiques couleurs dans nos rues, on sait aujourd’hui à quel point elles impactent négativement notre environnement, au point d’être considérées comme des espèces invasives. Je me suis plongé dans plusieurs récents rapports afin de vous préparer cet article, au cours duquel on va découvrir qui sont ces perruches exotiques, d’où elles viennent, quels sont leurs impacts sur nos villes et les animaux qui y vivent. Et enfin on se demandera si on doit limiter leurs populations et si oui, comment faire ? Il y a une vingtaine d’années, on pouvait s’étonner de voir déambulant dans quelques grandes villes européennes des oiseaux aux couleurs inhabituellement chatoyantes et aux cris strident. Aujourd’hui Parisiens et Bruxellois par exemple, ne lèvent même plus les yeux lorsque ces perruches traversent la rue. Venues d’ailleurs, elles se comptent en effet par milliers voire dizaines de milliers d’individus selon les métropoles. Les populations les plus importantes se trouvant au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique, en France ou en Espagne. Sans compter qu’elles posent leurs valises dans de nouvelles villes et de nouveaux pays européens chaque année. Ces perruches appartiennent à la famille des perroquets : en Europe, on en trouve une 10aine d’espèces mais principalement deux : la perruche à collier et la perriche veuve (qu’on appelait avant la conure veuve). Même si on les retrouve toutes les deux un peu partout, la première s’est surtout établie dans le nord (comme dans les villes de Paris et Bruxelles) alors que la seconde a préféré le sud du continent avec des villes comme Barcelone, Montpellier, Athènes ou Rome. Plutôt au Nord donc, la perruche à collier est facilement reconnaissable à son plumage vert pomme, son bec rouge et le collier noir qu’elle a autour du coup et qui lui donne son nom. Elle provient des zones tropicales des continents africains et asiatiques. Au sud, la perriche veuve est également de couleur verte mais avec du gris sur le front et la poitrine, ainsi que du bleu sur les extrémités de ses ailes. Elle, elle est originaire d’Amérique du Sud et particulièrement du Brésil, du Paraguay et d’Argentine. Parmi les autres espèces qu’on retrouve dans certaines villes européennes il y a notamment la Perruche alexandre, qu’on retrouve par exemple à Bruxelles. Mais je te propose de nous concentrer sur la Perruche à collier et la perriche veuve qui sont de loin les deux espèces invasives les plus communes en Europe. D’ailleurs toutes les études que j’ai consultées confirment que leur croissance démographique est extrêmement rapide, elles sont chaque année plus nombreuses. Alors, comment ces oiseaux exotiques se sont retrouvés sur le Vieux Continent, et s’y retrouvent aujourd’hui en grand nombre? Et bien ce sont les humains et leur goût pour les oiseaux en cage qui sont responsables de l’arrivée des perruches dans nos contrées. Les premières apparitions de ces oiseaux en Europe dateraient des années 70, et seraient le résultat de lâchers accidentels ou même sauvages. On peut d’ailleurs dater avec précision certains de ces évènements. En 1974 à Bruxelles par exemple, une quarantaine de perruches à collier ont été libérées par un zoo de la ville. Et la même année, en région parisienne, un conteneur de la zone aéroportuaire d’Orly a malencontreusement laissé échapper une cinquantaine d’individus. Le même scénario s’est reproduit en 1990, cette fois à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Une fois leur liberté retrouvée, ces perruches sont alors devenues citadines. En ville, la température est toujours légèrement plus élevée qu’à la campagne, à cause notamment de la proximité des bâtiments. Les prédateurs y sont plutôt rares et la nourriture y est servie sur un plateau d’argent. Elles affectionnent quantité de fruits et de graines, présents grâce aux plantes d’ornement, qui sont parfois aussi d’origine tropicales et présentes dans les jardins et les parcs. Mais elles profitent aussi de restes de nourriture qu’abandonnent les passants. De plus, pour survivre aux rigueurs de l'hiver, ces perruches peuvent compter sur des habitants bienveillants, qui laissent des aliments dans des mangeoires. Une fois venu le temps des amours, la perruche à collier se met à la recherche de cavités au sein d’un arbre, d’un rocher, ou d’un vieux murs. Elle y installe son nid, ce qui ne fait pas du tout l’affaire des oiseaux locaux. Et bien oui, le nombre de