François VERHEGGEN
  • Home
  • Recherche & laboratoire
  • Livres
  • Youtube
  • Chroniques radio-TV
  • Conférences
  • Blog Science Bestiale
  • A propos de moi

22/1/2024

LES QUOKKAS: PIRES MAMANS DU RÈGNE ANIMAL?

0 Commentaires

Read Now
 
Tous les parents du monde ne font pas du bon boulot. Et le règne animal regorge de pères et de mères exécrables. Sur ce sujet j’ai l’embarras du choix, mais j’ai choisi de vous parler du quokka. ​
Le quokka, cette « sorte de rat, aussi gros qu’un chat domestique ». C’est pas moi qui le dit, ce sont les mots du Néerlandais, Willem de Vlamingh, qui a décrit le Quokka pour la première fois à la fin du 17ème siècle, après avoir foulé le sol d’une île nouvellement explorée, située à une vingtaine de kilomètres des côtes du Sud-Ouest australien.
Il a d’ailleurs nommé cette île Rottnest qui veut littéralement dire « nid à rats ». Et l'île porte toujours ce joli nom aujourd’hui. Le Quokka n’a pourtant rien d’un rat. En réalité, il ressemble beaucoup aux autres wallabies qui peuplent l’Australie : sa fourrure est courte, très grossière et épaisse, de couleur gris-brun sur la plus grande partie du corps. Il pèse de 3 à 4 kilos et mesure environ 50 centimètres. Le quokka est l’une des très nombreuses espèces animales endémiques de l’Australie. 
 
Contrairement aux koalas, les quokkas se nourrissent des feuilles, tiges et racines de nombreux végétaux. Leur besoin en eau est considérable : cette eau douce est trouvée directement dans leur alimentation. Comme les vaches, il arrive que les quokkas régurgitent leur nourriture afin de la mâcher une seconde fois. Cette stratégie leur permet d’ingurgiter une grande quantité de nourriture dans des zones dangereuses car exposées aux prédateurs, puis de mastiquer convenablement celle-ci une fois à l’abri. 
 
Une autre particularité comique liée à l’alimentation des quokkas : ils stockent de la graisse dans leur queue, et puisent dans ces réserves lorsque la nourriture vient à manquer. Quand ils mangent trop, ils ont donc la queue qui gonfle.

​Comme le kangourou, le quokka est un mammifère marsupial : leurs jeunes naissent très tôt -après un mois de gestation- mais dans un état de développement précoce que l’on nomme larve marsupiale. Ces larves rejoignent alors une poche ventrale -le marsupium- où sont protégées les mamelles de leur mère. 

 
Les quokkas qui vivent sur le continent doivent faire face aux attaques de renards. Et bien qu’ils n’aient pas de moyen de se défendre, les jeunes mères ont leur technique bien à elle … pour sauver leur peau. Les scientifiques ont observé, un peu par hasard, cette technique lors de travaux réalisés sur le terrain. Leur boulot consistait à attraper des quokkas afin de leur placer des colliers munis de puces GPS. A l’approche des chercheurs, les femelles prises au piège tentent de s’échapper. Les chercheurs ont constaté que dans ce mouvement de panique, un petit peut être expulsé de la poche marsupiale. Il tombe alors au sol, se met à gesticuler et à « siffler » bruyamment. Bon, voyant que leur vie n’est pas en danger, les mères récupèrent systématiquement leur jeune, et les replacent au chaud dans la poche. 
 
Excès de panique ? Simple accident ? 
 
Sachant que ces marsupiaux possèdent de nombreux muscles puissants au niveau de leur poche, il est peu probable que l’ouverture de celle-ci soit parfaitement involontaire. Non non non, mesdames quokkas, les chercheurs vous ont jugé COUPABLE ! La décontraction de la poche marsupiale est considérée par les scientifiques comme un moyen de défense volontaire contre les prédateurs. Lorsqu'une mère prend conscience d’une attaque d’un prédateur, elle décide d’expulser son petit. Ses cris attirent l'attention du prédateur qui se délecte du jeune et se détourne donc de la mère en fuite. 

Les quokkas ne sont pas les seuls. Des comportements comparables ont été observés chez d'autres marsupiaux comme les kangourous gris ou les wallabies. Alors jugez pas trop vite ces mères : ce comportement s’explique au regard des très faibles chances de survie des femelles qui ne pratiqueraient pas ce comportement. Autant sauver sa vie et espérer pouvoir donner de nombreuses autres naissances durant le reste de leur vie sauvée. 

En savoir plus: 
Hayward MW, De Tores PJ, Augee ML, Banks PB (2005). Mortality and survivorship of the quokka (setonix brachyurus) (macropodidae : Marsupialia) in the northern jarrah forest of western australia. Wildlife Research, 32(8), 715-722.

Share

0 Commentaires



Laisser une réponse.

Details

    Auteur

    François Verheggen, Professeur de Zoologie, Université de Liège

    Archives

    Mars 2025
    Février 2025
    Janvier 2025
    Décembre 2024
    Novembre 2024
    Octobre 2024
    Septembre 2024
    Août 2024
    Juillet 2024
    Juin 2024
    Mai 2024
    Avril 2024
    Mars 2024
    Février 2024
    Janvier 2024
    Décembre 2023
    Novembre 2023
    Octobre 2023

    Catégories

    Tous

    Flux RSS

Proudly powered by Weebly
  • Home
  • Recherche & laboratoire
  • Livres
  • Youtube
  • Chroniques radio-TV
  • Conférences
  • Blog Science Bestiale
  • A propos de moi