cavités étant limité, une compétition s’installe entre les oiseaux locaux et les perruches envahissantes. Parmi les oiseaux qui paient le prix cher de cette colocation indésirée, il y a les moineaux, les étourneaux, sittelles et mésanges, qui eux aussi sont des usagers fréquents de ces cavités. D’autant que cette compétition, elle est souvent remportée par les perruches. Il faut dire qu’elles possèdent deux armes de poids : Premièrement leur taille qui est d’environ 40 cm. Elles sont donc légèrement plus grandes que les oiseaux locaux, qui peuvent être relativement impressionnés. Mais elles ont surtout la caractéristique de se déplacer et de nicher en groupe. Déjà que les perruches elles sont badasses, mais elles ont aussi l’avantage du nombre. C’est une des raisons qui les rendent si invasives. Elles s’approprient la nourriture et les abris, ce qui leur permet de se reproduire sans difficulté, et donc d’être sans cesse plus nombreuses. A la différence des perruches à collier, la perriche veuve elle … elle ne niche pas dans les cavités mais dans des arbres. Et puisque les arbres manquent parfois dans nos villes, elles se tournent volontiers vers des poteaux électriques. Elles fabriquent leurs nids avec des morceaux de bois, qu’elles accolent les uns à côté des autres. Si bien que leur nid forme un amas de branches pouvant peser plusieurs dizaines de kilos. Alors, doit-on s’inquiéter de la présence et de l’expansion de ces oiseaux colorés ? On vient de le dire, les perruches entrent en compétition avec certains oiseaux, des espèces qui n’ont pas eu le temps de s’adapter et de se spécialiser dans une niche écologique différente à la suite de l’arrivée des perruches. Pour l’heure, quelques rapports scientifiques font état d’un impact significatif sur les oiseaux et chauves-souris locaux. Par exemple à Séville, la Perruche à collier supplante une espèce rare et vulnérable de chauve-souris. En plus, la perriche veuve fabrique des nids communautaires, c’est-à-dire des nids de très grande taille, avec de multiples entrées pour accueillir de nombreux individus. Ils peuvent atteindre plusieurs mètres de large et peser jusqu'à 200 kg. Vu qu’elles peuvent les placer sur des poteaux électriques, les risques ne sont pas nuls pour notre sécurité. Par contre, dans les villes où les populations de perruches sont très denses, certaines de ces perruches partent à la découverte de la campagne environnante. Certains champs et vergers en font donc les frais. Dans leur continent d’origine, les perruches s’attaquent aux cultures, elles peuvent devenir un réel fléau pour les productions végétales. En Inde par exemple, les perruches à Collier ont l’habitude de pénétrer en groupe dans les champs où elles dévorent les céréales et les plantations de citronniers. Là-bas, leur impact économique peut donc être conséquent. En Espagne ces dégâts ont été chiffrés : -30% des récoltes de céréales aux abords de Barcelone à cause des perriches veuves. Mais je tempère un peu : il faut reconnaitre qu’en général ce n'est pas le cas, et on peut décemment conclure que les perruches n’induisent en général pas de dégâts économiques majeurs. Mais il est apparu important de lutter contre ces perruches, au moins pour leur dégâts écologiques. Comment a-t-on procédé ? Dans les années 70 aux états unis, on a aspergé les nids de perriches veuves depuis de hautes échelles à l’aide d’un pesticide, heureusement aujourd’hui interdit partout. J’ai pu lire que de nombreuses stratégies de lutte ont été envisagée dans plusieurs villes européennes, des stratégies parfois étranges, et souvent couronnées de très peu de succès. Par exemple, dans certaines villes d’Espagne, les services communaux grimpaient jusqu’aux nids, et perçaient les œufs avec de fines aiguilles. Auraient-ils pu juste retirer les œufs ? Non, parce que s’ils avaient fait cela les perruches en auraient sans doute rapidement produit de nouveaux. Ainsi au moins, elles se fatiguaient à couver des œufs mort-nés. En Espagne toujours, les perruches ont été simplement tirées au fusil. Cette démarche n’est pas facile à cacher à la population, qui non seulement n’est pas toujours rassurée, mais en plus ne comprends pas pourquoi on décide de tirer de si beaux oiseaux. Ailleurs on a testé sans succès des méthodes de stérilisation chimique ou des piégeages par filets ou à l’aide de cages à appas. Dans tous les cas il apparait important de communiquer vers les habitants pour qu’ils comprennent pourquoi on s’en prend à ces oiseaux. Au final la méthode la plus efficace et la moins couteuse consiste à les tirer dès le début de leur invasion dans une nouvelle ville. Aussi cruel que cela puisse paraitre, c’est en tout cas ce que préconise l’Europe, afin notamment de protéger les espèces d’oiseaux et de chauves-souris locales. Et pour les populations les plus importantes des villes européennes, il est recommandé de les capturer à l’aide de cages, même si l’option est chère à mettre en place, c’est en tout cas la solution qui apparaît la plus acceptée par le public. Mais il parait important de souligner que l’élimination totale des grandes populations urbaines apparaît impossible. Selon certains experts, il faut plutôt apprendre à vivre avec elles. Je me permets de faire le parallèle avec un exemple que je connais bien pour l’avoir étudié longtemps : celui des coccinelles asiatiques. Il y a plusieurs années j’étais interviewé par un programme télévisé belge, appelé Le Jardin Extraordinaire. On m’a demandé ce qu’il fallait faire pour se débarrasser de ces insectes envahissants, et j’avais tenu un discours franc : On doit apprendre à vivre avec ! Si cela avait étonné les présentateurs, aujourd’hui plus personne n’envisage d’éradiquer ces coccinelles. Mon avis est ici le même concernant les perruches : à l’instar de nombreuses autres espèces animales qui se sont introduites chez nous et qui font aujourd’hui partie de nos paysages, il faudra apprendre à vivre avec elles. Et un jour peut-être, la présence de ces oiseaux venus de loin n’étonnera plus personne. Mon chien impacte tous les jours le fonctionnement de mon cerveau. J’ai réalisé à quel point c’était le cas après m’être plongé dans l’épaisse littérature scientifique. Et ce que j’y ai découvert m’a bluffé. Les amis, si vous avez un chien, sachez qu’il modifie bien plus votre cerveau, vos humeurs et votre santé que vous ne l’imaginez. Dans ce article je vais vous faire un résumé de ce que j’ai appris, et je vais vous présenter brièvement quelques-unes de ces découvertes étonnantes. On va voir comment les chiens aident à soigner les malades avant de découvrir comment des chercheurs ont enregistré le cerveau de personnes passant du temps avec ces chiens, et comment cela a impacté leur comportement et leur santé. Mon chien s’appelle Baloo, il partage notre vie depuis plus de 9 ans. Bien sûr j’avais conscience qu’il me faisait du bien ainsi qu’à toute ma famille, dont il fait finalement intégralement partie. Quand il est heureux, son bien-être est contagieux, on sourit, on se sent bien. Quand il est malade, on a mal pour lui et on perd notre bonne humeur. Que notre Baloo impacte nos émotions, on s’en doutait un peu, c’était intuitif, j’en convient tout à fait. Mais récemment, la science est allée plus loin que de simplement confirmer cette intuition que tu as sans doute déjà eu, si tu as un chien à tes côtés. Plusieurs études ont été publiées récemment, des travaux qui précisent un peu plus tous les bienfaits des chiens sur notre bien-être. Et en particulier il y a cette étude coréenne sortie en mars 2024 qui démontre à quel point notre cerveau est impacté par notre chien. Les expériences impliquant des interventions d’animaux dans des hôpitaux ou dans des écoles se font de plus en plus nombreuses dans le monde. Et la quasi-totalité des rapports vont dans le même sens : les chiens sont de précieux alliés. J’épingle pour commencer une étude qui indique que c’est particulièrement vrai chez les patients qui se rendent aux urgences hospitalières. Les urgences on s’y rend pour diverses douleurs que notre médecin traitant ne peut traiter. Sur place l’environnement est généralement anxiogène et l’attente peut parfois être longue, ce qui accentue le ressenti de la douleur chez les patients. Au cours d’une étude menée au Canada, des chiens ont été autorisés à rendre visite à des patients admis aux urgences d’un hôpital. Les chercheurs se sont rendus plusieurs jours dans la salle d’attente de l’hôpital de Saskatoon, au Canada , et ont interrogé un panel de 211 personnes. Certains jours, un chien de thérapie était présent dans la salle d’attente avec son maître. En attendant d’être reçu par un médecin, les patients devaient remplir un questionnaire et évaluer leur niveau de douleur, de stress et de bien-être sur une échelle de 1 à 10. Ensuite, ils passaient 10 minutes en compagnie du chien, et répondaient au même questionnaire 20 minutes plus tard. Un autre test similaire a été organisé avec un second groupe de patients, qui n’a pas pu profiter de la présence du chien. Tout comme le premier groupe, ces personnes ont répondu deux fois au même questionnaire, à 30 minutes d’intervalle. Cette expérience a permis aux chercheurs de démontrer que la présence du chien a distrait les patients en les faisant penser à autre chose, ce qui a drastiquement diminué leur sensation de douleur, les a aidés à évacuer le stress et à améliorer leur moral. D’ailleurs pour l’anecdote, l’un des chiens s’appelait Murphy, et cet épagneul de 6 ans faisait tellement bien son boulot qu’il a été surnommé « Dr. Murphy » par le personnel de l’hôpital. L’utilisation d’animaux dans le domaine médical remonte à plus d’un siècle. Freud, fondateur de la psychanalyse, a été l'un des premiers thérapeutes à introduire son chien de compagnie dans ses séances de thérapie, parce qu’il constatait que ses patients étaient plus disposés à communiquer en raison de la présence de son animal. Les chiens ont ainsi prouvé à de multiples occasions leur rôle bénéfique lors de diverses formes de thérapie. Par exemple, les chiens d’assistance guident les patients à travers certaines activités physiques et les incitent à jouer afin de les aider à redévelopper leur motricité ou leur coordination. Mais leur action sur le moral des patients est énorme, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants. Pour cette raison, des chiens sont parfois accueillis au sein de certaines unités d’oncologie pédiatrique où ils égaient les journées des enfants touchés d’un cancer. Dans cette étude de 2018, 24 enfants âgés de 8 ans en moyenne ont passé 30 minutes à jouer avec un Golden retriever, et ce, à trois reprises. Les médecins ont mesuré différentes variables pour estimer le niveau de stress de l’enfant, avant le passage du chien, juste après son départ, et quelques heures après plus tard. Et tenez-vous bien, les résultats sont limpides : diminution de la douleur ressentie par l’enfant, réduction du stress et une tendance à l’amélioration des symptômes dépressifs. Et un moral meilleur c’est aussi plus de courage pour affronter la thérapie. Autre résultat surprenant, même le personnel soignant a bénéficié de la visite du chien, puisque les chercheurs observent moins d’anxiété et une tension plus basse chez les infirmiers et infirmières qui ont accompagné les visites des chiens. Les chiens peuvent aussi accompagner les thérapies suivies par des patients atteints d’une forme d’autisme, en venant jouer le rôle de thérapeute associé. L’animal est là pour promouvoir la qualité de la relation de collaboration entre le patient et le thérapeute. Il facilite l’établissement de la confiance et le sentiment de sécurité, qui permettent ensuite au patient de s'ouvrir plus rapidement et de bénéficier davantage de sa thérapie. C’est prouvé, les petits patients coopèrent mieux durant les conversations avec le thérapeute, après quelques minutes seulement passées en compagnie du chien. Aux Etats-Unis, l'Université de Yale a décidé de recruter des maitres-chiens qui avaient pour mission d’aller à la rencontre des étudiants pendant la semaine d’examens et a pu démontrer leur efficacité à réduire leur anxiété. Le simple fait de laisser les étudiants caresser les chiens semblaient avoir les effets désirés, ceux-ci témoignant que cela leur avait fait du bien et qu’ils se sentaient moins stressés. Depuis, cette démarche a été répliquée un peu partout aux états unis et en dehors. Les chiens ont été tellement efficaces qu’une autre Université américaine, localisée dans le Wisconsin, est devenue en 2014 la première université aux États-Unis à adopter un chien de thérapie à plein temps sur son campus. Comme mon Baloo, il s’agissait d’un golden retriever comme Zoey, qui était initialement formé pour interagir avec les gens dans les maisons de retraite, les hôpitaux, et dans les situations d'intervention en cas de catastrophe. L’université a même ensuite adopté un deuxième chien, nommé Sage. Voilà la liste des travaux est longue mais démontre très souvent que la présence d’un chien dans un environnement stressant aide à apaiser le patient et améliore la qualité des soins reçus. Tous ces travaux ont adopté une approche globale : je veux dire que les chercheurs ont démontré l’amélioration de l’humeur des personnes avait été amélioré par rapport à ce qu’il était avant d’avoir passé du temps avec le chien. Mais on ne savait finalement pas si toutes les activités réalisées avec le chien étaient aussi bénéfique que les autres. Vaut-il mieux que le patient caresse le chien, joue avec lui, le promène, lui fasse la toilette ou simplement des calins? On ne savait finalement pas ce qui était le plus efficace. Et bien ça, c’était l’objet de la dernière étude dont je veux te parler, celle menée récemment par des chercheurs coréens de l’Université de Konkuk. Eux, ils ont enregistré les réactions qu’a notre cerveau en fonction des diverses interactions qu’on a avec notre chien, comme quand on le caresse ou quand on l’emmène en balade. Pour mieux comprendre comment ces différentes activités affectent notre cerveau, les chercheurs ont recruté 30 participants adultes. Chacun des 30 volontaires s’est vu proposé de passer du temps avec un chien, un chien qui avait été dressé et qui était donc le même pour tous les participants. Ils étaient invités à réaliser différentes interactions avec ce chien : il y avait d’abord la rencontre, puis 7 activités étaient proposées: jouer avec un objet qu’il fallait tenir en main, donner des friandises au chien, prendre des photos avec lui, caresser le chien, lui prodiguer des soins basiques, l’emmener en promenade et enfin lui faire des câlins. Pendant que les participants réalisaient ces différentes activités, ils devaient porter des électrodes d'électroencéphalographie afin d’enregistrer l'activité électrique de leur cerveau. Après chaque activité, les chercheurs posaient quelques questions pour tenter d’évaluer leur état émotionnel, tel que le participant la décrivait : par exemple je me sens détendu, je suis excité, je suis optimiste … Les chercheurs pouvaient donc mettre en relation ce que décrivait le participant et ce que leur électroencéphalographe enregistrait. Les scientifiques ont montré que les participants qui jouaient avec le chien ou qui le promenaient, étaient dans un état d'éveil détendu. Leur cerveau se plaçait en mode relaxation. Un état que certains thérapeutes recherchent chez leur patient. Par contre les chercheurs notent que l’impact du chien sur le cerveau n’est pas le même pendant le toilettage, pendant des séances de caresses ou de jeu. L’appareil démontrait que ces patients-là étaient très concentrés. un état qui augmentait leur attention et améliorait leur performance à réaliser une tâche particulière. Ces participants ont aussi déclaré se sentir beaucoup moins fatigués, moins déprimés et moins stressés après chacune des huit activités liées aux chiens. Ces résultats étaient quasi-unanimes pour tous les participants. Cette étude est vraiment chouette, mais je vais me permettre tout de même une petite critique. Tous les participants sont des volontaires non rémunérés qui ont répondu à l’appel lancé par les scientifiques. Donc de base, s’ils se sont porté candidat à ce type de test, bein on peut imaginer qu’ils aiment les animaux. Aucun de ces participants ne craint les chiens, et ça et bien ça a probablement biaisé un peu les résultats. Car en effet, tout le monde n’est pas à l’aise avec les chiens. Tout le monde n’est pas à l’aise avec les chiens je disais, on peut facilement imaginer qu’i l existe des personnes chez qui ces bien faits ne seraient pas observés, des personnes qui auraient donc conduit à des résultats tout différents. Tous ces travaux sont précieux. Ils vont permettre par exemple de mieux éduquer les chiens d’assistance afin de renforcer les comportements qui aident au mieux les humains qui en ont besoin. Attention cependant, l’utilisation de chiens thérapeutiques doit se faire avec précautions pour respecter l'hygiène, les allergies, la sécurité des participants, mais aussi le bien-être des chiens. La formation tant du chien que de son maitre est essentielle et l’intervention du chien doit être consentie et encadrée légalement. Mais ce qui est certain c’est qu’avec ces résultats, les chercheurs espèrent que des soins thérapeutiques plus ciblés puissent être mis en œuvre pour favoriser la relaxation des patients, aider à leur stabilité émotionnelle, à accroitre leur concentration, leur créativité, ou leur volonté de travailler à leur rééducation. |
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AuteurFrançois Verheggen, Professeur de Zoologie, Université de Liège Archives
Novembre 2024
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